Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le F91, qui boucle jeudi face au Betis Séville une première partie de saison exténuante, peut s’enorgueillir d’être resté dans le coup, malgré la difficulté de gérer trois compétitions de front.
Si le F91 était passé à la trappe, dimanche soir, contre le Fola Esch, au stade des 8e de finale de la Coupe de Luxembourg, il aurait été très facile de mesurer concrètement le mal que lui aurait fait la phase de poules de l’Europa League. Cette élimination serait venue s’ajouter au fait que le champion n’est que troisième de DN malgré un effectif pléthorique et le bilan aurait été finalement assez douloureux.
C’était le 29e match et ça s’est vu
Mais le F91 a gagné et a repeint tout son bilan en rose bonbon. Après avoir raflé le titre honorifique d’équipe de l’année, jeudi soir, à Mondorf, lors du gala de la presse sportive, il partira en vacances en ayant très sérieusement limité la casse. Elle aurait pu être bien plus conséquente mais voilà, il n’y a rien d’infamant, après avoir disputé 29 rencontres officielles en cinq mois seulement, à pointer à trois petites longueurs de la tête du championnat et d’être qualifié en quarts de finale de la Coupe, avec des adversaires directs comme le Fola, Differdange ou la Jeunesse qui passent tous à l’as le même jour… Pour en arriver à ce résultat, il a quand même fallu développer des trésors de générosité.
On veut bien que le F91 soit fatigué, limité exténué, mais même ceux qui ont érigé le Fola en favori de ce duel de fin d’année n’ont sans doute pas vu venir une telle première période, avec des Dudelangeois capables de se ménager seulement deux petites occasions de but. L’une sur une perte de balle de Kirch sur une passe plein axe interceptée (mais Klein ferme bien la porte à Stolz, d’un tacle plein d’autorité) et sur un contre éclair avec Stelvio en relais pour Turpel, un centre contré de nouveau par Klein, mais qui tape la poitrine de Hym avant de revenir dans la course de Stolz (1-0, 12e). Autant dire un quasi-néant à l’échelle du triple champion de Luxembourg.
C’est d’autant plus marquant que de l’autre côté du terrain, Esposito multiplie les parades décisives. Devant Sinani principalement. D’un joli jaillissement au pied devant l’aîné de la fratrie (2e), d’un réflexe formidable quand le Folaman pique le ballon à Schnell en position de dernier défenseur (23e), avec l’aide de Prempeh revenu devant sa ligne au terme d’une action léchée dans la surface (44e). Il a fallu aussi que le jeune gardien soit solide au pied, à son poteau, sur un tir en pivot de Hadji (8e).
Turpel marque son but pas le plus compliqué
Tout est déjà là, dans son jus : le F91 manque un peu de peps et il va opter encore plus pour le jeu de contre en seconde période. Les gars de Dino Toppmöller ont cependant cet énorme avantage d’une expérience chèrement acquise à l’échelle continentale. Vu l’énergie que cela leur a coûté, autant que cela serve aussi un peu. La gestion de l’après mi-temps est un modèle du genre. Le Fola a le ballon, ne sait trop qu’en faire, mais apprend vite à quoi il s’expose, quand deux contres manquent de plier le match. Hym est heureusement pour lui prompt à sortir devant Stolz (49e) et Sinani, l’autre, le «petit», imite son frangin dans l’à peu près, expédiant son tir à côté malgré le but vide (53e). La troisième sera la bonne et Stolz est bien seul, dans la surface, pour trouver d’un centre aussi précis que puissant, Turpel sur la ligne de but qui a seulement à mettre son pied en opposition (2-0, 79e).
Ce n’est sans doute pas le but le plus compliqué qu’aura marqué l’international dans cette première moitié de saison ni même le plus important d’ailleurs. Mais il donne une nouvelle dimension à ces cinq mois que viennent de produire les hommes de Toppmöller. On leur prédisait des difficultés au pays après la qualification en Europa League et ils les ont rencontrées. Mais ils en sortent renforcés, largués par personne et surtout pas dans leurs objectifs évidents de doublé.
Même le but à l’arraché de Dikaba, en toute fin de rencontre, grâce à la barre ne suffira pas à effacer le moindre sourire. Les Dudelangeois ont puisé loin dans les réserves pour s’offrir un bilan 2018 pas bon, mais très bon !
Julien Mollereau
