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Jempy Drucker : «J’ai trop envie de faire ce métier encore»


Va-t-on revoir Jempy Drucker sur un vélo de cross le temps de quelques épreuves? Il se pose la question (Photo : Jeff Lahr).

Vendredi, Jempy Drucker va reprendre le chemin de l’entraînement. Pour l’heure, il goûte encore à un repos contraint, mais en famille puisque depuis son opération qui a suivi sa chute survenue dans la 19e étape du Tour d’Espagne, le 14 septembre dernier, il n’est pas remonté sur un vélo.

Avez-vous regardé le championnat du monde, dimanche ?
Jempy Drucker : Oui, j’ai regardé le final qui avait l’air dur.

Auriez-vous aimé être sur le vélo ?
Oui, j’aurais bien aimé, mais en fin de compte, ce n’était pas si mal sur le canapé. Je dis ça vu les circonstances et en tenant compte du fait que les championnats du monde ne m’ont jamais réussi non plus. Si c’est pour faire 220 kilomètres sous la flotte, et ne rien avoir dans les mains, ce n’est pas agréable. Le parcours en lui-même aurait pu me convenir.

Vous pensiez que Mads Pedersen pouvait l’emporter avant d’avoir vu le final ?
Oui, c’est un coureur solide qui aime bien ces conditions-là. L’an passé, il m’avait battu au sprint à l’arrivée sur le Tour de l’Eurométropole. Donc je savais qu’il pouvait aller vite. Alors après 260 kilomètres, tout est possible. Les conditions météorologiques lui convenaient bien.

J’avais le coude et le dos entaillé

Comment vous remettez-vous de votre blessure au coude ?
J’ai dû me faire opérer de la bourse du coude droit, ils l’ont sortie, j’ai eu onze points de suture et j’ai eu le bras immobilisé dans un plâtre pendant dix jours. Ce n’était pas drôle. J’avais le coude et le dos entaillé. Mais le plus dur, c’était mentalement. Après ma grave chute survenue en avril (NDLR : à Waregem, lors de l’épreuve À Travers la Flandre, Jempy Drucker avait chuté lourdement et souffrait d’une fracture de la 6e vertèbre cervicale ainsi que d’une commotion) j’avais galéré pour revenir et je comptais faire une Vuelta pleine et un bon championnat du monde. Tout s’écroulait à nouveau. Je suis tombé à un jour de l’arrivée de la Vuelta. J’étais à l’hôpital et j’avais presque les larmes aux yeux. Je me retrouvais de nouveau à l’hôpital.

Et vous aviez réussi votre Vuelta jusque-là…
Oui, je me sentais bien, je n’étais pas trop cramé jusque-là. Certes la course était dure, très montagneuse mais je me sentais bien, j’étais motivé par l’idée de faire les Mondiaux. Je n’ai pas réussi. J’ai connu une saison comme ça avec des hauts, et des très, très bas. C’est la plus mauvaise saison que j’ai connue. À cause des blessures. Ce n’était pas toujours facile à vivre. J’espère que la page va se tourner en 2020.

Dans cette situation-là, on se met à douter ?
Je me suis remis en question sur le fait d’avoir souvent chuté alors que pendant des années, ce n’était pas le cas. Là, je tombais presque à chaque course. Lorsque fin juillet, je reviens à Londres, je tombe encore. Là encore sur la Vuelta. Je chute sur des accidents de course et je ne pouvais agir et à chaque fois, j’ai eu des blessures graves. À Waregem, c’était très, très grave. Le coude sur la Vuelta, ça l’était moins. Cela m’a quand même obligé à mettre un terme à ma saison.

Profiter de l’hiver pour renforcer les muscles

Vous n’avez tout de même jamais pensé arrêter votre carrière ?
Non, ça jamais! Je ne veux pas arrêter comme ça. Et si je regarde le niveau que j’avais lors de la reprise, de juillet à ma chute sur la Vuelta, alors je me dis que ce n’est pas le moment de s’arrêter. Et j’ai trop envie de faire ce métier encore.

