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[Reportage] Noël de la Stëmm : des moments de joie en cadeau


Ces sourires valent assurément bien plus que n'importe quel cadeau ! (Photos Julien Garroy)

La 23e fête de Noël de la Stëmm vun der Strooss s’est déroulée dans une ambiance chaleureuse. L’occasion pour les démunis d’oublier leur quotidien et de nous faire réfléchir.

La journée de jeudi était placée sous le signe de la solidarité et de la convivialité. En effet, à l’occasion de cette 23e édition de la fête de Noël de l’association Stëmm vun der Strooss, des repas ont été préparés pour 400 personnes que la vie n’a pas gâtées : des sans domicile fixe, des chômeurs de longue durée, d’anciens détenus, des toxicomanes, des jeunes en difficulté, des alcooliques, des malades psychiques, des personnes bénéficiant d’une mesure de réinsertion sociale, des sans-papiers et des demandeurs d’asile.

Le temps d’une journée de fête, ils se sont vu offrir un superbe cadeau de Noël. Tour d’horizon des impressions recueillies au centre culturel de Bonnevoie :

«Sans bénévoles, pas d’organisation possible»

Grand sourire aux lèvres, la très appréciée et sollicitée directrice de la Stëmm, Alexandra Oxacelay, s’est fortement réjouie de cette 23e fête de Noël : «Cette année, pour la première fois, nous avions un Barber Truck qui était garé sur le parvis du centre culturel de Bonnevoie. En effet, Ken Kries et ses collègues ont coiffé gratuitement les personnes défavorisées dans leur camion.» Et cette belle initiative pourrait d’ailleurs bien se renouveler selon la directrice de la Stëmm, qui explique comment cela a pu être mis en place : «J’ai rencontré Ken Kries lors d’un match de foot et je lui ai demandé si on pouvait utiliser le Barber Truck pour des sans-abri. Il m’a répondu qu’il avait toujours voulu s’engager dans cette voie et qu’il avait pour projet de le faire régulièrement. Et voilà, il est venu avec son camion de coiffure ! Peut-être le refera-t-on bien plus régulièrement.»

Toujours au rayon des nouveautés, dix sapins de Noël éparpillés un peu partout avaient été mis en place dans le centre culturel. Et pas n’importe quels sapins, puisqu’ils viennent du «Noël de la rue», nous apprend Alexandra Oxacelay : «Nous essayons de travailler ensemble, parce que les gens qui viennent à notre fête de Noël sont les mêmes qui iront au « Noël de la rue » qui se déroulera le 25 décembre à la halle Victor-Hugo, puis au Fieldgen. Il y aura d’ailleurs des bus spéciaux pour s’y rendre. La période des fêtes de fin d’année est un moment difficile pour les gens qui ne vont pas bien. Il est donc important de faire quelque chose pour ces personnes-là.»

Parmi les autres réjouissances offertes aux bénéficiaires de la Stëmm, 400 bûches ont été offertes par le traîteur de Schnekert et Auchan, 400 sacs à dos et ponchos, des gants et écharpes ont été donnés par Adler Mode et des jouets ont été collectés par Wildgen Partners in Law, la Banque de Luxembourg et l’école fondamentale de Bonnevoie. Par ailleurs, 90 bénévoles ont répondu présents pour les plus démunis : ils venaient de la Banque de Luxembourg, de BGL BNP Paribas ou encore du cabinet d’avocats Allen & Overy qui a aussi offert, cette année, des sacs de couchage. De son côté, Philippe Dondelinger de RTL, a assuré l’encadrement musical et l’animation.

De plus, l’ASBL Kleiderbörse a organisé une grande tombola. Et le père Noël et le père Fouettard de la Fondation Thierry van Werveke étaient là. «Il s’agit d’un moment important de contacts entre personnes défavorisées et personnes qui vont bien. Sans les bénévoles, on ne pourrait pas organiser tout cela !», insiste la directrice de l’association Stëmm vun der Strooss, Alexandra Oxacelay.

«Être là pour les autres»

La Fédération nationale des éclaireurs et éclaireuses du Luxembourg (FNEL) était représentée par sept scouts. L’un d’entre eux, Philippe Berscheid, rappelle que «les scouts sont les plus anciens parmi les bénévoles : ils participent à la fête de Noël de la Stëmm depuis la première édition, depuis 23 ans, donc.» Il ne manque pas d’ajouter que «cela fait toujours plaisir de revenir, d’aider dans la cuisine et dans la préparation des repas, offerts par la Provençale». Philippe Berscheid ajoute : «L’ambiance est bonne. On le voit sur le visage des gens. Ils sont heureux, ils rigolent et parlent entre eux, ce qui est très bien. Je rappelle que les scouts s’impliquent car dans notre devise figure la volonté d’être présent pour les autres, de s’occuper, de s’investir, de donner quelque chose et, en somme, de laisser le monde dans un état un peu meilleur que lorsqu’on l’a trouvé.»

«Les sortir de l’isolement»

La Fondation Jugend- an Drogenhëllef était présente. Son assistante sociale Giselle Lafontaine évoque le «logement supervisé», un dispositif lancé il y a quelques années : «Par le biais de ce projet d’activation sociale, nous proposons aux gens que nous suivons, et qui habitent dans nos logements, des activités valorisantes pour éviter qu’elles restent toute la journée à la maison à ne rien faire.»

La fondation avait un stand de pop-corn et de barbe à papa où «des toxicomanes plus ou moins clean viennent nous donner un coup de main», dit Giselle Lafontaine. «L’idée principale est de faire sortir les gens de l’isolement vu qu’ils sont exclus de la société. Par la même occasion, ils ont une occupation valorisante, jusqu’à présent reliée à l’alimentation, mais nous prévoyons d’autres types d’activités : sorties au cinéma… Pour cette fête de Noël, ce sera le pop-corn, que l’on servira en guise de dessert.»

«Une très belle initiative»

Denis est l’un des bénéficiaires de la Stëmm. Il avait déjà pris part à l’événement il y a de ça quelques années, quand il était à la rue. Il se «retrouve à nouveau dans la même situation à cause de circonstances malheureuses. Mais bon, ça arrive, et ça peut arriver à tout le monde… donc, là, je redécouvre quelques années après. J’en avais gardé de très bons souvenirs : c’est convivial, beaucoup de gens se connaissent. On lie une amitié, en quelque sorte, entre personnes qui vivent dans la rue.» Cette année, Denis indique avoir «la grande chance d’être au Stëmm Caddy», un atelier thérapeutique proposant des mesures de réhabilitation, de réinsertion professionnelle et de prévention. «Je dis aux autres bénéficiaires ce que je leur disais déjà à l’époque : quand on n’est pas dans la situation, on voit la misère, mais on ne la regarde pas. C’est tout bête comme phrase, mais moi-même je faisais comme tout le monde : je voyais, c’est-à-dire que je ne faisais plus attention. C’est une habitude. Et quand vous êtes dans le système, vous vous dites : « mais pourquoi je n’ai pas regardé? Car vous vous sentez touché à ce moment-là.»

Denis ne s’arrête pas à ces tristes considérations et se réjouit de ce moment de joie qu’il vit à la fête de Noël de la Stemm : «Cette fête est très belle initiative, car cela fait du bien de se retrouver, parce qu’on ne se sent plus seul et qu’on prend des nouvelles d’anciennes connaissances, bien qu’on dorme dans la rue, dans les foyers ou dans les chambres au-dessus des bistrots.»

Claude Damiani

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