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[BGL Ligue] Pascal Molinari : «Avec Noël Tosi, on veut encore accrocher l’Europe»


«Si je fais venir Noël Tosi, ce n'est pas parce que j'ai consulté un site internet et vu qu'il avait fait telle ou telle chose», se défend Pascal Molinari. (Photo : Luis Mangorrinha)

Aujourd’hui, la Jeunesse Esch officialise l’arrivée de Noël Tosi, dont la candidature au poste d’entraîneur a été portée l’été dernier et cet hiver par un directeur sportif en train de vraiment prendre les commandes du sportif dans un club pas habitué à réfléchir comme on le fait dans le monde pro : Pascal Molinari…

Ce soir, Jean Cazzaro sacrifiera à la désormais traditionnelle soirée des vœux présidentiels de la Jeunesse Esch. Une fois n’est pas coutume, il y présentera un nouvel entraîneur, sous le regard de son directeur sportif, Pascal Molinari, qui a fini par obtenir gain de cause dans le choix du coach, six mois après avoir perdu une première bataille à l’occasion de la nomination de Nicolas Huysman. Il en reste des traces…

Pourquoi Noël Tosi peut-il être l’homme de la situation ?

Pascal Molinari : Il faut se remettre dans le contexte du mois de mai-juin. Je savais très bien où j’allais quand j’ai proposé Noël en numéro 1. Et ce n’est pas anodin de dire que je le représente encore. On ne pouvait pas laisser passer le train une deuxième fois. Je le connais si bien ce personnage… Il dispose d’une grande expérience, il n’y a qu’à voir la liste de tous ses clubs. En mai, on n’a peut-être pas tout de suite pris le pouls du club, la température de l’équipe. Moi je l’ai fait. L’équipe, les joueurs, je les connaissais en arrivant, je les avais vus jouer. Ce sont des garçons bosseurs, intelligents mais avec lesquels il faut remettre de l’humain et c’est tout à fait ce dont Noël Tosi est capable.

Expliquez-nous.

Quand je vois ces gars s’investir autant à l’entraînement alors qu’ils bossent en journée et que le soir, on n’allégeait pas leurs séances même quand ils étaient fatigués… Il faut leur parler, pas les mener à la baguette. Noël a la capacité de gérer ce groupe-là, il sait expliquer les choses, il va remettre de l’humain là-dedans. Quand on analyse bien les choses – et je le dis carrément, cela n’a pas été fait au printemps –, on s’est trompés. On a écouté plein de gens qui n’auraient pas dû donner leur avis. Et quand on s’en rend compte, il est trop tard. Et nous voilà, six mois plus tard, à devoir rouvrir le dossier. Il aurait fallu utiliser ma méthode directement.

C’est-à-dire ?

Travailler sur la durée. Si je fais venir Noël Tosi, ce n’est pas parce que j’ai consulté un site internet et vu qu’il avait fait telle ou telle chose. On ne peut pas faire un recrutement au petit bonheur la chance. C’est parce que j’ai pris des renseignements auprès des gens qui le connaissent qu’on en est arrivés là, à son engagement. Et tout le monde, aujourd’hui, me dit que nous avons pris la bonne décision. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas se planter, mais autant ne pas faire n’importe quoi.

Il y a visiblement un peu de rancœur sur le mode de fonctionnement qui a présidé à l’arrivée de Nicolas Huysman.

Il y a eu des influences indirectes au moment de choisir et c’est LE gros problème de la Jeunesse. Que chacun dans ce club se mette à travailler sans écouter ce qui se dit autour car, justement, trop de monde estime devoir donner son avis. C’est ça, l’erreur d’avril. Stop à la langue de bois : il faut faire confiance à ceux que l’on met en place, aux pros. Il serait temps que le club se réveille et qu’on arrête d’écouter tous ceux qui ont une opinion. Qu’on fasse les choses dans le bon sens, comme au Progrès ou à Pétange. Question de moyens. Quand on en manque, il faut être intelligent, travailler et ne pas se fier au tout-venant.

