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Ville cherche espaces verts


À Belval, les espaces verts ne manquent pas, mais sont un peu en dehors du flux quotidien des travailleurs. (illustration Editpress)

Les espaces verts en zone urbaine ont fait l’objet d’un colloque jeudi à Belval. Une volonté de repenser les villes est en train d’émerger, avec les espaces verts en point stratégique.

La ville est en pleine recomposition. Si l’on faisait bien la différence entre villes et campagnes, désormais la frontière entre les deux est de plus en plus ténue. Pour Dan Biancalana, président de Pro-Sud qui organise cette première édition de ce colloque, même si les villes du sud du pays ont tendance à se verdir, il reste encore des efforts à faire : «La politique urbaine a pour objectif de reverdir la ville. Cela a des impacts sur la santé, la qualité de vie ou encore en termes de durabilité.»

Les urbains sont à la recherche d’espaces verts pour résider à proximité d’un parc, d’un jardin, d’un potager communautaire. Les projets de ce type se multiplient car un espace vert c’est du lien social, du bien-être, et des températures un peu moins chaudes en été. Et bonne nouvelle pour les promoteurs, les résidences avec espaces verts en leur sein ou dans le quartier sont particulièrement recherchées, donc plus chères. «Il faut un retour à la nature en ville», explique le Dr Geoffrey Caruso, professeur à l’institut Identités politiques, sociétés, espaces (IPSE) de l’université du Luxembourg. Une étude en France a montré que 39 % des sondés considèrent que la présence d’espaces verts est un facteur déterminant dans la recherche d’une maison, loin devant les considérations de prix.

L’accès aux espaces verts est inégal

Une enquête a été réalisée dans des grandes villes comme Bruxelles mais aussi Luxembourg pour essayer de mieux comprendre les interactions entre les habitants de ces villes et leurs espaces verts publics. Presque 60 % des sondés déclarent en effet se rendre au moins une fois par semaine dans un espace vert de leur voisinage : «Les résidents ont conscience des bénéfices et ils sont fortement demandeurs d’espaces verts car ils en sont généralement satisfaits», explique le Dr Caruso. Mais si l’on regarde de plus près la carte de Luxembourg, l’accès aux espaces verts est inégal. Ainsi, par exemple, les résidents du quartier Gare sont beaucoup moins bien lotis que ceux du Limpertsberg. «Il y a un risque d’inéquité réel, car il y a une répartition inégale des espaces verts. Pour Belval, par exemple, nous avons raté le coche, car il n’existe pas de mixité entre le flux quotidien et le parc adjacent. Il est à côté et pas dans l’agitation quotidienne», poursuit-il.

Lucien Hoffmann est directeur du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) et dirige notamment le département «environnement» du centre de recherche. Pour ce dernier, les espaces verts seront au cœur de la politique urbaine du futur. En tant que chercheur, les possibilités sont infinies : «Il faut avoir une approche d’économie circulaire. Cibler une ressource à l’origine, jusqu’à son recyclage.» Il faut dire que les exemples sont nombreux pour exploiter l’espace au mieux afin de privilégier les espaces verts : coulées vertes dans des villes comme Paris, la multiplication des potagers urbains pour favoriser le lien social ou encore les glaneurs d’arbres fruitiers urbains qui sont répertoriés sur des cartes pour favoriser les échanges et éviter le gaspillage de cette ressource urbaine.

Audrey Somnard

Il va en falloir des arbres

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a indiqué dans une étude de 2008 que 70 % des émissions de CO2 étaient d’origine urbaine. Pourtant, seulement 3 % des surfaces sont urbaines à l’échelle du globe, c’est donc bien que les problèmes se concentrent sur des petits espaces finalement.

Si l’on compte qu’un kilomètre carré de forêt tempérée absorbe 540 kg de carbone chaque jour, il faudrait alors l’équivalent de la surface de l’Europe et des deux Amériques réunies en forêt pour absorber les 16,4 milliards de tonnes de carbone émises chaque jour, explique Marlène Boura, doctorante à l’IPSE. Localement, la végétation urbaine peut avoir des effets très localisés pour aider à absorber (un peu) tout ce surplus.

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