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Même les brutes ont un (grand) cœur…


Adrien Portier, l’un des «méchants» de la Jeunesse Esch, va voir son petit frère partir, mercredi matin, pour 18 mois d’un trip humanitaire en Amérique du Sud. Un projet qu’il a largement contribué à bâtir.

Tout occupé à faire revenir la Jeunesse Esch sur le devant de la scène, l’ancien Messin fait jouer ses relations pour que son cadet parte aider des orphelins à l’autre bout de la planète. Quitte à investir sur ses deniers personnels.

Julien Portier est directeur adjoint chez Decathlon à Caen. Qu’est-ce qu’on en a à faire?, nous direz-vous. Pas grand-chose effectivement, à moins de remonter l’arbre généalogique et de se rendre compte que Julien est le petit frère d’Adrien, contrôleur financier, défenseur central de la Jeunesse réputé pour son jeu dur, à la limite de la correctionnelle. Sa générosité, on la perçoit bien dans l’effort, ses dons se mesurent aux traces sur les tibias des attaquants adverses et cette partie de lui, il ne la cache pas.

Mais c’est parce que son frangin monte aujourd’hui dans un avion direction Ushuaïa qu’on découvre le versant privé. Voilà plusieurs mois, ce dernier est en effet venu le trouver avec un projet en tête : monter une association à caractère humanitaire pour partir 18 mois en Amérique du Sud, visiter treize pays et s’arrêter au gré des besoins afin d’apporter une aide concrète, sur place, notamment auprès des orphelins.

Un contrôleur financier aurait sûrement tendance à vous expliquer que c’est un peu versatile comme projet de vie. Pas ce pilier de la Vieille Dame, dernier héros du titre de 2010, pourtant plus cartésien que romantique sur un terrain : «C’était une décision pas facile à prendre. Or non seulement il m’y a encouragé, mais en plus, il m’y a poussé», explique Julien Portier.

Quand je vois comment le crowdfunding a marché pour aider le club…

Adrien se borne à reconnaître qu’il a peut-être un peu «aidé dans les démarches» et qu’il s’entend désormais modestement à l’aider à «promouvoir» l’idée. Ce n’est pas la vision édulcorée qu’en a le fondateur de «Sharing the bliss», qui s’apprête à avaler 25 000 kilomètres à raison de 85 bornes par jour : «Il m’a beaucoup aidé financièrement. C’est grâce à Adrien que j’ai pu acheter le vélo. Il a même payé la moitié de mon assurance parce qu’il refusait que je parte sans. Et puis la création de la société, administrativement, c’est lui. En fait, dès qu’il a entendu que le projet était à la fois sportif et humanitaire, j’ai tout de suite senti que ça lui faisait très envie.»

C’est que l’aîné, bloqué par le championnat de DN, prévoit sous peu de se lancer dans sa propre aventure humanitaire du côté de l’Asie. Il ne pourra pas en être en Amérique du Sud, mais a promis, toutefois, qu’il se libérerait deux semaines à un mois pour rejoindre son frère et distribuer un peu de bonheur sur son chemin. «Ça nous rend heureux d’aider les gens, dans la famille, sourit Julien. Adrien a une devise, qui est devenue celle de l’association. Pour lui, « donner, c’est gagner ».»

Jusqu’alors, on le voyait donner beaucoup d’amour aux attaquants, qui y gagnaient des lendemains de matches difficiles. Aujourd’hui donc, en plus, Adrien Portier se mue en imprésario. Il a ouvert son carnet d’adresses et commencé à faire jouer ses relations. Car son frère part pour l’heure avec seulement 2 150 euros de dons en poche (sans compter les huit euros de nourriture par jour prévus pour les trois personnes qui partent) pour aider les enfants sur place et c’est trop peu au goût de la petite famille.

Ses anciens coéquipiers du FC Metz, ceux qui sont restés des amis en tout cas, Rudy Gestede de Middlesbrough, Gaëtan Bong de Brighton, Gaëtan Bussmann de Mayence… ont été sollicités. Notamment le premier nommé, qui a déjà ouvert un orphelinat au Bénin, son pays d’origine. Ils ont donné ou vont le faire. Mais Adrien Portier aimerait bien voir le Luxembourg, au moins le Luxembourg du football, le rejoindre. «Ne serait-ce qu’une cinquantaine de fans de la Jeunesse!, rigole l’intéressé. Quand je vois comment a marché le crowdfunding pour aider le club (NDLR : en 2015), s’ils donnent 10 euros par personne, ce serait déjà tellement bien! C’est pour des fournitures scolaires, des équipements sportifs…»

Appel à toutes les victimes de ce monstre d’engagement : s’ils veulent commencer à lui rendre la monnaie de sa pièce, même hors du terrain, c’est maintenant…

Julien Mollereau

www.sharingthebliss.net

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