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Andy Schleck impressionné par Bob Jungels


Le Mondorfois, aujourd'hui reconverti en marchand de cycles, est un jeune retraité qui reste un fin observateur de la montée en puissance de son jeune compatriote. (Photo : Archives Editpress)

Andy Schleck observe avec attention Bob Jungels, en passe de remporter le maillot blanc de meilleur jeune. Et règle aussi ses comptes avec l’indélicat Di Luca qui l’avait privé du succès en 2007….

Voici neuf ans, Andy Schleck, que nos confrères italiens avaient surnommé affectueusement «Baby Schleck», terminait deuxième du Giro à Milan, maillot blanc de meilleur jeune sur le dos. Le Mondorfois, aujourd’hui reconverti en marchand de cycles, est un jeune retraité qui reste un fin observateur de la montée en puissance de son jeune compatriote en qui, malgré des caractéristiques différentes, il se revoit forcément.

Le Giro tire à sa fin et Bob Jungels, votre compatriote, paraît en mesure, sauf accident, de ramener le maillot blanc à Turin, presque dix ans après vous. Quel effet cela vous procure-t-il ?

Andy Schleck : Honnêtement, je suis très, très surpris. La première semaine, il a brillé et je m’y attendais. Mais comme il roule en cette fin de Giro, oui, je suis surpris. Chapeau! À un moment, j’ai même cru qu’il pouvait remporter ce Giro (il l’avait alors déclaré sur le site Cyclingnews.com). Il court sans pression et me fait penser à moi-même, lors de mon Giro 2007. À la limite, il aurait pu abandonner après une semaine et on aurait applaudi, car il avait déjà fait de bonnes choses dans la première semaine. On sent qu’il roule sans pression. Il se lève le matin et fait son étape. Il veut juste garder son tricot blanc et rester le plus haut possible au général. Le top 5 me semble difficile à décrocher. Ces derniers jours, il a été épatant. À plusieurs reprises, on a cru qu’il pourrait accompagner les meilleurs. Il est jeune et les étapes courtes lui conviennent assez bien.

On l’a vu souvent attaquer, rouler de manière ouvertement offensive. Cela vous plaît ?

Il en fait presque trop. Le signe qu’il se sent fort et le signe de sa jeunesse. Il est motivé.

On se souvient qu’en 2007, vous aviez même dû être freiné. Vous aviez souvent l’envie d’attaquer et vos directeurs sportifs avaient dû vous en dissuader…

Oui. Avec l’expérience de ma fin de carrière, c’est sûr que j’aurais fait les choses différemment. Et j’aurais gagné. Mais bon, il y a aussi autre chose…

Comme les propos récents de Danilo Di Luca, le vainqueur en 2007, qui récemment dans un livre a confessé s’être toujours dopé dans ses grands succès ?

Oui, forcément, ça me fait c… A y réfléchir, ça me fait méchamment mal! Ce Giro 2007, plus personne n’en parlait. Mais moi, je n’ai rien oublié de ce Giro 2007 où j’avais beaucoup souffert sur la route. Quand je vois qu’il a gagné ce Giro en se dopant… Tout le monde, sur le bord de la route, l’encourageait : Di Luca, Di Luca…À la fin, il a triché. Pour moi, honnêtement, c’est moi le vainqueur! Voilà…

Revenons à Bob Jungels qui n’est pas un grimpeur, mais parvient, en ayant beaucoup maigri, sur ce Giro, à faire mieux que limiter la casse. Votre avis ?

On voit qu’il a beaucoup maigri et à l’avenir, il ne pourra plus perdre de poids. D’ailleurs, cela se voit sur les chronos, où il reste performant, mais est peut-être moins fort que lorsqu’il pesait cinq kilos de plus. Pour moi, sur ce Giro, il est à son poids idéal.

Avec Bob Jungels, n’est-ce pas l’émergence d’un nouveau type de coureurs par étapes, des compétiteurs complets ?

Je pense qu’on a déjà vu ce genre de coureurs. Regardez Miguel Indurain qui a remporté cinq fois le Tour dans les années 90. Il avait dix, quinze kilos de plus que les grimpeurs. Il ne faisait pas la différence dans les cols, mais dans les chronos. Bob est, selon moi, ce style de coureurs.

Va-t-il remporter un grand Tour ?

Oui, je le pense. C’est possible. Pour lui, le plus difficile, ce sera après ce Giro. Car maintenant, il va changer de statut. Il aura le statut de champion. On verra comment il va digérer tout ça, ce qui est, à mon sens, le plus difficile.

Vous avez vécu tout ça à votre époque. Il a le maillot blanc que vous aviez, il n’est pas deuxième mais sixième. Comment voyez-vous son avenir à court terme ?

Il dispose d’une très bonne équipe. Je pense que le Tour de France se situe à un niveau différent, supérieur. La saison prochaine, je pense qu’il serait préférable, soit qu’il s’aligne à nouveau sur le Giro, soit qu’il dispute le Tour, mais pour poursuivre son apprentissage. La pire chose pour lui serait qu’à partir de maintenant, il soit désigné leader dans toutes les prochaines courses.

Kim Kirchen nous faisait remarquer récemment que selon lui, il ferait une erreur de sacrifier les classiques pour les grands Tours. C’est aussi votre avis ?

Oui, il a raison. Je le vois remporter un Tour des Flandres, un Liège-Bastogne-Liège. C’est plus facile pour lui de remporter une classique de cette envergure qu’un grand Tour. C’est à lui de faire ses choix. Et il peut changer encore d’avis, il a le temps pour lui.

Entretien réalisé par Denis Bastien

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