Sur la Vuelta, vous aviez complètement retrouvé votre mobilité cervicale ?
Quasiment. Je ne souffre plus. Au niveau musculaire, sur la Vuelta je souffrais encore un peu. Je n’étais pas à 100 %, mais ça allait dans le bon sens. Je veux profiter de cet hiver pour renforcer les muscles pour ne plus avoir de soucis avec ça.

Vous avez déjà pensé à votre entraînement hivernal ?
Oui, j’ai prévu quelque chose d’assez traditionnel avec musculation, footing, d’autres sports. Je vais essayer de construite une bonne base pour la saison prochaine.

Si on revient à la saison 2019, il vous restera cette sixième place dans le Het Nieuwsblad…
(Il rit) C’est le seul résultat qu’il me reste cette saison puisque j’ai été stoppé début avril. C’était l’un de mes grands objectifs et j’étais vraiment bien. C’est ce que je retiens.

Une équipe, c’est une équipe bien organisée

Après un an chez Bora-Hangrohe, comment vous sentez-vous dans cette formation ?
Je suis très bien. On voit avec tous les résultats qu’il y a eu que ça fonctionne bien. Qu’il n’y a pas de problème interne. Une équipe, c’est une équipe bien organisée où l’ambiance est bonne. Lorsque j’étais blessé, l’équipe ne m’a jamais laissé tomber et au contraire m’a soutenu, c’était beau à voir. Avec une blessure comme j’ai eue, je suis resté deux mois sans vélo et quasiment quatre mois sans courir, ils ne m’ont jamais mis la pression et m’ont beaucoup aidé. Je peux leur dire un grand merci !

Du coup, vous n’avez que peu couru avec Peter Sagan en 2019…
Non, j’ai disputé Milan – San Remo et Harelbelke. Avec lui, c’est assez simple. Il n’a pas besoin de beaucoup d’aide. Si on voit les Mondiaux, c’est quelqu’un qui sait se débrouiller tout seul. C’est un grand champion. Il faut juste le sortir du vent. Ce n’est pas une personne qui se plaint beaucoup.

Propos recueillis par Denis Bastien

Un retour en cyclo-cross ?

Ne seriez-vous pas tenté d’inclure dans votre préparation des cyclo-cross puisqu’il s’agissait de votre discipline préférée avant que vous ne passiez professionnel ?
Jempy Drucker :
(Il rit) Oui, comme j’ai arrêté ma saison plus tôt que prévu, cette possibilité est dans ma tête. Mais il faut voir ça avec l’équipe. C’est un grand peut-être pour le moment. Les équipes de route sont plus ouvertes que par le passé avec l’exemple de Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert. J’ai l’expérience du cross, je ne suis pas un routier qui n’a jamais fait de cross. Le climat est plus favorable à ça qu’il y a cinq ans encore…

Vous allez donc poser la question à vos dirigeants de chez Bora ?
Oui, je crois qu’en janvier ce ne serait pas si mal de faire des intensités en cyclo-cross. J’ai beaucoup de temps pour travailler la base. Mais ce n’est pas encore décidé. C’est une idée que j’ai en tête, mais il faudra voir avec l’équipe et le programme que j’aurai pour la route également.

Vous avez des stages programmés durant l’automne ?
Oui, à la fin octobre, on a un petit rassemblement de trois jours en Autriche comme l’an passé. Et en décembre, on sera en stage à Majorque. J’aurai déjà un aperçu de mon programme de la saison prochaine. Mais j’ai été très content cette année de ce que j’avais fait avant les classiques où je me sentais bien en forme. On va voir si je garde ça (NDLR : Jempy Drucker avait enchainé les épreuves du Challenge de Majorque, le Tour de Murcie, le Tour d’Algarve avant le week-end d’ouverture belge (Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne) et Paris-Nice avant Milan – San Remo et le début des Flandriennes). Il ne faut pas trop changer les choses qui ont marché.

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