Accueil | Police-Justice | Esch : Un mordu de serpents au tribunal

Esch : Un mordu de serpents au tribunal


Pas moins de 252 serpents, scorpions et mille-pattes, dont 126 animaux venimeux, avaient été saisis par les autorités chez ce commerçant à Esch.(Illustration : archives lq/tania feller)

Serpents, scorpions, mygales, millepattes… Pas moins de 252 animaux avaient été saisis le 13 décembre 2018 par la police grand-ducale lors d’une visite domiciliaire dans un quartier résidentiel à Esch-Lallange. Derrière une porte avec l’affichette «Attention animaux venimeux», un commerçant animalier abritait huit terrariums.

Depuis l’âge de 12 ans, le trentenaire vit sa passion pour les reptiles. Et puis, il décide d’en faire son métier. En 2018, il crée sa société. Tous ses animaux, il les commande en Afrique centrale et de l’Ouest ainsi qu’en Amérique du Sud… Avec trois à quatre livraisons par an, cela donne quelque 4 000 animaux… Jusqu’au jour où les autorités interviennent.

Cent cadavres dans le congélateur

À entendre le parquet, c’est le premier dossier de ce genre auquel les autorités luxembourgeoises ont eu affaire. Une opération que le substitut n’est, d’ailleurs, pas près d’oublier : «C’est la première fois que j’ai eu un serpent qui sifflait face à moi.» Pour sortir un cobra de 2,5 m de long, il avait fallu appeler en renfort deux experts du Parc Merveilleux de Bettembourg! «126 animaux étaient venimeux, détaillera encore le policier qui a assisté à l’opération. Cent animaux morts reposaient dans un congélateur.»

Les observations du policier ne s’arrêtent pas là : moisissures dans les terrariums, serpents baignant dans l’eau et impossibilité de mesurer la température ou l’humidité de l’air… C’est donc pour «cruauté envers les animaux» que le trentenaire comparaissait vendredi devant la 19e chambre correctionnelle. À cela s’ajoute le défaut de certaines autorisations pour son activité…

Ce n’est d’ailleurs pas le premier rapport que la police dressait contre ce mordu de serpents. Par le passé, il avait dû être hospitalisé en urgence. Par trois fois, il s’était fait mordre par l’une de ses petites bêtes : un cobra, un mamba vert et un bothrops.

«Une question de sécurité publique»

La raison de ces accidents? «L’alcool et la cocaïne», avait-il confié lors de son audition à la police.

«Ce qui explique sans doute pourquoi il a eu l’idée de jouer avec les serpents!», glissera le président. Le prévenu de 35 ans montrera son désaccord à la barre : «Ce n’est pas comme si je jouais aux échecs avec mes serpents!»

Son avocat Jean-Jacques Schonckert a parlé d’«une chasse aux sorcières» et plaidé l’acquittement. Mais pour le parquet, les infractions sont bien établies. Il requiert une amende conséquente et une interdiction de «tenir des animaux» pendant 15 ans. «C’est une question de sécurité publique», insistera-t-il.

Alors que les animaux venimeux avaient été transférés vers une unité spéciale à Munich, tous les autres animaux ont pu être hébergés dans le centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange. Une opération qui a eu son coût – il est question de plus milliers d’euros – et qui risque de se répercuter sur les frais de justice. Entretemps, le passionné s’est reconverti. Il enseignera prochainement en tant que chargé de cours dans le primaire.

Prononcé le 15 janvier.

Fabienne Armborst

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.