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1972 : quand le « grand Milan » débarquait au Luxembourg…


6 septembre 1972 : échange des fanions entre René Flenghi et Gianni Rivera, emblématique capitaine du Milan AC (Photo : DR).

La dernier fois que le Milan débarquait officiellement au Grand-Duché, c’était 1972. Les Rossoneri affrontaient alors Differdange, au stade d’Oberkorn, dans le cadre de la défunte Coupe des Coupes. Résultat ? Défaite 4-1 pour les locaux. Ce jour-là, le capitaine des Red Boys s’appelait René Flenghi. Il raconte.

René Flenghi parlait italien avec sa grand-mère mais ça ne lui a pas servi à grand-chose, le 6 septembre 1972 : Gianni Rivera, Ballon d’or 1969 et capitaine du Milan AC, n’était pas très causant, au moment d’échanger les fanions sur la pelouse d’Oberkorn, avec 6 000 spectateurs en train d’en prendre plein les mirettes. «Il était sympa, mais on voyait bien qu’il était là pour le boulot.»
Dit comme ça, cela ressemble à un amour déçu, mais non, pas du tout. Il reste à René Flenghi suffisamment de bons souvenirs de cette dernière fois où le Milan AC a mis le pied sur le sol luxembourgeois (et s’est imposé 7-1 sur l’ensemble des deux matches) pour avoir expressément demandé à suivre le match de jeudi dans le cadre de sa fonction d’accompagnateur d’arbitre : «J’ai demandé à voir ça par nostalgie. Ce match contre le F91, c’est très spécial pour moi.»

René Flenghi était le capitaine de Differdange en 1972 (Photo Luis Mangorrinha).

René Flenghi était le capitaine de Differdange en 1972 (Photo Luis Mangorrinha).

« Les affronter, c’était déjà une victoire »
Cet ancien employé de bureau de l’ARBED avait 23 ans quand le tirage au sort a désigné aux Red Boys le futur vainqueur de la Coupe des Coupes 1973. Le Milan AC, quelques mois plus tard, irait en effet crucifier Leeds (1-0) au stade Kaftanzoglio de Thessalonique, après avoir écarté successivement le Legia Varsovie, le Spartak Moscou et le Sparta Prague. Et René Flenghi s’en délecterait, sans doute moins que son père, fan avéré du club rossonero, qui a rallié San Siro en train, tout seul, pour venir supporter son fils dans l’antre et devant 30 000 spectateurs. «C’était le meilleur souvenir, sourit Flenghi. On a longtemps tenu le 1-0 et vers la fin, leurs supporters ont commencé à les siffler. On était bien organisés, ils sont devenus nerveux. Alors que pour moi, rien que le fait de les affronter, c’était déjà une victoire. Après tout, à l’époque, ils étaient bien plus forts comparés à ce qu’ils sont maintenant. Pour nous, c’était tout simplement des dieux du football, mais à notre époque, ils sont bien plus nombreux qu’ils ne l’étaient en 1972.»

Dudelange ? Vivre la rencontre avec des yeux d’enfants

Est-ce comme ça que les joueurs dudelangeois vont vivre ce rendez-vous? Comme une rencontre du troisième type totalement déséquilibrée et qui n’a pas d’autre intérêt que d’être jouée? Sûrement pas. On n’est plus à une époque de soumission résignée. Et même René Flenghi hésite. D’une part cet ancien stoppeur (pour les plus jeunes des lecteurs, c’était le défenseur qui jouait au marquage de l’attaquant pendant que le libéro se frisait les moustaches dix mètres derrière pour récupérer les ballons) pense qu’il faut vivre ce choc avec des yeux d’enfants. «Dans le couloir, j’étais heureux. J’ai envie de dire aux Dudelangeois « prenez ça comme une récompense », profitez-en, réjouissez-vous.» D’autre part, maintenant qu’il est de l’autre côté de la main courante, 46 ans plus tard, il veut se convaincre qu’il y aura peut-être moyen : «Il est difficile de prévoir ce qui va se passer. J’ai vu des matches européens du F91 : ils défendent très bien. Il suffirait qu’ils aient un bon jour et que les Milanais aient un mauvais jour…»

« On m’en parle encore »
À Oberkorn, quand Bizzi Klein avait réduit le score dans les arrêts de jeu (1-4), ç’avait juste été une jolie pirouette. Marquer contre le Milan AC, en 1972, c’était seulement sauver l’honneur, rien de plus. Et pour Bizzi Klein, qui a un jour préféré aller boire un coup avec ses potes plutôt que d’écouter les émissaires de Reims venus lui proposer un contrat, une simple péripétie. Elle est pourtant restée dans les mémoires : «On m’en parle encore, relate en effet Flenghi. Les 6 000 supporters qui étaient venus à Oberkorn ce jour-là, on ne les connaissait peut-être pas, mais après ça, eux nous connaissaient.» Aujourd’hui encore, Fabrizio Bei, le président du FCD03, en parle comme d’un moment incomplet, lui qui n’avait que cinq ans et qui aurait aimé en avoir plus, pour mieux se rappeler…
René Flenghi est persuadé que les gosses dont les parents ont eu des billets pour le Barthel, jeudi, se souviendront de ça, «surtout si le Milan AC va loin dans la compétition». Rien de moins sûr. Le club lombard n’est plus une adresse sûre en termes de titres. Et s’il finit par remporter la C3, c’est alors qu’il aura clairement des vibrations positives liées au Grand-Duché.
En attendant, jeudi soir, René Flenghi, 69 ans, va s’asseoir en tribunes. Il aura sûrement relu les coupures de presse qu’il garde religieusement depuis près d’un demi-siècle. Et il aura passé un coup de téléphone à son neveu, juste pour savoir s’il a conservé le maillot de Karl-Heinz Schnellinger, le latéral allemand de l’époque. «Mais je ne sais pas s’il l’a toujours. Pour lui, à son âge, cela avait beaucoup moins de valeur que pour moi.» Dire qu’il lui avait offert pour aller à l’entraînenement de son club… du Progrès Niederkorn.

Julien Mollereau

Dudelange-Milan AC, Europa League, ce jeudi 21h, au stade Josy-Barthel.
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