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Luxembourg et space mining : « L’État investit dans une société offshore ! »


Laurent Mosar et les cadres du CSV déplorent les investissements perdus dans la société américaine Planetary ressources... investissements par ailleurs douteux (Photo : Julien Garroy).

Les Chrétiens-Sociaux du Luxembourg enfoncent le clou sur le dossier Planetary Resources. En plus d’insister sur l’échec de cet investissement public de douze millions d’euros, ils ont révélé mercredi que la société est basée dans le sulfureux Delaware.

«Pour nous, il est totalement incompréhensible que l’État investisse dans une société offshore qui, par définition, ne paie pas d’impôts», clamait mercredi Laurent Mosar.
Cette société, poursuit le député chrétien-social, c’est Planetary Resources, qui représente pour le Grand-Duché un investissement de douze millions… partis depuis en poussière d’étoiles.
Petit rappel : en 2016, le Grand-Duché et son ministre de l’Économie, Étienne Schneider, annoncent leur intention de faire du Luxembourg un acteur clé dans le secteur de l’exploitation des ressources spatiales. La start-up américaine Planetary Resources, décrite alors comme une société à très fort potentiel, est parmi les premières à être séduites par la stratégie spatiale luxembourgeoise. La SNCI (Société nationale de crédit et d’investissement) investit donc douze millions dans cette société (soit 10 % des parts), via la société Saam SARL créée pour l’occasion.
Hélas, en octobre dernier, on apprend dans la presse que Saam SARL a finalement cédé pour un prix dérisoire les parts détenues auprès de Planetary Resources, qui connaît de sérieuses difficultés financières.
Mercredi, Étienne Schneider a d’ailleurs répondu à une question parlementaire sur le sujet, précisant que Saam n’est plus actionnaire de Planetary Resources depuis le 22 octobre.
Le CSV multiplie donc les questions parlementaires pour demander au gouvernement de faire toute la transparence sur cette affaire.

«Contraire à une certaine éthique»
Et jeudi, les députés Diane Adehm, Claude Wiseler et Laurent Mosar sont revenus à la charge avec, cette fois-ci, davantage que des questions : Laurent Mosar a brandi un certificat révélant que Planetary Resources est basé au Delaware. Un État de la côte est des États-Unis qui, rappelle-t-il, «est un des plus grands paradis fiscaux au monde, où il y a plus de sociétés que d’habitants! Monsieur Schneider ne nous a jamais dit que Planetary Resources était une société offshore. C’est nous qui l’avons révélé!»
Un investissement «qui est contraire à une certaine éthique que nous défendons et que le Luxembourg défend», affirme-t-il.
Il précise que «les sociétés basées au Delaware ne paient pas d’impôts en dehors du Delaware». Or «on nous a toujours dit que cette société Planetary Resources viendrait s’établir au Luxembourg. Donc pourquoi investir douze millions d’euros dans une société qui, par définition, ne paie pas d’impôts en dehors du Delaware? On a perdu douze millions, et pas parce que c’est un secteur à risque comme le dit toujours Monsieur Schneider, mais parce qu’on a investi dans une société offshore.»
Claude Wiseler en profite pour brocarder une fois encore le silence d’Étienne Schneider, qui «ne vient pas en commission et se contente de réponses évasives» sur le sujet.
Il y a quelques jours, le ministre Schneider avait admis l’échec de Planetary Resources et rappelé que tout investissement comporte des risques. Il avait aussi rappelé que cet investissement avait, malgré tout, rendu attractif le Luxembourg et contribué à l’installation d’une vingtaine d’entreprises du secteur spatial dans le pays.

Romain Van Dyck

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