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[Cyclisme] Entretien : Jempy Drucker à l’heure d’hiver


«J'ai été constant d'un bout à l'autre de la saison.» Jempy Drucker, 29 ans, court pour l'équipe BMC (2015/2016), après être passé par Fidea (2004-2008), Differdange (2009/2010), Verandas Willems-Accent (2011), Accent Jobs-Willems Veranda's (2012), Accent Jobs-Wanty (2013) et Wanty-Groupe Gobert (2014). Il compte un succès (RideLondon 2015). (photo Julien Garroy)

Jempy Drucker a pris le temps de se replonger dans sa saison 2015, mais le voici déjà en pleine préparation de la suivante. Entretien.

Comme tous ses compatriotes professionnels, Jempy Drucker partira en stage prochainement dans le sud de l’Espagne, à Dénia plus précisément. Une dizaine de jours après son mariage avec Lynn, Jempy Drucker poursuit une préparation hivernale traditionnelle. Le moment idéal pour faire un point.

Le Quotidien : Jempy, comment se sont passées vos vacances?

Jempy Drucker  : Elles sont terminées puisque j’ai déjà bien remis en route. Comme chaque année, on vient de passer quelques jours de vacances en famille à Cologne, mais j’ai passé un hiver studieux. La grosse coupure, je l’avais effectuée après les Mondiaux. Trois semaines de repos, ce n’était pas de trop. Grosso modo, j’ai suivi le plan des années précédentes. J’ai même repris un peu plus tôt.

Et concrètement, vous faites quoi?

Lorsque le temps le permet, je roule jusqu’à quatre heures par jour. Je combine encore des séances de musculation et de course à pied. Et je fais du gainage pour les abdominaux. J’évite de trop travailler le haut du corps, car j’ai déjà les épaules assez larges ( il rit ) . J’oriente mon activité en fonction de la météo. J’aime bien cette période, mais j’évite d’en faire trop. Je donne aussi du temps à la famille et aux copains, car nous sommes quand même encore loin du début de saison. Nous n’en sommes qu’en début décembre…

Avec déjà une idée de votre programme de courses pour 2016?

Non, pas dans les détails, même si les classiques flandriennes continueront forcément de constituer le point central de ma saison. L’an passé, j’avais débuté au Qatar avant d’enchaîner avec le Tour du Haut-Var, puis les premières classiques belges, le Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Je pense que ça ressemblera encore à ça.

On se souvient que l’an passé, votre programme de courses préparatoire avait été surtout constitué par des courses par étapes en Belgique. Vous n’aviez pris part ni à Paris-Nice ni à Tirreno-Adriatico. Cela changera-t-il?

Je ne le sais pas, il faut que j’en discute avec mon équipe, car cela pourrait être intéressant. Il faut étudier ça en toute tranquillité.

Votre saison 2015 a été la plus aboutie depuis vos débuts professionnels. Qu’avez-vous particulièrement aimé?

Le fait que je sois présent du début à la fin de saison. J’ai montré de la constance et qu’on pouvait compter sur moi. Je pense aussi avoir démontré des progrès dans plusieurs domaines, que ce soit dans les sprints ou les classiques. J’ai pu travailler jusqu’à tard dans le final. Ça fait beaucoup de points positifs.

Vous oubliez votre premier succès, lors de la RideLondon-Surrey Classic…

Oui, c’est vrai. J’étais heureux de remporter mon premier succès…

Les aspects négatifs, maintenant?

J’étais très motivé par les Mondiaux de Richmond et j’ai chuté après 160  kilomètres, avec un vélo hors d’usage. Je ne pouvais plus continuer. Je me sentais tellement bien au sortir de la Vuelta… D’ailleurs, parmi les choses positives, j’ai oublié d’évoquer la Vuelta!

Votre premier grand Tour…

Oui, j’ai bien encaissé la fatigue et j’ai même pu faire quelques places, dont une troisième à Madrid, dans la dernière étape. Je me suis bien débrouillé…

Parlez-nous de votre équipe BMC qui ne changera pas beaucoup dans les classiques de pavés en 2016…

On a recruté Richie Porte pour les courses par étapes et c’est vrai que le groupe des classiques flandriennes reste très stable. On a Greg Van Avermaet comme leader et autour, des gars comme Daniel Oss, Manuel Quinziato, Michael Schär, Marcus Burghardt. Taylor Phinney va revenir dans ce groupe. Et je ne sais pas si Philippe Gilbert reviendra ou non sur les pavés. Mais ça fait une très belle équipe. Avec de gros moteurs.

