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La CGFP veut mettre l’Armée au pas


Christian Schleck, le président du syndicat de l'Armée, est visé par la procédure de mutation que le SPFP et la CGFP veulent annuler. (Photo Fabrizio Pizzolante)

L’Armée a voulu faire taire le président de son syndicat en le mutant pour l’empêcher d’exercer ses fonctions, sous-entendent deux syndicats amis. La CGFP attend des actes de la part du ministre des Armées.

En mai, Christian Schleck, président du SPAL, le syndicat de l’armée luxembourgeoise, dénonçait des manquements au sein de celle-ci lors d’une assemblée générale de son syndicat. Dans la foulée, une procédure de mutation était engagée à son encontre d’un poste au sein du bureau de recrutement de l’Armée qui lui permettait de se consacrer à ses activités syndicales, à un nouveau poste qui exigerait de lui davantage de confidentialité.

De là à voir dans cette soudaine mutation une tentative de la part de l’état-major de museler un Christian Schleck trop bavard, il n’y a qu’un pas qu’ont franchi le Syndicat professionnel de la force publique (SPFP) mardi passé, à l’occasion d’un conseil des délégués, et la Confédération générale de la force publique (CGFP) lundi. Le SPFP avait demandé la tête du général Alain Duschène, chef d’état-major de l’armée luxembourgeoise. Une déclaration qui, si elle a été longuement commentée – dans les médias notamment –, n’aurait pas suscité de réaction de la part de l’armée luxembourgeoise et de son ministre, François Bausch.

Une semaine pour obtempérer

Face à ce silence, la CGFP a décidé de prendre les armes et d’intervenir. «Cela suffit !», a indiqué Romain Wolff, président de la confédération, lundi à l’occasion d’un point avec la presse.

«On ne procède pas de cette manière avec des personnes engagées au niveau syndical, rappelle Romain Wolff. Ni avec les droits qui sont inscrits dans la Constitution luxembourgeoise» et dans une convention de 1978 de l’organisation internationale du travail (OIT) que le Luxembourg n’aurait ratifiée qu’en 2001.

Le gouvernement aurait violé le principe de cette convention, clame la CGFP qui monte au créneau et demande que «Christian Schleck retrouve son ancien poste» et de fait, la possibilité d’exercer les droits syndicaux que lui confère son poste de président de syndicat et de représentant du personnel de la force publique. La qualité de son travail au sein du bureau de recrutement n’étant pas à mettre en doute. La CGFP, par la voix de son président, demande aussi au gouvernement de respecter toutes les clauses de la convention n°151 en matière de liberté syndicale.

Gouvernement et armée luxembourgeoise ont une semaine pour obtempérer – jusqu’à la conférence des comités –, sinon la Confédération promet des représailles. «Tous les moyens seront bons pour obtenir satisfaction», prévient Romain Wolff. La CGFP est prête à aller jusqu’à Genève, siège de l’OIT, pour dénoncer la violation de sa convention. Elle annonce également des actions syndicales en faveur du respect des libertés syndicales, un droit chèrement acquis, pour le tout début de l’année 2020.

Lors du conseil des délégués du SPFP mardi dernier, les manquements et irrégularités au sein des différents corps des forces publiques avaient été évoqués. Lundi, le président de la CGFP a refusé de commenter les raisons qui auraient pu conduire l’état-major à vouloir empêcher Christian Schleck de s’exprimer et d’exercer ses fonctions syndicales. Il a promis de s’exprimer de manière moins concise dans les jours à venir.

Sophie Kieffer

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