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Le côté obscur de la « gig economy » décrit dans un rapport


Le 30 octobre 2018, des chauffeurs, des coursiers et d'autres travailleurs sous-traitants et contractuels d'Uber londoniens réclamaient des droits à l'emploi plus favorables. (Photo AFP)

Entre frais cachés, salaires insuffisants, pression à la disponibilité constante et absence d’évolution, beaucoup de travailleurs de la « gig economy », les petits boulots par application interposée, se retrouvent « pris au piège », selon un rapport publié mercredi.

Pour beaucoup, les applications comme Uber ou Deliveroo « sont devenues un piège. Ils n’ont pas d’autre option que d’accepter ces emplois à la tâche, et pas de manière d’en sortir », et certains se sentent « pris dans des sables mouvants », poursuit le rapport du centre de réflexion spécialisé dans la technologie Doteveryone. « Un Britannique sur dix prend un emploi à travers une plateforme numérique au moins une fois par semaine » pour fournir à des consommateurs toujours plus exigeants des courses de taxi, coiffures, repas, réparations diverses ou baby-sitting, entre autres, constate Doteveryone.

Le centre reconnaît que la « gig economy », dans laquelle travaillent près de cinq millions de personnes au Royaume-Uni, fonctionne pour certains de ces auto-entrepreneurs, en leur donnant une certaine liberté et des revenus confortables. Parfois surnommés les « zero hour job » car ils ne garantissent aucun minimum horaire, ces emplois contribuent aussi largement à un record de faiblesse du taux de chômage au Royaume-Uni. Si beaucoup d’employés d’entreprises comme Uber ou Deliveroo se satisfont de leurs revenus, à plein temps ou en complément d’une autre activité, Doteveryone souligne que beaucoup d’employés doivent pour espérer survivre « être disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et se battre pour chaque commande », sous peine de ne plus être sollicités s’ils en refusent une. Ils vivent dans le stress d’une évaluation permanente des clients qui peut remettre en cause leur capacité à recevoir de futures commandes, et se plaignent d’être traités comme des robots par leurs employeurs. Le dernier film du réalisateur britannique Ken Loach, Sorry We Missed You, met ainsi en scène les difficultés d’un employé d’une société de livraison qui travaille à un rythme si intense que sa santé et sa vie de famille s’en ressentent, et qui se retrouve dans une impasse financière après avoir accumulé des dettes pour acheter sa fourgonnette et faire face aux avaries de son matériel.

Une demande de reconnaissance

Doteveryone recommande dans son rapport la mise en place d’un salaire minimal pour les travailleurs de la « gig economy » « qui prenne en compte le coût du travail à la tâche ». Le centre de réflexion suggère aussi la mise en place par les entreprises d’interlocuteurs pour répondre aux questions de leurs employés qui trop souvent n’ont que des interfaces informatiques pour dialoguer. Deliveroo et Uber n’ont pas répondu dans l’immédiat aux demandes de commentaires de l’AFP.

En 2018, le tribunal du travail de Londres avait décidé en appel qu’Uber devait considérer ses chauffeurs au Royaume-Uni comme des employés, un statut leur donnant droit au salaire horaire minimum et à des congés payés. Uber veut porter l’affaire devant la Cour suprême. La Californie a quant à elle ratifié en septembre une loi contraignant les géants de la réservation de voitures à requalifier les chauffeurs de VTC en salariés. Plusieurs cas de travailleurs affiliés à une plateforme demandant leur reconnaissance comme salariés ont émergé dans d’autres pays, notamment en France.

AFP

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