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Pansexuel, non-binaire, gender fluid : ces jeunes qui brouillent les frontières du genre


Comme l'amour, le genre revêt de multiples formes et couleurs. (illustration AFP)

« Des fois je me sens plus homme, des fois plus femme, et des fois autre » : à 19 ans, Camille se dit « gender fluid ». Comme elle, une part croissante de jeunes brouille les frontières du masculin et du féminin, provoquant parfois rejet et crispations.

Née dans un corps de femme – avec un prénom mixte -, Camille n’explique pas ses genres « fluctuants » : « Au beau milieu d’une phrase, ça peut changer et parfois je peux rester trois mois avec le même genre ». « Contente d’avoir des seins » quand elle se sent femme, elle enfile « de gros pulls » quand elle se sent homme. Au lycée, elle met un nom sur cette identité changeante : « gender fluid ». Elle est rassurée : « Il y a d’autres gens comme moi, ce n’est pas un délire ».

Née fille, Noam, 16 ans, se définit depuis quelques mois comme « non-binaire », « ni strictement homme ni strictement femme », et adopte le pronom « iel » (contraction de il et elle). « Le genre est une construction sociale. C’est bizarre de se dire attiré par un genre ou un autre », juge l’étudiant en prépa. Si sa famille « progressiste » l’accepte, Noam n’a pas fait de coming out à l’école et préfère passer « pour une lesbienne » auprès de ses camarades : « J’ai essayé une fois de parler de non-binarité, mais ils faisaient beaucoup de blagues ».

« S’afficher et se protéger en même temps »

Cette remise en cause des normes de genre et de sexe est « très générationnelle », affirme Arnaud Alessandrin, sociologue spécialiste de ces questions. « Quand on interroge les plus de 25 ans, c’est quelque chose qui n’apparaît pas ». « Les gens sont restés sur le sigle LGBT (lesbiennes, gay, bi, trans), ils n’ont pas conscience qu’il y a autre chose », explique Constance Manlay, jeune femme trans de 23 ans, qui a entamé sa transition « M to F » (masculin à féminin).

Pour les « cisgenres », ceux dont l’identité correspond au sexe de naissance, soit l’immense majorité de la population, cette nouvelle grammaire est parfois difficile à appréhender. D’autant qu’à ces nouvelles identités de genre s’ajoutent de nouvelles identités sexuelles. Ainsi, Constance se définit aussi comme « pansexuelle », c’est-à-dire attirée par une personne, peu importe son genre ou sa sexualité. « Devoir choisir entre homme et femme a-t-il encore un sens ? », s’interroge Alexis Doyen, 20 ans, « pan » également. « T’es homo, t’es bi ? C’est une question qu’on ne devrait plus poser », affirme cet étudiant en sociologie à Angers. Ce questionnement des normes sexuelles traditionnelles traduit-il une libido débridée ? « Absurde » et « vraiment à côté de la plaque », rétorque-t-il.

Les jeunes interrogés trouvent également un réconfort sur les réseaux sociaux, où ils peuvent « s’afficher et se protéger en même temps », dans ces « alcôves de tranquillité », selon l’expression d’Arnaud Alessandrin.

« Réduit à mes organes génitaux »

Mais cette propension à « plier les normes du genre » s’accompagne aussi « de crispations », rappelle l’expert, à l’image de la campagne de haine homophobe dont a été victime Bilal Hassani, chanteur queer sélectionné pour représenter la France à l’Eurovision. Avant lui, l’artiste Chris (ex-Christine and the Queens), la série Orange is the New Black, la BD Appelez-moi Nathan, ou encore l’émission de téléréalité « RuPaul Drag race » ont également contribué à rendre visibles ces nouveaux genres. Cette visibilité peine toutefois encore à infuser certains milieux sociaux et certains territoires, note Arnaud Alessandrin : « Être gender fluid n’est pas réservé aux enfants de cadres, mais c’est une expression d’enfants de cadres ».

« Mes parents restent sur l’idée que je suis une fille. Nous sommes de la classe moyenne rurale, ce n’est pas très étonnant qu’on n’en discute pas », confie Sacha, trans de 23 ans. « Le nombre de fois où on m’a dit que j’étais fou, que je n’existais pas, qu’on m’a réduit à mes organes génitaux », raconte un témoin de 19 ans, « a-genre » et en couple avec une femme trans. Les plus jeunes sont persuadés qu’il ne s’agit pas d’une mode : « Si j’étais née plus tôt, je sais même pas si je me serais rendue compte que je suis bisexuelle. Avant, c’était moins accepté », selon Louna, 15 ans.

LQ/AFP

Pour s’y retrouver :

Entre « cisgenre », « trans » et « queer », les nouvelles définitions du genre sont parfois délicates à décoder. Petit lexique, conçu avec le sociologue Arnaud Alessandrin.

Cisgenre : se dit d’une personne dont l’identité de genre (masculin ou féminin) correspond au sexe avec lequel elle est née. C’est le contraire d’une personne transgenre.
Gender fluid : se dit d’une personne dont le genre oscille entre la masculinité et la féminité.
Non-binaire : se dit d’une personne dont l’identité de genre ne correspond ni aux normes du masculin ni à celles du féminin.
Agenre : sous-catégorie de non-binaire. Se dit d’une personne qui ne s’identifie à aucun genre. Ni homme, ni femme, ni mélange des deux.
Pansexuel : souvent synonyme de « bisexualité » et issu du préfixe grec « pan » (tout), la « pansexualité » renvoie à l’attirance (affective et/ou sexuelle) envers une personne quelles que soient ses caractéristiques de genre, de sexe ou de sexualité.
Queer : à la fois mouvement politique et identification personnelle, le terme « queer » renvoie à la déconstruction des normes, notamment de genre et de sexualité.
Trans : terme générique pour désigner des personnes pour lesquelles l’identité de genre ne correspond pas au sexe assigné à la naissance (on préfèrera le terme transgenre à celui, jugé très stigmatisant, de transsexuel).

