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Yassine Benajiba (Titus) : «Sans lui, le F91 va redevenir un club normal»


«Flavio (Becca) et moi, on a du caractère. Il n'y a pas beaucoup de gens autour de lui qui lui disent vraiment les choses en face.» (photo Gerry Schmit)

BGL LIGUE (19e JOURNÉE) Yassine Benajiba, le directeur sportif du Titus Pétange, reçoit son ancien club du F91. Et avant même que ne parle le terrain, ça déménage au micro…

La semaine dernière, le Titus a perdu son premier match de l’année dans des conditions rocambolesques, avec notamment trois expulsions. Ce match a-t-il laissé des traces sur le groupe?

Yassine Benajiba : L’arbitre nous a tué le match! Vous l’avez mis homme du match dans vos colonnes, vous aviez raison. Et je peux vous dire que, depuis, j’ai eu Dino Toppmöller au téléphone et que lui aussi a des griefs envers M. Krueger.

Prendre trois rouges sur un match n’est pas anecdotique. Quelle est votre vision de ce dérapage?

Attention, on ne veut pas se mettre tous les arbitres du pays à dos, d’autant qu’on sait qu’ils se soutiennent les uns les autres et c’est normal. Mais si plusieurs observateurs en viennent à constater qu’un arbitre dégaine un peu trop vite, alors cela peut peut-être le forcer à réfléchir un petit peu avant de sortir ses cartons aussi facilement. Le foot luxembourgeois s’améliore grandement, je le constate depuis des années, les arbitres aussi. Mais quand tu siffles au plus haut niveau, il faut savoir gérer la pression. Celle que te mettent les joueurs, les staffs et même les dirigeants, dont c’est clairement une partie du boulot.

Que s’est-il passé de fou, à Mondorf, selon vous?

Mon ressenti de la première mi-temps était bon. Mais après la pause, moi et beaucoup de gens, on a constaté que ce n’était plus la même chose. A-t-il subi des pressions? Tout le monde en reçoit dans ce milieu, mais là, force est de constater que cela a eu de l’impact. Il met d’abord un jaune au jeune Peixoto, un gamin de 17 ans, pour une faute ultralégère qui ne le méritait pas. Et puis l’instant d’après, sur un duel au point de corner, le ballon sort clairement des limites du terrain. C’est évident, tout le monde l’a vu. Et l’arbitre de touche n’a pas pu ne pas le voir non plus d’ailleurs. Pourtant, il a laissé jouer. Et là, loin du but, Peixoto commet une deuxième faute tout aussi légère que la première. Elle non plus ne méritait pas de jaune. Pourtant, il lui met. Et quand Abreu vient lui demander pourquoi, avec son brassard de capitaine qui l’autorise quand même à venir discuter, il lui répond qu’il était dernier défenseur. Incroyable. Artur lui répond « mais vous nous niquez le match, là! » Il lui met un jaune. La deuxième faute d’Artur, qui débouche sur le rouge, je ne la discute pas. Mais là, il a perdu le contrôle. On menait 0-1, on aurait contrôlé si on était restés à onze. En tout cas, on en aurait été capables. Mais ça, ça a une influence sur le classement parce qu’on commençait à bien se rapprocher des places européennes. Est-ce que ça en dérangerait certains de voir Pétange si haut?

L’absence d’Abreu, plus que celles de Da Mata et Peixoto, va-t-elle vous handicaper contre le F91?

On l’a bien vu contre Hamm : il nous manquait Silaj et on a quand même gagné 3-0. Alors Abreu, oui, c’est l’un des tout meilleurs joueurs de ce championnat, je le mettrais même peut-être dans le top 3, mais on est assez forts pour compenser.

Avez-vous la sensation d’avoir comblé, cet hiver, une partie de l’écart qui vous sépare des tout meilleurs?

Effectivement, on a bien bossé en janvier. Le nouveau staff technique effectue un travail remarquable. On est bien plus en règle (sic) tactiquement qu’on ne l’était avant la trêve et notre nouveau préparateur physique, qui est vraiment très compétent, fait qu’on est beaucoup mieux armé athlétiquement. Mais j’aimerais encore dire une chose…

Quoi?

