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Selon Saviano, la «mafia» française blanchit son argent sale au Luxembourg


Le trafic de cocaïne qui transite par l'Afrique de l'Ouest est contrôlé par des cartels français qui blanchissent le produit de la vente notamment au Luxembourg, affirme Roberto Saviano. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

L’écrivain et journaliste italien affirme que les organisations criminelles corses et marseillaises blanchissent l’argent du trafic de cocaïne au Luxembourg.

Il y a quelques semaines, l’écrivain et journaliste italien Roberto Saviano dénonçait la responsabilité des paradis fiscaux dans la montée des souverainistes et de l’extrême droite en Europe. Dans cet entretien accordé au site d’informations français Mediapart, il citait notamment le Luxembourg qu’il qualifiait de «coffre-fort» de la France. Invité ce jeudi 4 octobre sur les ondes de France Inter, l’auteur de Gomorra a enfoncé le clou en affirmant que les grandes organisations criminelles corses et marseillaises blanchissent leur argent sale au Luxembourg.

«Le crime d’association mafieuse n’existe pas dans le droit français et de ce fait ce sujet n’est jamais au centre du débat», constate Roberto Saviano sur la radio publique française. «Ce sujet est toujours considéré comme un problème policier qu’on va résoudre avec des arrestations», relève le journaliste, qui vit sous protection policière depuis 2006, alors que sa tête a été mise à prix par la mafia napolitaine, la Camorra, dont il a dénoncé les crimes.

Les Français, poursuit Roberto Saviano, «ont le sentiment que les Italiens sont mafieux, qu’il y a une mafia russe et que ce n’est vraiment pas un problème français ». Pourtant, affirme-t-il, la « Brise de Mer, le cartel corse, est très puissant. Il est aujourd’hui comparable aux grandes organisations mondiales».

Démagogie et hypocrisie des politiques

Toute la cocaïne qui transite par l’Afrique équatoriale et francophone «est gérée par les cartels français», soutient le journaliste et romancier. Depuis plusieurs années, la cocaïne produite en Amérique du Sud transite principalement par l’Afrique de l’Ouest avant d’être écoulée sur le marché européen. L’argent provenant de la vente de la drogue «devient des immeubles, des magasins, des investissements en France, mais aussi au Luxembourg», dit Roberto Saviano qui ne précise cependant pas de quelle manière l’argent est blanchit au Grand-Duché.

Fustigeant la démagogie de responsables politiques français qui désignent les jeunes maghrébins comme dealers, il pose la question : «Qui leur donne la drogue ?» Et de répondre : «Ce sont des organisations françaises. Toute la cocaïne est donnée par les cartels corses et marseillais. Il n’y a pas de mafia algérienne, il n’y a pas de mafia tunisienne, mais le monde politique français ne dit pas qu’il y a une mafia française.»

Roberto Saviano se trouve actuellement en France pour présenter son premier roman, Piranhas, sur le phénomène des «babys-gangs» napolitains. Cette fiction littéraire s’inspire de faits réels et raconte comment des bandes d’enfants et d’adolescents de 10 à 19 ans basculent dans la grande délinquance, prospérant dans le trafic de drogue jusqu’à prendre la place de leurs aînés, les parrains de la Camora, la mafia de Naples et de Campanie.

Ce samedi 6 octobre, le journaliste et écrivain de 39 ans est à Nancy pour un échange et une séance de dédicaces organisés par le «Livre sur la place».

Fabien Grasser

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