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TER Metz-Luxembourg : principalement pour les «gens flexibles»


Des frontaliers attendant le train en gare de Thionville (Photo : Pierre Heckler / RL)

L’Association des voyageurs du TER Metz-Luxembourg (AVTERML) tient son assemblée générale samedi. Bilan 2019? À force de dérèglements, le train écœure les travailleurs en horaires postés, et devient principalement adapté aux salariés aux horaires flexibles.

Grèves, problème d’adaptation des systèmes de sécurité des trains frontaliers… Quel est le moral des voyageurs?

Aurélie Fischer, membre du bureau de l’AVTERML : Les vacances ont fait du bien à tout le monde. Il y a de la fatigue, de l’énervement : on le ressent dans le wagon. Il fallait cette pause.

La situation est par nature tendue sur la ligne Nancy-Metz-Luxembourg : nœud de Bettembourg ingérable, sous-capacité des trains… On croyait avoir atteint un sommet. Et on se rend compte, finalement, qu’avec une grosse grève et des trains empêchés pour des questions de mise aux normes… ça passe toujours.

Ce qui nous sauve, paradoxalement, c’est la grève qui touche aussi le fret. De nombreux problèmes à Bettembourg sont dus à la gestion cumulée du fret et des trains de voyageurs. L’autre dimension, que l’on ne peut pas mesurer, est le nombre de voyageurs qui ont laissé tomber le train pour la voiture ou les bus de substitution. On nous donne les mêmes chiffres officiels de la fréquentation de la ligne depuis plusieurs années : environ 12 500. Donc nous n’avons rien pour mesurer cet effet de report.

Des voyageurs disent que certains trajets sont plus ponctuels depuis début janvier. Sur le 6 h 30 depuis Metz, par exemple. Est-ce dû au fait de mettre moins de trains, donc d’assumer un cadencement plus stable?

Personnellement, je monte dans le 7 h 03 de Metz, en le prenant à Hagondange… et je trouve que la situation n’a pas changé. Les trajets sont très compliqués, avec des compositions simples (NDLR : moins de wagons) qui arrivent bondées à Hagondange. En ce moment, je prends ma voiture pour remonter vers Thionville et prendre des trains qui roulent mieux. C’est du cas par cas.

Rendre la situation la moins pénible possible

L’association a fait un travail important avec la SNCF cette année : une certaine lisibilité dans la grève, un fil Twitter dédié à la ligne pour les retards et les annulations. Vous êtes résolument constructifs!

Mais il le faut! Il n’y aura pas d’amélioration magique sur cette ligne. Notre combat est de rendre la situation la moins pénible possible. Sur la grève, il n’y a pas eu de « lisibilité » mais des tendances définies. Ça aide déjà.

Les usagers sont très véhéments envers la SNCF. Vous qui êtes dans l’envers du décor, comment percevez-vous le travail fait par la SNCF?

Beaucoup de gens font des reproches, et on les comprend quand on vit la situation. De l’autre côté, on est en lien avec des employés de la SNCF qui se décarcassent, qui nous ouvrent les portes, qui travaillent avec nous en tant qu’association d’usagers : nous n’acceptons pas la situation, nous sommes là pour faire entendre la voix des usagers. Mais ces rencontres aident à comprendre les leviers d’action disponibles et le travail accompli en face.

Les reproches envers les CFL sont rares en revanche. Alors que le transport est partagé sur cette ligne et que beaucoup de retards ont lieu en territoire luxembourgeois. Vous travaillez avec les CFL?

C’est moins abordable. Nous avons eu une réunion fin 2019. Ce n’est pas dans leur culture de travailler avec une association de voyageurs pour le moment. C’est un de nos challenges pour 2020!

Globalement, on a l’impression que les réformes lancées par les décideurs ne correspondent pas aux attentes des usagers. Il y a trois ans, les grilles horaires étaient bouleversées pour un cadencement accéléré. Est-on sûr que les usagers voulaient un train tous les 15 minutes, ou simplement un train qui est ponctuel? En mars, les abonnements vont baisser avec la gratuité au Luxembourg… mais les usagers souhaitent-ils payer moins ou voyager mieux?

En l’état des choses, il n’y a pas d’amélioration magique et chacun raisonne avec individualisme. Je pense que le train sur cette ligne n’est principalement adapté qu’aux gens flexibles dans leur travail. Par exemple moi, je bénéficie d’une certaine flexibilité dans mes horaires. Mais si j’étais postée, je ne prendrais plus le train, clairement. C’est ça qui ne va pas.

Un dernier mot : en Allemagne, les frontaliers du versant français sont organisés dans un syndicat puissant. La mobilité est une partie du problème, mais d’autres questions existent, comme l’indemnisation chômage ou un meilleur équilibre des territoires. Est-ce qu’un tel syndicat existe au Luxembourg?

Nous avons rencontré un syndicat luxembourgeois. Mais notre association essaie déjà de se concentrer sur la mobilité. Nous avons la tête dans le guidon et c’est déjà difficile de mobiliser les usagers là-dessus.

Hubert Gamelon

Ils voudraient bien réussir, comme Henry…

Henry Delescaut, figure des frontaliers français et de l’association, a choisi de se mettre un peu en retrait l’an dernier. Et de passer le flambeau à une sympathique équipe, dont fait partie Aurélie Fischer, qui a l’humour de nous dire «comme la bière» quand on lui demande d’épeler son nom. Pour rencontrer ces nouveaux visages et s’impliquer dans le combat d’une meilleure mobilité, l’association invite à son assemblée générale demain à 9 h, à la salle Le 112 de Terville.

Plus d’informations sur le site de l’association.

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