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Le nouvel entraîneur de la Jeunesse : «Il suffit qu’on me dise qu’on m’aime pour que j’accoure»


Noël Tosi met son expérience au service de la Jeunesse.

Noël Tosi  a pris ses fonctions mardi, du côté de la Jeunesse Esch. En attendant la première séance d’entraînement avec ses nouveaux joueurs, ce mercredi, il nous a livré son analyse.

«Je sais d’avance quelle sera la première question que vous allez me poser.» Oui, effectivement, cet homme a de l’expérience et avant même que ne commence le jeu des questions-réponses avec la presse, Noël Tosi, dans son allocution devant les suiveurs du club, a anticipé sans se tromper LA question numéro 1 que tout le monde se pose, à savoir pourquoi venir maintenant alors que le deal n’avait pas pu se faire en été? Et forcément, il avait la réponse.

Entretien avec le nouveau coach de la Jeunesse Esch, un homme d’une gouaille pas possible.

Alors? Cette première question que nous voulions vous poser?

Noël Tosi : Pourquoi la Jeunesse ne m’a-t-elle pas pris en juin?

Et la réponse?

Ah! ce n’est pas sa faute. C’est que quand le président m’a demandé à quel salaire j’aspirais, je lui ai proposé un quart de ce que je percevais au WAC Casablanca et il m’a dit que c’était trop cher, que personne ne touchait ça au Luxembourg. Et je ne vous raconte pas de salades.

Mais qu’est-ce qui vous a décidé à dire oui?

Après l’échec des négociations avec la Jeunesse, j’étais reparti chez un ami, le président de Cherbourg, à qui j’ai trouvé un sponsor à hauteur de 500 000 euros. Pour un club amateur, c’est énorme. On était dans les bas-fonds de N3, on voulait le ramener vers les sommets.

Vous savez, 500 000 euros, cela ferait aussi du bien à la Jeunesse…

(Il sourit) Non, mais là, il s’agissait d’un projet spécial. Cela ne peut pas être transposé à la Jeunesse.

J’espère marquer mon passage à la Jeunesse

Votre départ de Cherbourg n’a pas été trop difficile à comprendre pour vos dirigeants?

C’est un ami, le président. Bien sûr, il n’était pas très heureux mais c’était devenu une obligation. Rendez-vous compte, j’ai fait sept mois de bénévolat là-bas. Alors bon, j’ai bien quelques trésors de guerre, mais je ne voulais pas tous les perdre, les éparpiller comme ça… Mais voilà, j’ai fait ça par amitié. On crée beaucoup de liens dans ce métier. Ce n’est pas pour rien si je suis retourné six fois dans des clubs que j’avais déjà fréquentés : Angers, Nîmes, Dijon, Créteil-Lusitanos, Avignon, Cherbourg. On ne m’aurait pas repris si j’avais laissé une mauvaise impression. Ici aussi, j’espère marquer mon passage.

Pourquoi rester toujours aussi peu de temps dans les clubs dont vous vous occupez?

J’ai cette réalité en tête qui est de partir sur une courte durée et de continuer… si ça marche. Je ne veux pas prendre un club en otage avec un contrat de cinq ans. Je suis très attaché à mes clubs, seulement la réalité d’un coach aujourd’hui, à quelques très rares exceptions près, c’est que la durée de vie est de 18 mois. À la moindre contre-performance, c’est l’entraîneur qui paie.

Vous avez un sacré pedigree.

J’ai été le plus jeune entraîneur-joueur d’un club de D3 à 24 ans, le plus jeune directeur de centre de formation à 26 ans, le plus jeune entraîneur d’un club pro à 28 ans. Et le premier coach français aux États-Unis aussi. J’ai entraîné sur quatre continents. Tout ça pour dire que j’ai un gros défaut, c’est qu’il suffit qu’on me dise qu’on m’aime pour que j’accoure. Et là encore, c’est ce qui s’est passé. Du coup, je vais tout donner pour ce club.

Pascal Molinari, qui a poussé pour votre venue, a commencé à nous décrire votre méthode hier (NDLR : lire notre édition d’hier). Mais qu’en diriez-vous, vous?

Ma méthode? C’est de la psychologie, de la communication, de l’humain. Cela marche presque partout, alors pourquoi pas ici? Croyez-moi, je ne vous décevrai pas!

Il l’a dit lui-même : vous allez réussir!

Et il a raison! Je vais réussir! Seuls les gens convaincus sont convaincants! J’ai l’expérience pour moi. Et je l’ai eue à divers endroits du globe. La qualité d’adaptation, c’est important. Pour moi, c’est même devenu une seconde nature. Cette capacité d’adaptation, c’est un art. Je vais composer avec l’existant et essayer d’apporter un petit plus.

En parlant d’adaptation, avez-vous déjà cerné à quel genre de « public » vous allez avoir affaire, ici?

À quelque chose que j’aime. J’ai l’impression que les gens d’ici ne se livrent pas tout de suite, mais que quand vous avez leur confiance, vous gardez leur amitié pour longtemps.

On va remettre du bonheur et de l’enthousiasme

Quels sont vos objectifs?

Redonner le sourire aux joueurs, mais aussi à leur entourage. L’important, c’est ce qui se passe autour de l’équipe et quand l’entourage est heureux, alors l’équipe est performante. Alors il y aura beaucoup de respect de ma part envers les bénévoles. On va remettre du bonheur et de l’enthousiasme. Le président m’a dit ce qu’il attendait : remonter le plus vite possible au classement.

Pascal Molinari nous a confié, hier, que l’Europe n’était pas perdue.

En football, rien n’est impossible. Regardez : j’ai repris le SCO Angers en décembre, à peu près à la même période donc, alors qu’il avait 12 points de retard sur le premier non relégable. Il n’avait que 7 points au compteur. Résultat : on s’est sauvés à la dernière journée, à la 92e minute, alors que tout le monde prétendait qu’on n’avait plus aucune chance.

Qu’est-ce qui vous fait courir, à 60 ans passés?

Mais je l’ai déjà dit, non?

L’amitié?

L’amour! Il suffit qu’on me dise qu’on m’aime. C’est ce que j’ai dit. L’amour des gens du métier. Cela fait un peu poète, mais on ne dit jamais assez aux gens qu’ils travaillent bien, on n’est jamais assez reconnaissant non plus, et on ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime.

85 % de la réussite, c’est le psychologique, le vestiaire

Votre conception du football?

Quand on prend une équipe en décembre, il faut réparer les dégâts, recréer une motivation, reforger une dynamique. Ce que je fais fonctionne souvent. La tactique, l’entraînement, c’est bien, mais 85 % de la réussite, c’est le psychologique, le vestiaire. Si on n’a pas ça, on ne fait pas entraîneur de haut niveau.

Et vous allez commencer votre boulot face à un ancien joueur…

Oui et Régis Brouard, j’adore! On va aller manger ensemble, tiens! Vous n’avez pas son numéro? C’est un super mec, un super coach et je vais vous dire : ce qu’il a fait en France avec des équipes de marques de lessive (sic), des D3 ou des D4 qu’il a conduites en finale de Coupe de France, cela tenait presque du miracle. C’est un grand coach!

Donc c’est dur de l’affronter d’entrée de jeu?

Ouh là, non! Cela va être dur pour lui! Avec toutes les gentillesses que j’ai dites sur lui, c’est lui qui va avoir la pression maintenant! (Il rit).

Entretien avec Julien Mollereau

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