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Sidérurgie : ArcelorMittal annule le rachat de l’Italien Ilva


Le site, qui figure parmi les plus pollués en Europe, se trouve au cœur d'un énorme procès après plusieurs milliers de décès. (photo AFP)

Le géant mondial de l’acier ArcelorMittal a annoncé lundi qu’il annulait le rachat de l’italien Ilva, après le retrait d’une protection pénale en matière d’environnement pour les gérants du site de Tarente, en voie de dépollution.

« Le Parlement italien a retiré la protection légale nécessaire à la compagnie pour mettre en place son plan environnemental sans risquer de poursuite judiciaire, ce qui justifie cet avis de retrait », a indiqué dans un communiqué le groupe.

En reprenant le site de Tarente fin 2018, ArcelorMittal, qui a gardé 8 200 employés dans cette région socialement sinistrée, s’était engagé à injecter 2,4 milliards d’euros sur cinq ans pour améliorer sa productivité et accélérer la dépollution. L’accord stipulait alors que si une nouvelle législation venait affecter le plan de remise aux normes environnementales prévu pour le site et « nuire matériellement (…) à sa capacité à mettre en place son plan industriel », ArcelorMittal aurait un droit contractuel de retrait, affirme-t-il dans son communiqué.

Rachat mouvementé

En juin, ArcelorMittal avait clairement menacé de fermer le site de Tarente lorsque le Parlement italien, sous l’impulsion du Mouvement Cinq étoiles (M5S), avait révoqué une période d' »immunité pénale » accordée initialement au groupe pour lui permettre de mettre l’usine aux normes environnementales. Mais le Parlement était ensuite revenu sur cette mesure. Le Sénat italien a toutefois approuvé fin octobre un amendement déposé par le Mouvement 5 étoiles supprimant cette protection pour les dirigeants du site de Tarente.

Le site, qui figure parmi les plus pollués en Europe, se trouve au cœur d’un énorme procès, les experts cités par le parquet italien estimant que sur 11 500 décès recensés à proximité entre 2004 et 2010, 7 500 ont été causés par des maladies cardio-respiratoires et des cancers imputables aux émissions toxiques des hauts fourneaux.

Ilva est un mastodonte industriel qui compte Fiat parmi ses clients en acier plat. Doté de cinq hauts-fourneaux, dont deux sont à l’arrêt, le site est le plus important pour sa capacité de production en Europe.

LQ/AFP

Dudelange restera entre les mains de Liberty House

Au siège d’ArcelorMittal, les informations étaient minces peu après l’annonce du géant de l’acier de se retirer d’Ilva. «La levée de l’immunité veut également dire que nous devions alors arrêter très vite la plupart des infrastructures du site et investir très vite. Donc ArcelorMittal a pris la décision de se retirer», a-t-on souligné du côté de la communication à Luxembourg. Cette dernière a également précisé que depuis novembre 2018 ArcelorMittal a réglé 45 millions d’euros par trimestre de loyer.

En effet, l’acquisition d’Ilva consistait en fait non pas à un achat ferme mais à une forme de leasing. D’un autre côté, ArcelorMittal avait dû vendre plusieurs de ses actifs, dont son site de production de Dudelange, afin d’obtenir le feu vert de la Commission européenne de le cadre de son rapprochement avec Ilva.

«Concernant la ventes de certains sites pour l’acquisition d’Ilva : ArcelorMittal a dû, à la demande de la Commission européenne, céder des sites dont la somme de la production annuelle équivalait à celle d’Ilva, à savoir : ArcelorMittal Ostrava (Czech Republic), ArcelorMittal Galati (Romania), ArcelorMittal Skopje (Macedonia), ArcelorMittal Dudelange (Luxembourg), ArcelorMittal Piombino (Italy), et les lignes de finition de Liège. Cette transaction avec Liberty House est ferme, il n’y aura donc pas de retour en arrière», a insisté ArcelorMittal.

Jeremy Zabatta

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