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Étienne Schneider vise la tête de l’Agence spatiale européenne


Étienne Schneider avec le Directeur général de l'ESA, Jan Wörner. (Crédit : Luxembourg space agency)

Selon nos informations, le ministre de l’Économie sortant est en train de se positionner pour devenir le prochain directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le poste se libère en 2021.

Le 23 décembre dernier, Étienne Schneider avait officialisé son intention de démissionner du gouvernement. «Depuis que la discussion d’un départ anticipé est en cours, j’ai réceptionné toute une série de coups de téléphone pour me demander si tel ou tel poste pourrait m’intéresser. J’ai refusé d’engager toute discussion à ce sujet. Mon intention est de procéder d’abord à une coupure 27ette et de n’entamer aucune négociation avant de sortir du gouvernement», soulignait le ministre de l’Économie sortant à ce moment. Il va présenter le 4 février prochain sa démission au Grand-Duc Henri.

Malgré sa confession de «d’abord prendre du recul pour mettre de l’ordre dans (ses) pensées» avant de décider de quoi sera fait son avenir professionnel, Étienne Schneider s’est déjà activé en coulisses.

Selon des informations obtenues par Le Quotidien, l’initiateur du programme luxembourgeois pour l’exploitation des ressources spatiales est en train de se positionner pour devenir le prochain directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA).
Le mandat de l’Allemand Jan Wörner, en poste depuis juillet 2015, va prendre fin à l’été 2021. Initialement élu pour quatre ans, l’ancien président du Centre aérospatial allemand (DLR) s’était vu en septembre 2018 prolonger son mandat de deux ans, soit jusqu’en juillet 2021.

Le Luxembourg s’est fait une place dans l’espace

Ces dernières années, les relations entre le Luxembourg et l’ESA se sont intensifiées. Le Grand-Duché fait partie des 22 États membres de l’Agence spatiale européenne, dont le siège est basé à Paris. Chaque pays membre est représenté au Conseil de l’ESA, l’organe qui valide les lignes directrices du programme spatial européen. Les décisions stratégiques sont prises par les ministres respectifs en charge de l’activité spatiale. Étienne Schneider était donc présent le 28 novembre dernier à Séville lorsque les États membres ont doté l’Agence spatiale européenne d’un nouveau budget record de 14,4 milliards d’euros. L’Allemagne a mis la plus grosse enveloppe (3,3 milliards d’euros), devant la France (2,7 milliards). Le Luxembourg va verser 129 millions d’euros.

En visite le 28 octobre au Centre des astronautes européens de l’ESA, établi à Cologne, le ministre de l’Économie avait annoncé un partenariat stratégique entre la jeune Agence spatiale luxembourgeoise (Luxembourg Space Agency) et l’ESA. Le protocole de coopération pour établir une Centre d’innovation dédié aux ressources spatiales a été signé un mois plus tard par Étienne Schneider et Jan Wörner.

«Notre initiative spatiale est aujourd’hui reconnue sur le plan mondial. On est parvenus à créer des alliances avec de nombreux pays : États-Unis, Chine, Portugal et bien d’autres. Des coopérations avec les grandes agences spatiales telles que la NASA et l’ESA ont aussi été entamées», s’est félicité le ministre de l’Économie sortant le 23 décembre.

Le lancement du programme SpaceResources.lu, ayant jusqu’à présent attiré plus de 50 entreprises actives dans le domaine spatial au Luxembourg, ainsi que la création de la Luxembourg Space Agency, d’ailleurs présidée par Étienne Schneider, devraient plaider en faveur du Luxembourgeois lors de l’élection du prochain directeur général de l’ESA. Le futur retraité politique aura cependant besoin du soutien des autres États membres. Les tractations sont déjà engagées. L’actuel directeur général, Jan Wörner, avait été élu en décembre 2014 à l’unanimité des voix.

Avant de pouvoir officialiser sa candidature, Étienne Schneider devra toutefois encore franchir plusieurs étapes, dont celle du comité d’éthique (lire ci-contre). Si toutes les planètes s’alignent, le ministre sortant aura la responsabilité de 2 200 collaborateurs. Il sera soutenu par des directeurs en charge des différents secteurs d’activité de l’ESA.

David Marques

Quid du comité d’éthique ?

Étienne Schneider est catégorique : «Je vais me tenir au code de déontologie» auquel sont soumis les membres du gouvernement. D’abord pressenti pour intégrer le conseil d’administration d’ArcelorMittal, le ministre de l’Économie sortant avait lié tout engagement après son activité gouvernementale au feu vert du comité d’éthique, chargé de veiller au respect du code de déontologie. Ce dernier stipule que le Premier ministre doit saisir ce comité d’éthique si un ministre «envisage d’exercer, dans les deux ans qui suivent la fin de son mandat, une activité professionnelle privée».
Il reste à savoir comment sera évalué le statut de l’ESA, qui est officiellement une agence intergouvernementale et dont le budget est fixé par les 22 États membres.
Vu que l’initiative spatiale tombe sous la tutelle du ministre de l’Économie sortant, un obstacle pourrait se dresser à l’horizon. En cause : le passage stipulant que «pendant les deux ans qui suivent la cessation de leurs fonctions, les anciens membres du gouvernement s’abstiennent de prendre de l’influence (…) auprès des membres du gouvernement et du personnel de leurs anciens départements».

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