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Polanski : la projection de « J’accuse » perturbée à Rennes, les salles évacuées


(Photo : AFP)

Des militants féministes opposés à la diffusion de « J’accuse » de Roman Polanski, visé par une nouvelle accusation de viol, ont perturbé samedi soir une séance de cinéma du TNB à Rennes, qui a été annulée.

« On a envahi le TNB à Rennes pour exiger la déprogrammation de J’accuse!!! Des centaines de personnes ont été évacuées, on attend de rencontrer le directeur qui a expliqué dans une lettre que projeter J’accuse c’était ouvrir le débat », a posté sur Twitter « Jeanne La Rouge », militante féministe et syndicaliste étudiante. Après une longue discussion avec les militants, la direction a décidé de déprogrammer les trois séances prévues dimanche mais a maintenu les suivantes.

Dans une longue lettre publiée sur le site du TNB, le directeur Arthur Nauzyciel explique les raisons de son choix. Ce film « traite d’un sujet brûlant et d’une page d’histoire honteuse de notre pays et dont le scandale se perpétue encore aujourd’hui », rappelle-t-il. « Cependant, son réalisateur fait l’objet depuis des années de plaintes pour viols et de demandes de réparation en justice. Et depuis des années, notre société est engourdie jusqu’à la surdité quant aux questions de harcèlements sexuels et de violences faites aux femmes », poursuit-il.

À la question de savoir si l’on peut « dissocier l’oeuvre de l’homme », il répond : « Ne désirant pas penser seul cette expérience inédite, je prends le risque de maintenir les séances du film pour que cela ouvre une brèche dans la compréhension de ce que nous traversons ».

« Déprogrammer le film serait évacuer le débat, sa complexité, et nous ferait rater une chance de conscientiser ce que nous traversons en apprenant de nos erreurs, si ce choix, car c’en est un, s’avère en être une », conclut Arthur Nauzyciel.

Interrogée par l’AFP, la militante féministe rennaise a jugé que le TNB « posait beaucoup de questions, sans apporter beaucoup de réponses comme pour se dédouaner de programmer le film ». « Le TNB a un pouvoir sur les films qu’il programme et déprogrammer un film serait un acte fort. Diffuser ce film est une manière de construire une forme d’impunité à travers la renommée, la position de pouvoir que confère à Roman Polanski sa notoriété », a ajouté Jeanne, précisant qu’une action serait reconduite ce lundi.

Avant d’être un théâtre, le TNB fut une prison militaire. C’est justement dans cette prison que le capitaine Alfred Dreyfus a séjourné en 1899 au moment de son procès en révision, dont la ville de Rennes commémore cette année les 120 ans, jusqu’au 29 novembre.

Valentine Monnier, photographe française, ancien mannequin qui a joué dans quelques films dans les années 80, accuse Roman Polanski de l’avoir frappée et violée en 1975 en Suisse alors qu’elle avait dix-huit ans.

Adèle Haenel, qui a accusé le 3 novembre le réalisateur Christophe Ruggia d' »attouchements » et de « harcèlement » alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans, est présentée par le TNB comme une actrice proche d’Arthur Nauzyciel depuis 2011. Elle collabore notamment au projet de l’Ecole du TNB.

La situation de Roman Polanski sera discutée lundi par les responsables de l’ARP, organisation comprenant plus de 200 cinéastes, lors d’une réunion qui devrait établir de nouvelles règles pour les membres condamnés ou poursuivis pour des violences sexuelles.

AFP

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