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Luxembourg : un coûteux faux pas dans l’aventure spatiale


Étienne Schneider, le ministre de l'économie, avait mis beaucoup d'espoir dans la société américaine Planetary Resources (Photo : Julien Garroy).

L’histoire entre le gouvernement luxembourgeois et la société américaine Planetary Resources, spécialisée dans la technologie spatiale, est finie. Mais elle aura coûté douze millions à l’État, via la banque de droit public SNCI.

La SNCI a revendu les 10 % de parts qu’elle détenait dans Planetary Resources en proie à des difficultés financières depuis l’été dernier pour une somme symbolique. Une mauvaise opération qui équivaut à douze millions de perte alors qu’une semaine après cette revente, les actifs de Planetary Resources ont été repris par une autre société américaine.

Tout s’est joué après les élections. C’est bien ce que le CSV reproche au ministre de l’Économie, Étienne Schneider, dans l’affaire qui ébranle le tout jeune édifice dédié au space mining. La mauvaise passe que traversait Planetary Resources, dans laquelle l’État via la SNCI avait acquis 10 % des parts durant l’été 2016, agitait le Landerneau depuis l’été dernier mais le ministre ne voulait pas être alarmiste.
C’est le magazine en ligne reporter.lu qui a révélé il y a quatre mois que l’activité de la filiale luxembourgeoise de Planetary Resources n’a jamais décollé et qu’aucun projet de recherche n’aurait été financé par le ministère de l’Économie, contrairement à ce que le protocole d’accord entre le gouvernement et la société américaine prévoyait. En plus d’entrer dans le capital, il était encore question d’allouer des aides en matière de recherche et développement.
«Planetary Resources renforce l’industrie spatiale locale en développant plusieurs activités principales exclusivement au Luxembourg, et qui mettent l’accent sur le développement de la propulsion, l’intégration du lancement de la navette, les communications dans l’espace profonde, les systèmes de la science de l’astéroïde, le développement produit dans le cadre de l’observation de la terre et l’opération des missions», avait assuré le ministère en novembre 2016. L’accord d’investissement et de coopération portait sur 25 millions d’euros dans le cadre de l’initiative luxembourgeoise SpaceResources.lu qui disposera dorénavant d’un fonds doté de 200 millions d’euros.
C’est ensuite le Luxemburger Wort qui informait la semaine dernière que les 10 % de parts détenues par Saam SARL (créée par la SNCI) dans l’entreprise Planetary Resources auraient été cédées pour un prix symbolique. Le coût total de la prise de participation dans l’entreprise était de douze millions d’euros.

L’opposition veut des réponses

Face à cette perte, l’opposition CSV n’a pas tardé à réagir et à rappeler sa première question restée sans réponse relative à l’absence de toute activité de recherche de Planetary Resources à Luxembourg. Laurent Mosar et Diane Adehm reviennent à la charge et désirent des explications claires sur cette opération, ce d’autant que les parts ont été revendues une semaine avant le rachat des avoirs de Planetary Resources par ConsenSys, une société américaine spécialisée dans la blockchain et l’ethereum la deuxième monnaie virtuelle la plus connue après le bitcoin, selon l’article du Wort.
Cette fois, Étienne Schneider n’a plus le choix. Le caractère urgent de la question a été reconnu par le président provisoire de la Chambre des députés, Gast Gibéryen, de l’opposition ADR. Le ministère de l’Économie est en train de rédiger sa réponse. Elle est guettée depuis juillet dernier par le CSV. «Nous avions également convoqué une commission pour obtenir des réponses à nos questions, mais là encore silence radio», se plaint aujourd’hui Laurent Mosar.
Et Planetary Resources n’est pas le seul dossier qui le chagrine. «Nous avons trois dossiers sur lesquels nous aimerions que le ministre nous livre des éclaircissements car il y a encore le dossier Fage dont on ne sait toujours pas si la fabrique va s’implanter ou non à Bettembourg et le dossier Encevo avec le fournisseur d’énergie China Southern Power Grid qui a racheté plus d’un quart des parts d’Encevo», rappelle le député de l’opposition.
Le bureau provisoire de la Chambre des députés, que préside Gast Gibéryen jusqu’à la formation du gouvernement prévue pour la Saint-Nicolas, étudie la possibilité de faire convoquer Étienne Schneider.

Geneviève Montaigu

 

La stratégie se poursuit

Ce faux pas ne remet pas en cause la stratégie du gouvernement tournée vers l’industrie spatiale. Le ministère de l’Économie qui prépare sa réponse dira à Laurent Mosar et Diane Adehm, auteurs de la question parlementaire, que la réputation du Grand-Duché n’est pas entachée et que le gouvernement reste attaché à cette nouvelle industrie.

La perte du fleuron
Bien sûr, il vient de perdre son fleuron. En novembre 2016, le gouvernement annonçait en fanfare sa prise de participation dans Planetary Resources. «Le financement permet d’accélérer les avancées techniques de la société avec l’objectif de lancer la première mission commerciale de prospection des astéroïdes d’ici 2020. Ce partenariat suit un protocole d’accord signé en juin dernier et qui régit le développement au Luxembourg d’activités liées à l’utilisation des ressources spatiales», disait le ministère au moment de la signature.

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