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Au Mullerthal, un point de chute historique


L'un des plus beaux points de vue dans le Mullerthal attire les visiteurs depuis 140 ans. (photo Fabienne Armborst)

Érigé en 1879, le pont en pierre surplombant l’Ernz Noire au Schiessentümpel a été une étape importante pour le développement du tourisme au Mullerthal. Son 140e anniversaire, qu’il fêtera dimanche, est l’occasion de se replonger dans l’histoire de ce symbole de la région…

« Le charmant pont en pierre et en bois et les formations rocheuses spectaculaires des alentours font du Schiessentümpel une belle destination d’excursion », peut-on lire dans plus d’un guide touristique aujourd’hui. La petite cascade pittoresque au bord de l’Ernz Noire attire des visiteurs du monde entier. Un parking situé à environ 500 mètres permet d’accéder facilement à ce beau point de vue où l’eau passe par trois torrents au-dessus d’un rocher pour ensuite couler vers la localité de Mullerthal.

«Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est qu’à l’origine aucune route ne menait au Schiessentümpel. Dans un premier temps, il n’y avait qu’une promenade de 1,5 km qui longeait le ruisseau pour arriver au pont en pierre», rappelle Jean-Luc Schleich. Le bourgmestre honoraire de la commune de Waldbillig s’est penché sur l’histoire du Schiessentümpel. Une histoire qu’il a rassemblée dans la publication De Fuuss (2/2019). Nous sommes en 1879 lorsque le petit pont est érigé au lieu-dit Schiessentümpel à la frontière des communes de Waldbillig et Consdorf.

«Forêt vierge» et «torrent sauvage»

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le Luxembourg en général (la capitale a longtemps été marquée par la forteresse) n’est guère une destination touristique, et la région du Mullerthal encore moins. Dans certains textes d’époque, il est question de «forêt vierge» et de «rocs géants éboulés, au milieu desquels mugit et bouillonne l’Ehrens-Noir, torrent sauvage (…)». Bref, ils n’étaient que peu à venir s’aventurer dans la région qu’on appelle aujourd’hui également la Petite Suisse luxembourgeoise.

Il y a déjà longtemps qu'on prend la pose ici ! (photo DR)

Il y a déjà bien longtemps qu’on prend la pose ici ! (photo DR)

«Nous possédons dans le pays des contrées réellement ravissantes, mais qui pour la plupart ont été jusqu’ici fort peu visitées, qui ne sont même presque pas connues par les Luxembourgeois, parce qu’elles sont en grande partie inaccessibles», avait déclaré Paul Eyschen (1841-1915), directeur général de la Justice à l’époque et futur ministre d’État, à la Chambre des députés. C’est à l’initiative de ce dernier et du gouverneur du Luxembourg, le Prince Henri (1820-1879) des Pays-Bas, que la Petite Suisse luxembourgeoise a été rendue accessible au grand public. Mais il a fallu construire des routes et chemins de fer.

«Depuis 1873, il y avait la ligne de chemin de fer le long de la Sûre qui reliait Diekirch à Echternach. On avait la possibilité de s’arrêter en gare de Grundhof. La route reliant la localité de Mullerthal, quant à elle, a été construite à la fin des années 1870», illustre Jean-Luc Schleich.

Site raboté pour construire la route

En 1879, un «petit crédit de 10 000 francs» avait été demandé à la Chambre des députés pour la construction du «Sentier du Mullerthal» de 1,5 km de longueur. C’est à pied qu’on ralliera donc dans un premier temps le pont de la cascade du Schiessentümpel depuis la Präiteler Bréck, le long des spectaculaires formations rocheuses. La route entre la localité de Mullerthal et la Präiteler Bréck ne fut construite qu’en 1881. Une construction qui ne restera d’ailleurs pas sans conséquences pour le Schiessentümpel. «Le site d’origine était plus large. Quand la route est arrivée, la plateforme et les escaliers qui se trouvaient côté route ont été rabotés», explique Jean-Luc Schleich.

Depuis que le site est accessible sans danger, il constitue un véritable point d’attraction pour les touristes. Pendant des décennies, il a aussi servi de motif pour cartes postales. Près de 140 ans après sa construction, le pont est toujours debout. Certes, lors des intempéries début juin 2018, un énorme rocher a glissé et il a fallu le stabiliser pour sécuriser le site. La promenade qui rejoint, le long des falaises côté Waldbillig, le fameux parking, quant à elle, est toujours en travaux. Sa réouverture est prévue au cours de l’été.

«La cascade avec son pont est l’une des curiosités dans la région que chacun doit avoir vues et prises en photo. On le constate en voyant les photos postées sur Instagram», note Robi Baden à la tête du Tourist Center Heringer Millen. «Elle se trouve aussi sur l’itinéraire des touristes qui ne viennent qu’une seule journée au Grand-Duché, avec le château de Vianden et la ville de Luxembourg.»

Récemment les communes de Waldbillig et Consdorf ont adressé au ministère de la Culture une demande visant au classement du Schiessentümpel comme «monument national». Bref, l’histoire du charmant pont en pierre qui a participé au développement du tourisme dans le Mullerthal est loin d’être terminée. Beaucoup d’eau coulera encore sous l’arche.

Fabienne Armborst

Un pont qui faisait des vagues…

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