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Coupure d’internet en Birmanie : l’ONU craint de nouvelles exactions


La coupure des données mobiles dans certaines régions de la Birmanie où des combats s'intensifient depuis quelques mois entre les militaires et l'Armée d'Arakan font craindre à l'ONU de nouvelles violations des droits de l'homme. (Photo illustration AFP)

La coupure d’internet dans une partie de la Birmanie pourrait couvrir de « graves violations des droits de l’homme » dans une région où des opérations de l’armée ont déjà provoqué l’exode de centaines de milliers de Rohingyas, a averti la rapporteuse spéciale de l’ONU Yanghee Lee.

Les autorités birmanes ont coupé depuis vendredi l’accès aux services mobiles dans des zones de l’Etat Rakhine (ouest) et de l’Etat Chin voisin. L’Etat Rakhine, théâtre du drame de la minorité musulmane des Rohingyas, connaît depuis plusieurs mois une recrudescence des combats entre les militaires birmans et les rebelles de l’Armée d’Arakan (AA) qui luttent pour obtenir plus d’autonomie en faveur de la population bouddhiste, dite rakhine ou aranakaise.

« J’ai peur pour tous les civils là-bas », a déclaré Yanghee Lee en appelant à la levée immédiate de l’interruption d’internet. Les « opérations de nettoyage » de l’armée peuvent constituer « une couverture pour commettre de graves violations des droits de l’Homme contre les populations civiles », a-t-elle poursuivi en évoquant les atrocités contre les Rohingyas en 2017.

Une décision sans précédent

Les autorités birmanes ont ordonné vendredi à tous les opérateurs téléphoniques de suspendre la transmission des données mobiles dans huit zones urbaines de l’Etat Rakhine et une dans l’Etat Chin. Cette décision sans précédent concerne tous les opérateurs mobiles pour une durée non spécifiée. Rangoun a déployé des milliers de soldats dans l’Etat Rakhine.

Au moins 35 000 personnes ont fui leurs foyers ces derniers mois à cause des combats qui ont débordé sur l’Etat Chin. Fin mai, Amnesty International avait accusé l’armée birmane de « crimes de guerre », « exécutions extra-judiciaires » et « tortures » contre les rebelles dans l’Etat Rakhine.

Les deux parties s’accusent de violations des droits de l’Homme et des dizaines de civils ont été tués dans les bombardements, jusque dans des monastères où ils s’étaient réfugiés. Durant le week-end, une attaque rebelle contre un navire militaire près de Sittwe, capitale de l’Etat Rakhine, a fait deux morts.

Des habitants privés du contact avec le monde extérieur

Peu d’habitants possèdent un ordinateur et la fermeture des services mobiles prive la plupart de contacts avec le monde extérieur. Des habitants de trois districts avec lesquels l’AFP s’est entretenue mardi par téléphone ont manifesté colère et inquiétude. « Nous ne pouvons pas partager des informations ce qui est vraiment dangereux et effrayant lorsque vous habitez une zone de conflit », a expliqué Myo Kyaw Aung, responsable du village de Sapa Htar près de Minbya.

Plusieurs centaines de milliers de Rohingyas vivent toujours dans l’Etat Rakhine, souvent dans des camps sordides. Plus de 740.000 Rohingyas avaient fui vers le Bangladesh en août 2017 face aux violences de l’armée, qualifiées de « génocide » par les enquêteurs de l’ONU.

LQ/AFP

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