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Glyphosate : une étude européenne écarte le risque cancérogène


La Commission européenne compte sur cet avis pour relancer la procédure d'un éventuel renouvellement de la licence du glyphosate dans l'UE. (illustration AFP)

Le glyphosate, substance herbicide dont l’autorisation est contestée dans l’UE, ne doit pas être classé comme cancérogène, ont estimé mercredi les experts de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Des conclusions attendues par Bruxelles afin de se pencher à nouveau sur le renouvellement de sa licence.

Les conclusions finales de l’ECHA, basée à Helsinki, seront transmises ultérieurement à la Commission européenne, qui compte sur cet avis pour relancer la procédure d’un éventuel renouvellement de la licence du glyphosate dans l’UE, une procédure qui sera alors relancée de zéro. La décision devra être prise « dans les six mois » après réception de cet avis, par le comité scientifique chargé du dossier, présidé par la Commission et au sein duquel siègent des représentants des États membres.

« Le glyphosate ne devrait pas être classifié comme cancérogène », a expliqué lors d’une conférence de presse sur internet Jack de Bruijn, le directeur du Comité d’évaluation des risques de l’ECHA.

Fureur des ONG

Cette annonce a provoqué la fureur des ONG de défense de l’environnement, qui accusent ce comité d’avoir écarté les études négatives sur le glyphosate. Le Centre international de recherches contre le cancer, une branche de l’Organisation mondiale de la santé, avait notamment évalué le risque cancérogène comme « probable », rappellent-elles. « Pour arriver à ses conclusions, l’ECHA a rejeté des preuves scientifiques flagrantes de cancers chez des animaux de laboratoire, passant outre les avertissements de plus de 90 scientifiques indépendants, et se basant sur des études non publiques commandées par des producteurs de glyphosate », a dénoncé Greenpeace dans un communiqué.

Les experts se sont basés sur toutes les informations disponibles sur le glyphosate, à la fois concernant des études sur les humains et sur les animaux, a souligné de son côté Jack de Bruijn. L’ECHA est chargée de la classification des produits chimiques dans l’UE et doit déterminer le danger potentiel intrinsèque des substances évaluées. L’agence ne prend pas en compte les critères d’exposition, par exemple.

« La science l’a emporté », a réagi de son côté l’Association européenne des fabricants de pesticides, l’ECPA (regroupant Monsanto, Bayer, Dow, BASF, Syngenta…) qui dit s’attendre à ce que la Commission s’engage rapidement dans un nouveau processus d’agrémentation pour 15 ans. Soit « le même assentiment originellement suggéré par la Commission avant que la substance ne devienne l’objet d’un débat politique et affectif plutôt qu’un débat scientifique », s’est félicité un porte-parole de l’ECPA.

Une épine dans le pied dans l’UE

L’utilisation du glyphosate est devenue de plus en plus controversée au cours des derniers mois, sur fond de campagne active des défenseurs de l’environnement. La Commission européenne n’a pas réussi à convaincre les États membres à renouveler la licence de l’herbicide, qui arrivait à expiration à l’été 2016. Lors d’un vote fin juin au sein d’un comité scientifique où les États membres sont représentés, la France et Malte avaient voté contre et sept pays s’étaient abstenus (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie), bloquant la décision.

L’exécutif européen s’était alors résolu à accorder une prolongation de 18 mois à la substance autour de laquelle les enjeux économiques sont importants : elle est l’ingrédient-clé des herbicides les plus utilisés par les agriculteurs européens. Des restrictions à son utilisation ont tout de même été instaurées, soit l’interdiction de certains adjuvants du glyphosate et des règles pour limiter son exploitation dans des endroits comme les parcs et les jardins publics. Si la décision d’autoriser le glyphosate se prend au niveau de l’UE, il revient à chaque État membre d’autoriser ou non l’utilisation de pesticides à base de la substance sur leur territoire. Le plus connu, et le plus vendu, est le Roundup de l’américain Monsanto.

 

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