Avez-vous conscience d’avoir passé un cap?

Oui, j’en ai pris conscience lorsque je me suis rendu compte que je pouvais accompagner Greg (Van Avermaet) assez loin. Je me suis retrouvé souvent l’un des derniers à ses côtés.

Au-delà du fait d’avoir prolongé votre contrat, vous avez senti qu’on tenait à vous?

Oui, beaucoup. BMC est une équipe qui respecte le travail effectué. On sait à l’avance qu’on doit se sacrifier et faire le boulot. Mais une fois ces choses exécutées, nos dirigeants sont contents, même lorsque Greg (Van Avermaet) n’arrive pas à gagner. Car lui aussi fait le maximum.

Quelle est la course que vous avez préférée disputer la saison dernière?

Le Tour des Flandres. Quand tu roules cette classique dans une équipe où un Flamand reste sur le final en position de l’emporter, ça procure des sensations fortes. Mais je pourrais ajouter la Vuelta. Je ne savais pas comment mon corps allait réagir sur trois semaines. On a remporté le chrono par équipes. Et puis j’ai pris plaisir pendant trois semaines.

Les autres faits marquants?

Je reste sur la Vuelta. C’est le train d’enfer que parvenaient à emmener Astana et Sky. Souvent, les deux premières heures se roulaient à des allures folles. Tu roules à bloc, en file indienne, et sur le compteur tu lis 60  km/h, 70  km/h. C’est très impressionnant. Tu n’as qu’une chose en tête, rester dans le sillage du coureur qui te précède. Je connaissais la tension des classiques. Là, c’est différent. Je peux ajouter quelque chose?

Allez-y!

C’est Gand-Wevelgem disputé dans des conditions dantesques où nous n’avons été qu’une trentaine à pouvoir finir. Les vélos volaient partout, dans tous les sens, mais j’étais heureux, même si je n’étais pas dans un grand jour. Cette course était rendue folle par la météo, les bordures et les chutes.

Revenons à la Vuelta, ce serait donc à refaire?

Oui, sans doute. Le Tour, je ne me vois pas le disputer, car ça correspond mal à notre saison des classiques, mais ça ne me dérangerait pas de m’aligner dans le Giro. Mais pour 2016, avec les Mondiaux qui vont se disputer au Qatar, ce serait l’idéal de refaire la Vuelta.

Vous nous aviez expliqué l’an passé que vos progrès au sprint étaient dus à l’entraînement spécifique que vous veniez justement d’effectuer. Vous le poursuivez?

Oui, et je continue justement d’entretenir l’explosivité lorsque je m’entraîne sur route. J’avais déjà travaillé dans les côtes dans le passé et ça m’avait permis de passer assez bien les bosses. L’an passé, je me suis mis à travailler les sprints. Je pense que mon entraînement n’est pas mauvais, car je suis constant dans la saison.

Qui vous entraîne?

Je garde un très bon contact avec Alain Rischard qui m’a toujours suivi et, bien sûr, je bénéficie de la cellule d’entraînement de BMC avec cinq entraîneurs, dont l’ancien professionnel italien Marco Pinotti.

En 2016, qui sera votre directeur sportif référent?

En 2015, il s’agissait d’Yvon Ledanois. La saison prochaine, ce sera Fabio Baldato.

Terminons par un aspect technique. L’expérimentation des freins à disque va se poursuivre en 2016 avec une généralisation en 2017. Vous y êtes favorable?

Il faut essayer et voir. Pour les flandriennes, avec des sections de boyaux élargis à 25, 27 et même 29  millimètres, je pense que ce sera un plus. Cela pourrait permettre une plus grande précision de pilotage dans les virages. Après, je ne sais pas ce que ça peut donner si on doit s’arrêter brutalement sur route mouillée. La meilleure chose, c’est d’essayer.

Denis Bastien

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