Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Ben Gastauer et Frank Schleck ont dix Tours de France à eux deux. Les deux coureurs luxembourgeois sont forcément ravis de retrouver le Tour. Leurs missions devraient diverger. Un peu… Questions et perspectives avant les trois coups, samedi.
LEURS RÔLES
Ben Gastauer. Il disputera ce Tour de France 2016 pour servir les intérêts du leader unique de l’équipe AG2R La Mondiale, Romain Bardet. C’était sa mission, parfaitement réussie en 2014, où le Schifflangeois eut un rôle prépondérant, au point de devenir, la plupart du temps, troisième homme pour le classement par équipes, derrière le duo Bardet-Péraud. A priori, ce ne sera pas le cas cette année. L’équipe de Vincent Lavenu, apparaît de plus en plus pointue. Domenico Pozzovivo, Mikaël Cherel, Alexis Vuillermoz et Cyril Gautier seront chargés d’emmener Bardet le plus loin possible en montagne. Ce qui laisse à penser que Ben Gastauer interviendra dans la phase de placement précédente. Et le cas échéant, on l’enverra en éclaireur pour récupérer son leader en l’utilisant comme point d’appui. Pour le reste, son travail sera celui de la protection classique d’un leader (abri, train, ravitaillement).
Frank Schleck. Son rôle sera double. Il devra aider au mieux Bauke Mollema, leader de l’équipe Trek-Segafredo à se maintenir en bonne place dans toutes les étapes de montagne. Ce qui n’est évidemment pas gagné. Mollema vise un top 10, histoire, comme toujours, de marquer des points. C’est donc un rôle inédit pour Frank Schleck. De plus, le grimpeur mondorfois pourra viser une étape, à son choix. Il lui faudra alors se glisser dans une échappée au long cours et viser juste. Comme il l’avait fait l’an passé sur la Vuelta, ou à ses débuts dans le Tour, à l’Alpe d’Huez. Dix ans déjà!
LEURS CONDITIONS
Frank Schleck. De retour à la compétition sur le Tour de Suisse (il avait repris précisément à Gippingen, quelques jours plus tôt) après sa triple fracture de la clavicule (à la suite de sa chute survenue sur la Flèche Wallonne), il est allé crescendo. Signe très encourageant, il a bien fini. Sa relative fraîcheur, consécutive à sa blessure, devrait lui servir dans une Grande Boucle comme toujours éprouvante. Dans tous les cas, il aborde son neuvième Tour dans une condition sans doute inédite. Il n’est évidemment plus si fort qu’à sa grande époque, mais sait-on jamais…
Ben Gastauer. Il est en très bonne forme. L’an passé, sa saison a été pourrie par la maladie (il avait été contraint à l’abandon dans le Tour sur la 11 e étape car il souffrait d’une affection aiguë des voies aériennes) et, tant mieux, ce n’est pas le cas en 2016. Pas de doute, Ben Gastauer, qui a participé aux différents stages de préparation, est en très bonne condition.
LEURS MOTIVATIONS
Ben Gastauer. Il avait été navré de devoir quitter la Grande Boucle en 2015. Ce n’est pas le genre à jeter l’éponge en cours de route. L’année d’avant, il avait impressionné ses dirigeants comme ses coéquipiers. Et il a hâte de retrouver cette posture de serviteur désintéressé.
Frank Schleck. Il s’avance avec modestie et humilité avec cette nouvelle fonction de lieutenant-capitaine de route pour le leader désigné de Trek, Bauke Mollema. Il mettra un point d’honneur à remplir cette mission, mais il est animé par l’idée de rafler un troisième succès d’étape dans le Tour, ce qui constituerait alors une belle occasion de négocier une prolongation de carrière puisque son contrat s’arrête à la fin de l’année. À 36 ans, de retour de blessure, il aimerait sans doute démontrer qu’il n’est pas dans sa dernière saison. Voilà ce qui devrait doublement le motiver.
De notre envoyé spécial au Mont-Saint-Michel, Denis Bastien
