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Chris Philipps (FC Metz) : «Je n’ai jamais été parfait»


Philipps, ici entre Cohade et Mollet, va-t-il de nouveau sortir de l'équipe, du côté de Monaco? (photo AFP)

Chris Philipps a des regrets, au moment où tous ses concurrents sont de retour. Malgré des performances globalement très correctes et avec des résultats concrets (10 points sur 15 possibles en Ligue 1 depuis qu’il est titularisé), le récupérateur luxembourgeois du FC Metz se pose bien des questions. Sauf une : aurais-je dû partir cet hiver? Il a déjà la réponse : c’est non.

Mandjeck n’est pas encore apte au service, mais Diagne revient de suspension et Doukouré s’est réinstallé devant la défense. Après un mois de bons et loyaux services, Philipps pourrait retrouver le banc contre Monaco, ce samedi. Alors, justement, que c’est contre les gros morceaux qu’il est le meilleur.

Le Quotidien : On va être obligés de reparler de votre tweet de mercredi soir, dans la foulée du match contre Dijon et des sifflets venus des tribunes qui vous ont visé 

Chris Philipps  : Ce n’était pas une réaction à chaud. J’ai attendu un petit peu et je ne comptais vraiment pas en faire toute une histoire. D’ailleurs, mon but, c’était de m’adresser à certains, pas à tout le monde puisque la plupart des fans sont derrière l’équipe. Mais à partir d’un moment, on ne peut pas ne pas être dérangé par certaines réactions  : être sifflé contre Montpellier parce qu’on joue un ballon vers l’arrière juste avant la pause et alors qu’on mène 2-0 et qu’on gère, c’est quand même très étonnant vu notre situation…

Mais votre tweet est parti après Dijon, alors que c’est vous qui étiez la cible de ces sifflets. Vous aviez mis des gens au courant?

Le vestiaire était au courant, oui. J’en avais discuté avec certains. Beaucoup de joueurs utilisent Twitter. Ils sont du même avis que moi concernant les sifflets parce qu’ils se sentent concernés.

D’ailleurs, vous avez recentré le débat sur l’équipe, et pas sur votre personne, dans ces quelques lignes.

Bah, que les gens m’insultent… On est footballeurs pros, on est exposés, ça fait partie du boulot. Je ne vais pas me plaindre de ça. Mais il faut se rendre compte que cela fragilise les joueurs et qu’on ne peut pas se le permettre. C’est quand même mieux si les joueurs messins sont en confiance, non?

Vous en avez entendu parler de ces échanges sur les réseaux sociaux, lors de cette fin de semaine?

Les dirigeants (il sourit) , ils ne sont pas forcément sur les réseaux sociaux. Les joueurs, eux, m’ont glissé de petits mots. Ils ont apprécié la manière.

Ça vous touche qu’on vous attaque sur vos performances?

Ce n’est jamais facile de passer d’une période où on ne joue pas du tout à une période où on joue tout le temps. Après, je ne suis pas dupe, je suis entré parce qu’il y avait des absences. Et c’est un fait, contre Dijon, en première période, j’ai été mauvais et ça ne me dérange pas de le dire. Je ne vais pas m’en cacher. Mais en deuxième période, j’ai redressé la barre, j’ai tenu un rôle important et cela, personne ne l’a vu.

Le problème d’être un milieu de terrain récupérateur et en plus, avec un style pas spectaculaire?

Le récupérateur, c’est un poste clef d’une équipe. Il a un vrai impact sur le match. Mais ça n’est pas spectaculaire. Or c’est ça que les gens viennent voir, c’est du spectacle. Doukouré et moi, on est des travailleurs de l’ombre. Je sais que les gens aiment ce genre de termes alors je les utilise aussi… Ce qu’on a à faire, c’est rendre les ballons proprement. C’est-à-dire ce que les gens ne voient pas. À part le coach. Des joueurs comme ça, il en faut dans toutes les équipes. Même le Barça a Busquets à qui, attention, je ne me compare aucunement. Et sans lui, ils n’auraient pas autant de Ligues des champions au palmarès.

Cheikh Doukouré, lui, n’a pas eu ces problèmes récemment.

Je n’ai pas un style qui plaît à tout le monde. Le problème reste le même pour les milieux récupérateurs  : quand ça se passe bien, on ne nous voit pas, quand ça se passe mal, on ne voit que nous. La vie est comme ça pour les récupérateurs.

