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La Wanteraktioun réunie face au coronavirus


Mardi dernier, 137 personnes ont déjeuné sur le site de la Wanteraktioun et 157 y ont passé la nuit. (photo Wanteraktioun)

Pour faire face à la crise du Covid-19, la Wanteraktioun (Action hiver) se prolonge. Foyer de jour et foyer de nuit se retrouvent désormais en un seul lieu. Mode d’emploi.

Crise du coronavirus oblige, la Wanteraktioun joue les prolongations. Initialement programmée, comme chaque année, du 1er décembre au 31 mars, l’Action hiver, chapeautée par le ministère de la Famille et de l’Intégration et géré par Inter-Actions, Caritas et la Croix-Rouge luxembourgeoise, poursuit l’accueil des sans-abri jusqu’au 30 avril, pour le moment. Non plus à Bonnevoie (foyer de jour) et au Findel (foyer de nuit). Mais uniquement au Findel dans les bâtiments inaugurés en décembre dernier non loin du centre de rétention (capacité d’accueil : 250 lits).

«Nous avons préparé cette prolongation depuis la mi-mars et l’annonce de l’état de crise en raison du coronavirus, indique Catia Gomes, coordinatrice Action hiver à l’ASBL Inter-Actions. Et depuis le 1er avril, nous sommes tous réunis au Findel. Il y a deux bâtiments sur le site. L’un est dédié aux deux dortoirs, il est fermé pendant la journée. L’autre est le foyer de jour. Nous avons aussi installé trois grandes tentes pour inciter les gens à rester sur place dans la journée et pour éviter qu’ils restent dans les bâtiments dans la journée.»

Un protocole en cas de suspicion

Et des mesures ont été prises en raison de la crise du Covid-19. «Les deux dortoirs ont été réduits afin que les gens ne dorment pas trop près les uns des autres pour respecter la distance de deux mètres, explique Laurie Gatley, infirmière et coordinatrice de l’Action hiver pour Caritas. Lors des trois repas que nous servons chaque jour, on ne laisse entrer dans le bâtiment foyer de jour que trois personnes à la fois pour récupérer le plateau repas.» André Soares, chargé de direction à la Croix-Rouge luxembourgeoise en charge du foyer de jour pour la Wanteraktioun, complète : «Avant, on servait les repas à la louche, maintenant c’est une barquette individuelle fermée pour chacun.»

Et cela ne s’arrête pas là. «On prend la température aux gens qui arrivent au moins deux fois par jour», assure André Soares. Catia Gomes continue : «On insiste pour qu’ils se lavent bien et souvent les mains, on a mis l’eau et l’électricité dans les tentes à l’extérieur aussi pour ça. On leur explique les gestes barrières. Et toute l’équipe (NDLR : trois membres d’Inter-Actions, quatre de la Croix-Rouge luxembourgeoise, trois de chez Caritas et six bénévoles) applique tous les gestes barrières pour être exemplaire.»

Un protocole a également été mis en place en cas de suspicion d’une personne infectée par le Covid-19. Si une personne a de la fièvre, on lui donne un masque et elle est placée à l’isolement dans une pièce dans l’un des bâtiments avant l’arrivée du 112. «Nous avons déclenché à une dizaine de reprises ce protocole», confie Laurie Gatley avant de rappeler que «la fièvre peut être un symptôme de plusieurs choses et pas seulement du Covid-19». Y a-t-il déjà eu des cas? «On ne sait pas, répond la coordinatrice de l’Action hiver pour Caritas, puisque dès qu’ils ont de la fièvre, ils sont pris en charge par le 112.» Des membres de Médecins du monde viennent aussi tous les mercredis pour faire des permanences.

