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Trains Metz-Luxembourg : un calvaire pour les usagers


Un kilomètre de voie est en train d'être démonté entre Bettembourg et Luxembourg. (illustration Alain Rischard)

Après les grèves SNCF en France, les travaux CFL au Grand-Duché. Les usagers du TER Metz-Luxembourg n’en peuvent plus, ils en appellent aux élus.

On le sait, être frontalier et avoir choisi les transports en commun pour faire la navette n’est pas tous les jours un cadeau. Et c’est d’autant plus frustrant qu’en optant pour ces types de mobilité, on répond aux injonctions des politiques qui exhortent les travailleurs à laisser la voiture au garage.

En temps normal, le réseau sous- dimensionné et les cadences poussées à leur maximum rendent déjà les allers-retours souvent compliqués. Ces derniers mois, les frontaliers venant de France ont dû vivre avec les grèves de la SNCF, ce qui n’a pas simplifié leur quotidien. Et depuis le début de la semaine, les passagers des trains doivent sortir à la gare de Bettembourg, puisqu’en raison de travaux sur les voies, plus aucun train ne circule entre Bettembourg et la capitale. À la place, des bus de substitution ont été mis en place, mais sur le terrain, ils ne représentent vraiment pas la panacée.

Cohue en gare de Bettembourg

Mercredi, l’Association des voyageurs du TER Metz-Luxembourg a décidé de faire part de la colère de ses membres à Xavier Bettel et Jean Rottner dans une longue missive de trois pages, mettant l’accent sur des situations très précises.

Certains points ne concernent que la SNCF. Par exemple, l’association demande pourquoi il est interdit d’utiliser les TGV «qui circulent remplis à à peine 1/10e de leur capacité» alors qu’ils doivent «s’entasser à 600 ou 700 dans des trains prévus pour transporter 330 personnes».

D’autres éléments reviennent toutefois aux CFL, notamment l’organisation jugée déficiente du passage du train aux bus de substitution en gare de Bettembourg. «Aucune barrière ne canalise le flux des usagers sortant de la gare», souligne la lettre, alors que «les agents CFL présents sont en nombre insuffisant pour permettre de gérer le flux de personnes sur le parking». Résultat : c’est la foire d’empoigne pour monter dans les autocars.

Pourquoi les bus roulent-ils sur l’A31 ?

La situation est d’autant plus délicate que le trottoir de la gare, justement, n’est pas opérationnel en ce moment pour cause de travaux. Les usagers sont donc obligés de marcher sur les voies de bus pour se rendre aux quais. «À croire que des centaines de personnes livrées à elles-mêmes, circulant librement au milieu d’autobus en mouvement ne constituent pas un problème de sécurité», ironise l’association.

Autre point qui énerve les navetteurs : le trajet des bus. «Contrairement à nos demandes, les itinéraires des bus de substitution n’ont pas été revus, et ces derniers continuent à emprunter l’autoroute A3/A31 saturée aux heures de pointe.» Alors que la plan de transport annonce que 20 minutes sont nécessaires pour rallier Luxembourg depuis Bettembourg, les frontaliers remarquent que «certains bus mettent près de 20 minutes, rien que pour quitter le secteur de la gare et rejoindre l’autoroute».

L’accumulation de points négatifs en arrive à un stade où les usagers des transports en commun sont exaspérés. «La situation, au bout de quelques jours de travaux (il en reste 5 semaines et demie) est telle qu’une partie des 12 000 frontaliers français qui prennent le train entre Nancy et le Grand-Duché sont à bout de nerfs.» La lettre évoque même des épisodes houleux entre voyageurs, impliquant parfois aussi du personnel ferroviaire.

«Si rien n’est fait, vous serez rapidement confrontés d’une part à une vague d’absentéisme telle que le pays n’en a jamais connu, faute de pouvoir se rendre au travail, et à un problème d’ordre public au Grand-Duché et sur le Sillon lorrain en France». La coupe est pleine, les transports en commun aussi et c’est bien là tout le problème.

Erwan Nonet

Des questions sans réelle réponse

Jeudi après-midi, le gouvernement luxembourgeois et la région Grand Est ont publié un communiqué commun, qui ne répond pas aux questions des usagers…

Plutôt que de répondre point par point aux éléments évoqués explicitement par les usagers, le communiqué reprend uniquement ce qui a déjà été dit. Et pourtant, Jean Rottner et François Bausch ont échangé par téléphone jeudi matin. La lettre explique que la construction de la nouvelle ligne ferroviaire Luxembourg-Bettembourg «nécessite le barrage partiel de la ligne 90 entre le 14 juillet et le 24 août 2018». Pendant les travaux, «il sera procédé au déplacement d’une partie de la ligne existante afin de permettre de libérer suffisamment de place pour la construction de la nouvelle ligne. Ce déplacement concerne un tronçon de ligne qui s’étend sur plus d’un kilomètre.»

Plutôt que le bus, le covoiturage ? En ce qui concerne la mise en place du dispositif de prise en charge des voyageurs, les autorités assurent que «plus de 85 bus ont été affrétés pour assurer les lignes 90 et 60», des autocars qui «circulent sans escale entre Thionville et Luxembourg, toutes les 5 minutes en semaine, pendant les heures de pointe, du lundi au vendredi». Des bus de substitution circulent également toutes les 5 minutes en semaine pendant les heures de pointe entre Luxembourg et Bettembourg. Le gouvernement explique que «les lignes de bus régulières en place RGTR (194 – 195 – 197 – 200 – 202 – 207 – 300 – 301 – 303 et 323) disposent encore de la capacité d’accueillir des clients».

Pendant le chantier, les abonnements Flexway et Flexpass permettront de voyager gratuitement sur les lignes RGTR 300 (Kirchberg – Luxembourg – Thionville/Hayange), 301 (Leudelange ZA – Gasperich – Howald ZAC – Thionville), 303 (Kirchberg – Cattenom – Manom) et 323 (Kirchberg – Hettange /Grande – Yutz). Autant de possibilités qui permettent d’éviter la gare de Bettembourg. Enfin, le communiqué suggère également aux voyageurs d’avoir recours à la nouvelle application Copilote, qui facilite le covoiturage et qui rembourse les usagers pendant les travaux.

 

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