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Des ONG manifestent devant le groupe Socfin à Luxembourg


La propriété foncière gérée par l'entreprise Socfin équivaut à environ 154 % de la surface du Luxembourg. (photo Louise Donnet))

Devant l’AG du groupe Socfin, mercredi, plusieurs organisations belge, française et luxembourgeoises ont protesté contre les violations des droits des communautés. L’action publique a mis en scène le piétinement des droits des communautés locales et les stratégies d’intimidation à l’égard des journalistes et défenseurs des communautés.

Le groupe agro-industriel Société financière des caoutchoucs (Socfin) gère plus de 185  000 hectares de plantations de palmiers à huile et d’hévéas en Afrique et en Asie du Sud-Est, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Liberia, en Sierra Leone et au Cambodge. Parmi les principaux actionnaires, le Belge Hubert Fabri (54,2  % des parts) et l’homme d’affaires français Vincent Bolloré (38,7  %), un proche de Nicolas Sarkozy. Depuis 1959, le siège de l’entreprise franco-belge se situe à Luxembourg.

Accusée depuis une dizaine d’années de violations des droits des communautés locales, de conditions de travail déplorables, de pollution de l’environnement et de pénalisation des leaders locaux, des associations de la société civile et des journalistes, Socfin a fait l’objet en 2011 d’un rapport sur les conflits fonciers par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).

Celle-ci y appelait le Luxembourg à se doter d’un cadre légal approprié permettant de tenir des entreprises enregistrées au Luxembourg légalement responsables de violations des droits de l’homme commises à l’étranger.

Mercredi, pour la troisième année consécutive, des associations de France, de Belgique et du Luxembourg se sont retrouvées à l’assemblée générale du groupe Socfin dans un hôtel de la rue du X-Septembre à Luxembourg-Merl. Elles entendaient ainsi «dénoncer les pratiques de l’entreprise» , dont les acquisitions foncières à large échelle «privent les petits paysans de leur accès à une ressource fondamentale qui est la terre et qui assure leur subsistance» , comme l’a souligné un porte-parole à l’entrée de l’hôtel.

Avec lui, allongés par terre pour un die-in, s’étaient retrouvés une vingtaine d’activistes, ruban adhésif sur la bouche (en référence aux tentatives d’intimidation) et vêtus de combinaisons blanches portant les empreintes rouges de chaussures pour dénoncer le «piétinement» des droits.

La responsabilité du Luxembourg

Au milieu de poissons morts, rappelant la pollution des eaux et de l’environnement, l’un d’eux a entonné la sonnerie aux morts sur sa trompette. Une banderole rappelait aux actionnaires obligés de franchir les corps  : «Actionnaires, vous pouvez exiger du groupe  : le respect des droits des communautés, de cesser les intimidations envers la société civile».

Jusqu’à présent, «Socfin a fait largement la sourde oreille aux revendications des communautés et des ONG, refusant tout dialogue», notait le porte-parole. Mais la pression exercée sur le groupe par l’Alliance transnationale des riverains, soutenue par l’ONG française ReAct, qui regroupe sur le plan mondial les villageois se sentant lésés par Socfin ne cesse d’augmenter.

Mercredi, les manifestants ont donc une nouvelle fois demandé «aux États d’assurer que l’entreprise respecte les droits des communautés et d’instaurer des cadres de dialogue pour régler les conflits fonciers et sociaux» et implicitement au Luxembourg d’assumer enfin sa responsabilité. Certains activistes ayant choisi, pour mieux se faire entendre, de devenir actionnaires ont d’ailleurs pu participer à l’assemblée générale pour y exprimer leurs revendications.

Frédéric Braun

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