«Ce n’est pas une prison»

Cette Wanteraktioun en mode coronavirus semble être acceptée par les bénéficiaires. Pour le déjeuner, mardi, ils étaient 137 et 157 personnes ont passé la nuit de mardi à mercredi au Findel. «Certains restent toute la journée, d’autres partent, d’autres partent et reviennent, indique Catia Gomes. Nous ne sommes pas une prison, on ne peut pas les forcer à rester ici. Mais on fait tout pour qu’ils acceptent de rester ici.» Un service pour laver son linge a été mis en place, les douches sont disponibles et des activités sont organisées. Par exemple, des ateliers de sensibilisation aux gestes barrières et aux mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire sont organisés et un atelier de fabrication de masques pourrait prochainement voir le jour.

«Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec les streetworkers, le service premier appel et d’autres acteurs de terrain pour qu’ils redirigent les personnes qu’ils croisent dans la rue sur le site de la Wanteraktioun», souligne la coordinatrice de l’Action hiver d’Inter-Actions ASBL. Catia Gomes : «On est là pour nos bénéficiaires pendant cette crise et si on doit continuer après le 30 avril, on continuera.»

Guillaume Chassaing

«Nous donnons près de 400 repas en barquette chaque jour»

La Stëmm vun der Strooss a réduit ses activités pendant cette crise du Covid-19, mais donne toujours à manger, chaque midi de la semaine, aux vulnérables.

La situation est assez chaude, mais nous gérons…» C’est ainsi qu’Alexandra Oxacelay décrivait la situation à la Stëmm vun der Strooss dans un entretien qu’elle avait accordé le 19 mars dernier au Quotidien. Trois semaines plus tard, la directrice de l’association qui vient en aide aux personnes vulnérables estime que «la situation n’a pas beaucoup changé».

«C’est une bonne chose que la Wanteraktioun ait été prolongée, avance-t-elle. Mais pour nous, cela ne change pas grand-chose. Nous donnons tous les jours près de 400 barquettes gratuites à midi devant la porte de nos deux restaurants (à Hollerich dans la capitale et à Esch-sur-Alzette). C’est 6 % de plus qu’à la même époque l’année dernière. Voilà la situation aujourd’hui.» Elle poursuit en indiquant que «nous recevons moins de denrées alimentaires des supermarchés, mais certains restaurateurs, la Provençale et des particuliers nous ont fait des dons. Il y a un vrai élan de solidarité. Pour le moment, ça va.» Elle ajoute que «l’Œuvre Grande-Duchesse Charlotte nous a octroyé 12 000 euros pour acquérir un énorme mixeur professionnel. C’est une très bonne nouvelle.»

Et à cause de la crise du Covid-19, la Stëmm vun der Strooss a dû fermer certains de ses services comme la distribution gratuite de produits d’hygiène, les douches gratuites, le Schweesdreps, toutes les activités de réinsertion à Schoenfels (entretien des espaces verts, service jardinage et service boucherie)…

«La plupart gèrent la crise comme tout le monde»

«Nous avons tout fait pour prendre le plus de précautions possibles pour les gens qui travaillent avec nous, les bénévoles et nos bénéficiaires, assure Alexandra Oxacelay. Nos équipes sont réduites. Nous avons des masques et nous respectons les gestes barrières. Et on s’adapte au jour le jour.»

Et les bénéficiaires de la Stëmm vun der Strooss, comment font-ils face à cette crise? «Comme un peu tout le monde, répond la directrice de l’association. Nos activités sont fortement réduites. Il y a quelques jours, nous avons essayé de poursuivre la distribution de vêtements mais dans la rue. Cela n’a pas été une réussite. Les gens étaient déboussolés. Cette période est compliquée pour beaucoup parce qu’on leur impose des règles supplémentaires alors que pour la plupart ils refusent les règles. C’est parfois compliqué.» Elle poursuit : «Certains nous posent beaucoup de questions, se renseignent sur les gestes barrières, les mesures du gouvernement et ils prennent leurs précautions. Chez certains, qui sont salariés, il y a une prise de conscience. D’autres nous interrogent surtout pour savoir où ils peuvent prendre une douche ou encore laver leurs vêtements. Et enfin, pour d’autres, qui ont le sida, une hépatite ou qui sont drogués, le coronavirus n’est pas leur priorité…»

G. Ch.

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