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Scénario cruel pour le Luxembourg face à l’Ukraine (1-2)


Le malheureux Gerson Rodrigues (à d.), auteur d'un but contre son camp dans les arrêts de jeu, est consolé par un Ukrainien à la fin du match, lundi soir. (photo Gerry Schmit)

[ÉLIMINATOIRES EURO-2020] Le Luxembourg, encore plus impressionnant face à l’Ukraine qu’il ne l’avait été contre la Lituanie trois jours plus tôt, était à deux doigts, lundi soir, d’arracher la victoire face à un adversaire dépassé par les événements et la classe des individualités grand-ducales.

Perdus. Tétanisés. Les Ukrainiens n’en menaient pas large dans les dix dernières minutes d’une rencontre qui leur a totalement échappé. Plus ils tentaient maladroitement de s’approcher du but d’Anthony Moris sans y arriver, plus les contres luxembourgeois se précisaient, à l’extrême limite du meurtrier.

Et puis le Finlandais M. Gestranius a sifflé une faute qui n’existait pas à la 92e minute, et puis Gerson Rodrigues, littéralement exceptionnel et emporté par son euphorie communicative, est venu couper au premier poteau, poussant au fond de son propre but (1-2). Le soulagement des Ukrainiens est alors à la hauteur du petit hold-up qu’ils viennent de réaliser. Les voilà premiers du groupe B alors que c’était le Luxembourg qui le méritait le plus. Et de loin.

Au coup de sifflet final, l’image va rester : ébloui par la prestation de Gerson Rodrigues, l’Ukrainien Moraes est venu le consoler, le prendre dans ses bras. Rideau sur une défaite qui aurait dû être un match nul et aurait pu être un succès. Mais cette prestation restera plus profondément ancrée encore que le 0-0 ramené de Toulouse contre le futur champion du monde français, il y a un an et demi maintenant.

Avec le niveau de performance affiché contre la Lituanie, ce mélange de créativité et de sang-froid dans une situation compliquée, on s’imaginait déjà assez aisément le Luxembourg comme le facteur X de ce groupe B, le faiseur de rois (puisqu’il y en aura deux), l’équipe qui arrachera forcément un point à l’un des trois cadors du plateau, ce point qui sera d’ailleurs le point de trop pour celui qui le concédera. À la pause, on le sait avec certitude : ce sera lui! On ne voit pas comment cette année 2019 pourrait ne pas s’écrire avec un exploit majeur après l’Ukraine. Luc Holtz avait prudemment botté en touche, dimanche, lors de sa conférence de presse, assurant que la Lituanie, avec ses gabarits, pourrait faire office d’épouvantail tout aussi crédible que ses gars. Balivernes.

Ces Roud Léiwen ont désormais la classe internationale

C’est en la presse internationale que l’on va commencer à avoir foi. Il y a trop de freins mentaux dans ce pays pour voir l’évidence et le fait que ces Roud Léiwen ont désormais la classe internationale. Hors des frontières, les questions fantaisistes n’en finissent plus de pleuvoir sur les chances… de voir le Luxembourg se mêler à la course à la qualif’. Elles le sont un peu moins, ce mardi matin. Fantaisistes, toujours, mais plus du tout ridicules.

Après tout, sur la pelouse du stade Josy-Barthel, le Grand-Duché s’est, lundi soir, créé autant d’occasions de but que ce pays de 45 millions d’habitants entraîné par un ancien Ballon d’or et où le contexte politique fait que l’on ne plaisante pas avec l’image de la nation. Pas dans le sport non plus. Encore moins contre ce genre d’adversaire. Et surtout pas en se faisant balader sur de très longues phases de jeu.

Toute cette rencontre a été traversée par une énergie vitale et une maîtrise des événements assez phénoménales. Gerson Rodrigues a maturé en moins de deux mois passés au Japon, Leandro Barreiro a fait l’étalage que posséder quatre poumons lui garantit un avenir radieux à l’échelle continentale, Kevin Malget a une dimension digne des plus belles heures d’Europa League de son club du F91, Vincent Thill, avant-dernier passeur sur le but de Dave Turpel, nous a ressorti un troisième geste décisif en deux rencontres seulement… Bref, c’était beau et c’était vrai. Enfin, presque vrai…

Julien Mollereau

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