Vous parlez de style peu spectaculaire. N’est-ce pas aussi parce qu’on retrouve moins, ces dernières semaines, ce qui faisait votre force : le jeu de passes vers l’avant, dans lequel vous péchez beaucoup en 2017.

Il y a deux ans, on me disait que j’étais trop tendre et pas assez compact dans les duels. Dans ce domaine, j’ai beaucoup progressé mais paradoxalement, je suis maintenant moins bon dans ce que je sais faire le mieux, la distribution de ballons propres. De ce point de vue-là, je n’ai pas encore de match référence depuis que je suis titularisé. Je n’ai jamais été parfait alors forcément, j’ai des regrets.

Que vous dit Philippe Hinschberger?

J’ai une bonne relation avec lui. Il me demande souvent mon ressenti sur mes matches. Mais il gère une équipe, il n’a pas le temps de parler avec tout le monde ou de distribuer des compliments. De toute façon, je n’en ai pas besoin et je ne recherche pas ça. Le plus beau compliment, c’est d’être encore là à la composition d’équipe du match qui suit.

Contre Monaco, il y a de gros risques de revenir à l’ordinaire…

Si l’on en reste au fait qu’on ne change pas une équipe qui gagne… Mais bon, on peut aussi le voir comme ça  : c’est le troisième match en une semaine.

Ça vous embêterait de sortir du onze de départ?

Oui. Même quand il y a de la fatigue, tu n’as qu’une envie, c’est d’enchaîner. Oui, il y a des matches où tu es moins bien mais la certitude que j’ai, c’est que si je continue à jouer, mes matches vont être de plus en plus costauds. Il y aura plus de contenu.

Un débat, tiens, puisqu’il faut bien trouver des raisons objectives de vous laisser sur le terrain  : vous n’y êtes pas un peu pour quelque chose dans le fait que cette équipe prend beaucoup moins de buts?

L’équipe a surtout retrouvé un état d’esprit. Bon, tous les joueurs qui sont sur le terrain y sont forcément pour quelque chose. Ce serait absurde de dire que j’y suis pour quelque chose, mais c’est un de mes rôles de soulager la défense, alors oui, je dois y être un peu pour quelque chose quand même. Mais ce n’est jamais un seul joueur qui permet ça.

Finalement, si vous n’aviez pas forcé quelques passes compliquées et donc risqué les pertes de balle qui vont avec, vous auriez peut-être plus passé pour le bon petit soldat qui fait les choses simplement mais proprement, non?

Mais je sais qu’en sélection, ça passe! Donc… Et puis on me le demande! Le coach me le demande parce qu’il voit à l’entraînement que je sais faire. Je dois chercher Cohade ou l’attaquant. J’applique les consignes. Peut-être que des fois, je devrais jouer en une touche, simple, et ne pas tant réfléchir. Ça me ferait courir moins de risques devant ma surface.

C’est une vision de l’esprit ou vos prestations les plus abouties de 2017 l’ont été contre les gros morceaux : PSG, Nice, Marseille…?

C’est une réalité que je ne m’explique pas moi-même. Peut-être ce statut d’outsider que je connais bien avec la sélection, alors qu’il y a une grosse pression quand on affronte des concurrents directs…

Quel bilan tirez-vous de ce mois et demi de titularisations, finalement?

Je me pose moins de questions aujourd’hui.

Comme celle de savoir si vous deviez partir cet hiver?

Je ne regrette pas d’être resté. Et puis Metz avait besoin de moi donc j’ai répondu présent. Aujourd’hui, les deux parties sont assez satisfaites. Quand on voit de là d’où je viens… Maintenant, je vais essayer d’avoir un temps de jeu plus régulier jusqu’en fin de saison puis il me restera un an de contrat et on verra bien… Il y a deux ans, Albert Cartier voulait que je joue entre 6 et 10  matches.

Philippe Hinschberger fixera peut-être ça entre 6 et 15  matches. Au moins, maintenant, il sait qu’il peut me mettre sur le terrain sans avoir peur de ce que je vais y faire. En 2016, il ne me connaissait pas. Maintenant, il sait. Peut-être même que je vais enfin pouvoir entrer en jeu! Parce que jusqu’à présent, je n’ai jamais été que titulaire.

Julien Mollereau

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