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Trafic de stupéfiants : 20 ans ferme requis contre Boban


La représentante du parquet n'a pas hésité à parler d'une «structure mafieuse» que Boban B. aurait mise en place pour organiser son trafic de drogue. (illustration Fabienne Armborst)

Le parquet a dressé un lourd réquisitoire, mercredi après-midi, contre le principal prévenu d’un trafic de marijuana et cocaïne. Contre les neuf autres prévenus, il a requis de 5 à 15 ans de prison.

C’est une lourde peine que le substitut principal Martine Wodelet a requise à l’encontre du principal prévenu Boban B. : 20 ans de prison ferme, une amende appropriée en relation avec son trafic de stupéfiants, une interdiction de conduire de 5 ans et enfin la confiscation de ses avoirs. Le parquet ne voit en effet aucune circonstance atténuante pour le principal prévenu qu’il qualifie de «chef d’orchestre» de sa structure : «Même depuis la prison, il continue sa trajectoire. Il influence. Il est manipulateur…»

Au fil de son réquisitoire, qui s’est étiré sur plusieurs heures, la représentante du parquet n’a pas hésité à parler d’une «structure mafieuse» que Boban B. aurait mise en place pour organiser son trafic de drogue : «À côté de ses activités illégales, son activité légale (le commerce de voitures) sert simplement à blanchir l’argent.»

Neuf autres personnes accompagnent le trentenaire sur le banc des prévenus. Tous avaient leur rôle à jouer dans cette structure, selon le parquet. À côté du «chef d’orchestre» Boban B., il cite le prévenu Kevin K. : «le sous-chef et responsable de la filière de distribution de marijuana». Il aurait importé plusieurs dizaines de kilos de marchandise entre 2012 et 2014. «Avec son attitude à l’audience, il a creusé lui-même sa tombe», considère le substitut principal. Quatorze ans de prison, une amende et une interdiction de conduire ont été requis à son encontre. Son casier vierge pourrait lui faire bénéficier d’un éventuel sursis partiel.

«Un vieux renard dans le business»

«Boban B. avait fait des choix réfléchis en ce qui concerne ses fournisseurs. Il s’est entouré d’experts grossistes, poursuit Martine Wodelet. Frank. V était un producteur de cannabis et Feti P. importait de la cocaïne d’Amérique du Sud depuis le port d’Anvers.» Contre les deux fournisseurs, le parquet requiert 15 ans de prison ferme et une amende. «Feti P., l’ex-membre des Hells Angels, est un vieux renard dans le business», note-t-il, faisant référence à son lourd passé. Geert D., l’intermédiaire et chauffeur de Feti P., quant à lui, risque 12 ans ferme et une amende. Le parquet constate une certaine régularité dans l’approvisionnement de la cocaïne, à savoir au moins toutes les deux semaines.

En bas des deux filières, le parquet place les quatre revendeurs. Il demande entre 7 ans et 10 ans de prison à leur encontre. C’est un fait que l’enquête n’a pas permis d’identifier clairement les lieux de stockage de la structure. «Les dates des remises étaient prédéfinies à l’avance. Ils n’avaient pas besoin d’endroit pour stocker longtemps la marijuana. Cette façon de faire permet de limiter le risque d’être découvert», retient le substitut principal.

La dixième personne sur le banc des prévenus est la petite amie de l’époque de Boban B. Elle n’est pas poursuivie pour avoir directement mis en circulation la drogue. Ce n’est pas pour autant qu’elle doit échapper à une peine, estime le parquet. «Elle est à considérer comme complice, car elle a aidé et assisté Boban.» À la différence des autres prévenus, le ministère public lui reconnaît des circonstances atténuantes. Voilà pourquoi elle pourrait bénéficier d’un large sursis sur la peine de cinq ans requise. Il demande aussi une amende et la confiscation de tous ses articles de luxe. «Même si, au début, elle pouvait ignorer l’origine des fonds, au fur et à mesure des dépenses somptueuses, elle ne pouvait plus l’ignorer.»

Selon le parquet, les gains issus exclusivement du trafic de marijuana (autour de 300 kg) s’élèvent à 900 000 euros : «Boban B. et sa petite amie ont allégrement dépensé l’argent qui provenait de ce trafic. Le parquet chiffre leurs dépenses tangibles à près de 770 000 euros.»

Après ce lourd réquisitoire, un long marathon de plaidoiries s’annonce.

Fabienne Armborst

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