Que les autres clubs laissent mes joueurs tranquilles. Il y en a beaucoup trop qui sont convoités.

La rançon de la gloire. Vous imaginez si en plus vous jouez un sale tour au F91?

Ça reste une grosse équipe de DN. Mais est-ce que ce sera facile pour eux, chez nous? Non. Dino Toppmöller est malin? Carlos Fangueiro l’est aussi.

Cela reste un match particulier pour vous qui avez passé six ans au stade Jos-Nosbaum ou avez-vous tourné la page?

Je connais tous les joueurs là-bas. Forcément, c’est spécial. Dino et moi, on s’appelle régulièrement. Et il me félicite pour le travail qu’on fait au Titus.

Êtes-vous plus heureux à Pétange, moins dans le stress permanent?

Plus heureux? Je ne peux pas dire ça. Mais au F91, il est clair qu’il fallait tout le temps tout gagner. On a écrit l’histoire l’été dernier en se qualifiant pour la phase de poules (NDLR : de la Ligue Europa) et j’étais encore de la partie. Mais à Pétange, j’ai carte blanche sans que quiconque vienne parasiter mon travail.

Ce qui n’était pas le cas à Dudelange.

Je ne l’ai pas dit. C’est vous qui le dites.

Et si on le dit pas.

Ici, je peux travailler sereinement. Je me sens vraiment très bien dans ce club, dirigé par un président qui est une bonne personne. Tout comme ceux qui composent le comité d’ailleurs. C’est agréable de travailler avec des gens qui partagent les mêmes valeurs que vous dans l’existence. Le F91 a très bien vécu avant moi, et il vivra très bien après. Sauf si Flavio Becca s’en va.

Puisqu’on en vient au patron, le système de management qu’il prône n’est-il pas trop usant?

Flavio te met sous pression chaque jour. En ayant été très proche de lui, j’ai sans doute gagné dix années d’expérience sur les autres. Car avec lui, il faut gérer des situations dans des conditions de pression et de stress assez dingues. Ça m’a rendu bien plus fort.

Mais cela a fini par avoir raison de vous…

Flavio et moi, on a du caractère. Il n’y a pas beaucoup de gens autour de lui qui lui disent vraiment les choses en face. Quand ça arrive, il est des fois content, des fois pas. Mais me concernant, il savait très bien que je me trompais rarement. Il est arrivé qu’on soit obligé de nous séparer pour ne pas qu’on se rentre dedans, mais le soir, on mangeait et on rigolait ensemble. C’est comme ça avec Flavio. Chaque jour a son lot de surprises. Ça fait partie du personnage. Mais on s’aimait sincèrement. Quelque chose nous liait au-delà du football. Et maintenant, il a peur de moi, car il sait que je vais le manger avec Pétange (il rit).

Croyez-vous en sa capacité à faire du Swift une équipe immédiatement performante?

Le Swift, cela fait longtemps qu’il m’en parle. Il aime ce club, ses infrastructures. Et il y a longtemps qu’il menace la commune de franchir le pas. Sans lui, le F91 va redevenir un club normal. Et à Hesperange, il mettra tout en œuvre pour être immédiatement performant. Mais il va avoir des bâtons dans les roues. Pour lui, vu les nouveaux systèmes de transferts et de prêts, il est même peut-être mieux que le Swift ne monte pas immédiatement en DN, mais il est très malin, il trouvera toujours une façon de contourner le problème. Pour le stopper, il va falloir qu' »ils » en inventent encore beaucoup, des règles.

Et Pétange dans tout ça?

Le Titus n’a aucunement prévu d’être européen cette saison. On a déjà certaines choses qui tendent vers plus de professionnalisme, mais le but, la saison prochaine, ce sera clairement de titiller les cadors. On va tout mettre en œuvre pour être sûr de se retrouver dans le top 5.

Entretien avec Julien Mollereau

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