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Enfouissement des déchets nucléaires à Bure : le Luxembourg est « attentif »


Le laboratoire souterrain de l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra) à Bure (Meuse), le 4 février 2013. (Photo : AFP)

Le Grand-Duché suit de près et reste attentif au projet CIGÉO d’enfouissement des déchets nucléaires hautement radioactifs et à durée de vie longue prévu à Bure, affirme la ministre luxembourgeoise de l’Environnement.

Le Luxembourg martèle sa volonté de voir fermer la centrale nucléaire de Cattenom, distante de quelques kilomètres seulement de la frontière du Grand-Duché. De la même manière, il demande la fermeture des centrales belges de Tihange et Doel. Mais qu’en est-il du contesté projet CIGÉO en cours de réalisation à Bure, dans la Meuse, où l’État français prévoit de stocker en profondeur les déchets nucléaires les plus radioactifs ?

« Nous restons attentifs », répond la ministre luxembourgeoise de l’Environnement, l’écologiste Carole Dieschbourg, dans un entretien au Quotidien. La ministre, qui a annoncé le 5 mars la constitution d’une alliance antinucléaire en Europe avec son homologue autrichienne, constate qu’« à vrai dire, il n’y a pas de solution miracle pour les déchets et il faudra faire un choix responsable ».

Être associé à la concertation

Interrogée sur la façon dont son gouvernement suit le dossier, Carole Dieschbourg rappelle que « le Luxembourg y a été associé par le passé et des études ont été réalisées». « Nous avons émis des critiques et échangé avec les autorités françaises », poursuit. Relevant que « le ministre français de l’Environnement, Nicolas Hulot, a lancé une concertation nationale sur la gestion des déchets nucléaires », la ministre annonce que le Luxembourg va « insister pour être associé à la concertation en se donnant pour objectif la meilleure protection pour les citoyens ».

Le gouvernement français avait annoncé fin février la tenue d’un débat national sur la gestion des déchets mais en prévenant d’emblée qu’il n’y aura pas de remise en question du projet CIGÉO, mis en œuvre en Lorraine par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA). Les opposants au centre de stockage pointent de multiples dangers de sûreté nucléaire mais aussi de sécurité du site dont les galeries souterraines, d’une longueur totale de 300 km, s’étendront sur 15 km2. Ils jugent notamment qu’une fois enfouis, les déchets ne pourront pas être récupérés en cas de problème ou de progrès scientifique qui permettrait leur retraitement.

« Des sommes énormes »

« Il est difficile de répondre sur le plan technique car ce dossier est en constante évolution », avance cependant la ministre luxembourgeoise, interrogée sur l’opinion émise par Nicolas Hulot qui estime que le stockage en profondeur des déchets très radioactifs est « la moins mauvaise solution ». N’émettant pas d’avis tranché, Carole Dieschbourg, que nous avions sollicitée sur le sujet depuis plusieurs semaines, rappelle qu’elle n’est pas habilitée à se prononcer seule sur ce sujet, la radioprotection relevant au Luxembourg du ministère de la Santé. « Il faut veiller à mettre en place des solutions qui soient les moins dangereuses pour la population », ajoute encore la ministre.

S’exprimant plus largement sur le nucléaire, Carole Dieschbourg, qui plaide pour le 100% renouvelable,  affirme qu’il s’agit d’une « énergie qui coûte cher, qui ne sera jamais sûre et qui ne mène pas à l’indépendance ». Et de citer notamment la gestion des déchets : « Il faudra assurer la surveillance des déchets radioactifs pendant des années. Pour cela, les générations futures devront bloquer des sommes énormes. Il s’agit d’une énergie qui ne reflète pas du tout les coûts réels. »

Fabien Grasser

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