20 plusieurs commentaires

  1. Bonjour, excuser mais je voulais savoir. Existe t’il un nom spécifique pour les personnes à la fois trans et biromantic ? Merci beaucoup 🙂

  2. je viens d’apprendre à 40 ans que j’étais dans une case celle de gender fluid et pansexuel. En gros ça veut dire , je suis de tout et tout n’importe quoi, en gros un 50% homme – 50% femme muni d’un pseudo potentiomètre qui fait que d’une heure à l’autre voir même d’une minute à l’autre je suis plus une femme ou plus un homme. Ce qui fait que dans toute ma vie, j’ai jamais été dans une case.
    Et maintenant que je sais ce que je suis ça ne change absolument rien je suis toujours qui je suis fidèle à moi-même.)

    En bref, Je pense en toute sincérité que le conseil que je peux vous donner c’est d’arrêté de vous chercher des cases, vivre heureux. vous voyez une personne avec qui vous êtes bien, soyez avec cette personne, il faut arrêter de fabriquer des cases ça sert juste à vous tourmenter l’esprit et que ça vous bloque. Trouver juste votre âme sœur qu’elle vous accepte quoi que vous êtes et soyez heureux. Si c’est la bonne personne, elle vous acceptera comme vous êtes.

  3. Comment appelle ton les gens qui sont attirés sexuellement par les hommes mais est aussi attirés par les femmes mais pas sexuellement ?

    • Bonjour. Pour donner une idée il y’a le biromantisme le fait d’aimer romantiquement les femmes et hommes ; l’homoromantisme ; le panromantisme c’est quand on peux être amoureux, sentimentalement, peu importe le sexe/genre de la personne. Souvent les gens ont une orientation sexuelle qui va dans le même sens que l’orientation romantique mais pas tout le temps et c’est ok. Perso je suis asexuelle mais biromantique et au niveau du genre gender fluid, parfois je vais me sentir de genre masculin, d’autre fois de genre féminin et d’autres fois sans genre particulier.

  4. Et bien moi je suis lgbtqia2s/2+7=5

  5. Je me sens non-binaire, mais je suis un homme dans un corps de femme, qui aime les femmes dans les corps d’homme.
    Il y a t-il un terme pour me définir ?

    • Tu es translesbienne ou gayfluid

    • Transgenre Hétéro-transsensuel

    • LePhasmeGourmand

      Vous êtes juste vous-même. Arrêtez d’être des moutons et réfléchissez par vous-même. Ou renseignez vous. Le genre n’existe pas, c’est un concept créé par les êtres humains. Arrêtez de vous enfermer dans des cases bordel.

      • si le genre n’existe pas puis je me plaindre de mon éleveur qui m’a vendu un mâle alors que j’ai demandé une chienne ???????MDR arrêtez 5min , on donne des mots pour nous reconnaitre, pour savoir de quoi on parle. donc oui féminin = femme maintenant si tu veux changer change mais pourquoi en faire tout une encyclopédie. petite j’étais « une garçon manqué » et mais parents ne m’ont jamais enfermé dans un stéréotype de fille, j’aimais les joué des garçon ils m’en achetaient point barre. pourquoi maintenant faut tout afficher même ses orientations sexuelles ? on s’en fou en fait! chacun fait ce qu’il veut et c’est tout. on n’a pas besoin de s’afficher pour le respect. le respect doit être appris dés le jeune âge et pas en faisant entré des drag q dans les école mais en apprenant l’amour de soi, le respect de soi ainsi que le respect des autres et du lieu de vie, et la solidarité, le partage……on prend vraiment les problèmes à l’envers ce qui créé encore plus de dualité dans la société!

    • T’es hétéro quoi…

  6. « Cette remise en cause des normes de genre et de sexe est “très générationnelle”, affirme Arnaud Alessandrin, sociologue spécialiste de ces questions. “Quand on interroge les plus de 25 ans, c’est quelque chose qui N’APPARAIT PAS”  »

    Gros « LOL »

    « Les plus jeunes sont persuadés qu’il ne s’agit pas d’une mode »

    Quelle condescendance !
    A l’époque aussi on disait qu’être gay, lesbienne et bi s’était à la mode

  7. Merci de réviser la pronominalisation et les propos avant de poster vos articles partout, merci :))

    • Veuillez svp préciser votre opinion svp… Vous demandez révision mais ne donnez aucune piste ou même article qui pourrait autant éclairer le lecteur (lectrice) qui aimerait en savoir plus. J’aimerais que vous revisiez vôtre commentaire pour le mettre constructif et non seulement critique « sans fondement » merci beaucoup et bonne journée ;)))

    • Pas surd avoir tous compris aux genre ça m’a l ère compliqué

    • Salut ! Juste pour savoir une personne agenre qui aime les femmes on appelle ça comment ?

  8. Dans le cadre d’une enquête sociologique, je souhaite insérer une troisième option de réponse à la question portant sur le genre. Quel terme serait le plus approprié?

    • un simple « autre » suffit parfaitement, ou sinon le terme ombrelle « non-binaire » qui rassemble les autres identités.

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