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Nature sans pesticides : convaincre les citoyens


Plus il y a d'espèces de fleurs différentes, plus il y a de nourriture pour les insectes. (illustration Alain Rischard)

Les communes n’ont plus le droit d’utiliser les pesticides depuis 2016. Mais les herbes folles ne sont pas toujours bien vues des habitants qui, pour certains, ne comprennent pas qu’il s’agit d’une volonté et non d’un manque de travail.

Laisser l’herbe et les fleurs pousser naturellement, faire un fauchage tardif, laisser la mousse, ne pas arracher les «mauvaises herbes»… pardon, «les herbes», puisque comme le rappelle Julie Even, du Sicona (syndicat de la protection de la nature), «il n’y a pas de mauvaises herbes, elles ont toutes une grande importance». Voici quelques-uns des conseils détaillés et illustrés dans un guide destiné aux communes, intitulé Anlage von naturnahen Grünflächen im Siedlungsbereich («Espaces verts au naturel en zone urbaine»).

«Il faut augmenter la biodiversité. Tous les pesticides sont une problématique qui touche toute la chaîne alimentaire, chacun est concerné. De plus, celui qui utilise les pesticides met en danger sa santé, c’est un enjeu sanitaire. Il y a désormais des jurisprudences qui ont établi un lien entre certains pesticides et des cancers», indique Guy Spanier, conseiller écologique et président de l’Ëmweltberodung Lëtzebuerg. Cette association est l’un des partenaires du Sicona et du ministère de l’Environnement, avec notamment les parcs naturels, le syndicat intercommunal SIAS ou encore le musée d’Histoire naturelle, qui ont contribué à la publication du guide.

«Beaucoup plus de couleurs»

«Depuis 2016, la loi interdit aux communes de faire usage des pesticides. Si la règle est bien appliquée, il n’est pas toujours évident de changer les habitudes.» Selon Guy Spanier, les communes manquent parfois d’informations. «Elles nous demandent par exemple comment elles peuvent communiquer avec les citoyens lorsque des plantes poussent qui ne leur plaisent pas.»

Au-delà du guide, davantage d’actions et de journées de démonstrations devraient être organisées avec les communes. Ces dernières «ont compris la valeur ajoutée de ces nouvelles méthodes. Par exemple, il y a de nouveau beaucoup plus de couleurs dans le paysage urbain, alors qu’avant, on ne voyait plus que des monochromes de gazon», poursuit Guy Spanier, qui reconnaît que les premières années de changement sont les plus dures, mais il estime que désormais les communes ont atteint une autre étape et ont davantage d’expérience.

Si certains espaces verts sont ensemencés pour implanter des fleurs sauvages, d’autres sont colonisés naturellement par toutes sortes d’espèces. Dans tous les cas, «la nature reprend très, très vite le dessus», assure le président de l’Ëmweltberodung Lëtzebuerg.

Les insectes reviennent

Julie Even, qui est responsable de l’ «action papillons» et travaille main dans la main avec les communes, «accompagne les jardiniers à partir de projets pratiques, et ils peuvent aussi (l)’appeler pour me demander des renseignements». Elle explique que «plus il y a d’espèces différentes de fleurs, plus il y a de nourriture pour les insectes». Au-delà de l’arrêt des pesticides, c’est tout un programme favorable à la biodiversité qui est mis en place, comme éviter les arrosages fréquents ou d’arracher des herbes qui poussent le long des trottoirs. «C’est déjà ce qui se passe autour du Mudam et c’est bien accepté», assure-t-elle.

Ce n’est pas le cas dans toutes les communes, où la pression des habitants –donc des électeurs– peut être forte : «Il faut que les citoyens comprennent que ce n’est pas du laisser-aller, mais que c’est une volonté et un bénéfice pour la biodiversité. Dès que des fleurs sans pesticides sont de retour, on voit arriver les papillons, les abeilles à très court terme.»

Audrey Libiez

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