Quitte à porter le chapeau, je préfère
que ce soit ma recette

Vous semblez avoir clairement repris la main avec cette arrivée.

Mais j’ai passé 20 ans dans le monde pro. J’en ai vu défiler des joueurs, j’en connais des agents, des dirigeants et ça dans les plus grands clubs. Un jour, je suis arrivé ici et je me suis pris au jeu. On peut faire des choses incroyables à la Jeunesse alors moi, je sollicite des gens partout dans le monde pour faire connaître le projet, pour qu’on nous envoie des joueurs. Alors puisque j’ai des réseaux, utilisons-les et mettons le nôtre en place ! J’entendais dire ces derniers mois, dans la bouche de supporters, que j’étais responsable des soucis, alors que je n’ai même pas choisi les joueurs. C’est moi qui vais désormais sélectionner les ingrédients. Quitte à porter le chapeau, je préfère que ce soit ma recette. Je n’ai pas envie que les gens viennent au stade en me disant qu’ils ont envie de manger des escargots si, moi, ce que je sers dans mon restaurant, c’est du foie gras.

Noël Tosi ne débarque dans un premier temps que pour cinq mois. Ce n’est pas gênant? Le principe de stabilité ne devrait-il pas prévaloir ?

Cela ne m’inquiète pas et Noël non plus. C’est une formule qui est employée par tous les clubs. On ne se connaît pas, après tout. La Jeunesse ne veut pas se retrouver dans une opération de deux ans parce que c’est un engagement financier et que le président, c’est logique, veut faire attention. Et puis Noël… Noël sait qu’il va réussir. Et il va réussir. Donc le but, c’est que ça dure et c’est ce qui est convenu. Il ne faut pas perdre de vue que c’est un dossier sensible, que le classement n’est pas bon… Mais si ça fonctionne, je vois mal le président lui dire « ciao »…

Comment Jean Cazzaro a-t-il d’ailleurs mené toute cette histoire ?

C’est un président très intelligent. Il a une personnalité qui lui a permis de réagir et aussi de retenir la leçon. J’espère seulement qu’on ne sera pas pénalisés par notre première partie de saison. On va tout faire pour s’en sortir.

Avec son bagout, il va remettre
les choses à l’endroit

Justement, quelle sera la feuille de route de Noël Tosi ?

Même si ça peut paraître totalement fou, avec Tosi, on veut encore accrocher l’Europe. C’est réalisable. Il faut toujours se méfier des deuxièmes parties de saison. On trouve toujours des ressources dans la médiocrité des résultats et le manque de réussite. Il y aura une réaction, on va retrouver des guerriers. Je vous l’ai déjà dit : méfiez-vous des lions blessés, ça fait du dégât.

À quoi doit-on s’attendre, concrètement ?

Noël est très performant tactiquement parlant. Il a une belle capacité d’analyse de ses équipes. En première partie de saison, on avait l’impression qu’on se contentait de chercher à savoir comment les autres équipes jouaient. Si on n’est pas capables de savoir qui doit faire quoi sur un terrain, il y a un problème.

C’était le cas de la Jeunesse sur la première partie de saison ?

On ne connaissait pas nos propres faiblesses ou qualités, on n’a pas arrêté de changer de tactique et les joueurs de poste. Les supporters sont souvent de vrais connaisseurs et ils l’ont bien remarqué : on n’a jamais joué dans le même registre d’un match sur l’autre. 3-5-2, 4-3-3, 4-5-1…
On a passé notre temps à chercher la bonne formule et cela nous a nui. Sans faire injure au coach, que je respecte. Vous en connaissez beaucoup, vous, des équipes qui peuvent se permettre de changer tout le temps ? Tiens, le PSG, lui, pourrait se le permettre, mais ce n’est pas pour ça qu’il le fait… Bref, Noël va remettre l’esprit des joueurs dans le bon sens à sa manière, atypique. Avec son bagout, il va remettre les choses à l’endroit, expliquer les choses aux joueurs. J’ai compris depuis longtemps que le mental, c’est 90 % du football.

Entretien avec Julien Mollereau

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