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Claude Turmes : « Le diesel est condamné, fini »


Claude Turmes rappelle qu'au Luxembourg près de 60morts sont imputées au NO2 des moteurs diesels. (photo Hervé Montaigu)

Un an après l’affaire Volkswagen, qui a levé l’«omerta» sur le diesel, l’eurodéputé vert Claude Turmes dresse un sombre bilan, tout en enjoignant au Luxembourg d’abandonner rapidement son carburant préféré… « Pour moi, c’est clair, le diesel est condamné, fini. »

Une position qui se propage, à mesure que l’affaire Volkswagen se transforme en «Dieselgate». L’ONG Transport et Environnement (T&E) vient de révéler que près de 29 millions de véhicules équipés d’un moteur diesel circulant sur les routes de l’Union européenne émettaient beaucoup plus de gaz polluant que la limite autorisée.

L’eurodéputé exprime son « message de colère par rapport à la plus grande tricherie industrielle jamais commise en Europe» , aux conséquences lourdes, citant en particulier les 60 morts imputées au polluant NO 2 (dioxyde d’azote) au Luxembourg.

« Les constructeurs automobiles savaient, mais ils ont mis les gains économiques au-dessus de la santé. On est en train de sortir d’une omerta et d’une totale hypocrisie » dit-il, fustigeant même la « Carmorra » (référence à la mafia napolitaine, la camorra) qui sévit sur le marché européen.

Les racines du problème sont vieilles : « La « dieselmania » a commencé dans les années 70, à cause du protectionnisme des constructeurs européens qui voulaient freiner l’arrivée des premières voitures japonaises à essence sur notre marché. »

Aujourd’hui, il prédit donc au diesel une mort certaine. Mais ne l’enterre-t-il pas trop vite? Après tout, le progrès a souvent repoussé les limites de l’automobile… « Non. Parce que le problème du diesel n’est pas un problème technique, mais économique. Cela va devenir trop cher de respecter les normes. »

Il cite en exemple l’Adblue. Cette solution aqueuse à base d’urée est reconnue comme la technologie la plus efficace pour éliminer les fameux oxydes d’azote sur les moteurs diesels. « C’est efficace en effet. Mais pas économiquement. Car la technologie coûte cher (un surcoût de près de 500 euros) , et elle nécessite un réservoir, ce qui veut dire qu’il faut libérer de la place dans le coffre ou ailleurs. »

Ajoutez à cela que la technique est contraignante, car il faut refaire le plein d’Adblue à intervalle régulier. « Bref, cela n’a pas de sens de mettre l’Adblue sur les petites voitures diesels, elles vont perdre leur avantage compétitif, et seront forcément remplacées par des véhicules essence, ou de préférence électriques. »

«Rupture» espérée au prochain Autofestival

« Le plus important pour le Luxembourg aujourd’hui est donc de sortir du diesel. » Mais le carburant représente près de 85 % des passages à la pompe, et les trois quarts des véhicules vendus… Et notre pays détient le triste record européen de voitures diesels violant les normes Euro 5 et 6 : c’est le cas de 237 véhicules pour 1 000 habitants au Luxembourg, soit le double qu’en Belgique. « Oui, et il est temps que ça s’arrête. Car c’est avant tout un problème de santé publique. Qui aurait pu être, d’ailleurs, bien plus grave si la ville de Luxembourg n’était pas sur un plateau très exposé au vent. »

« Pour moi, la rupture doit se faire rapidement, au moment de l’Autofestival. En même temps, je suis optimiste, car on sait désormais qu’on peut sortir de cette voie sans issue qu’est le diesel. »

Il vante les efforts du gouvernement, citant les aides fiscales pour favoriser l’électromobilité, ainsi que le fait que « le Luxembourg est en train de créer le réseau de bornes de recharge électrique le plus dense d’Europe. »

Dernière salve sur le sujet : « L’industrie automobile européenne s’est fragilisée toute seule, car elle a misé sur le diesel, et a raté la révolution hybride. Toyota en est à la 4 e génération d’hybride, l’Europe à peine à la première. Même chose pour les batteries, la Chine est loin devant sur ce marché. On a un énorme retard à rattraper! »

Romain Van Dyck

Enquête au Luxembourg

Les membres de la commission d’Enquête du Parlement européen sur le «dieselgate» étaient mercredi au Luxembourg pour rencontrer le directeur de la Société nationale de certification et d’homologation (SNCH) et la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg.

Cette dernière leur a annoncé que le gouvernement avait ordonné le lancement d’un audit sur cette institution en charge, notamment, de la vérification des émissions des voitures. « Je suis très content que le gouvernement fasse cet audit. Cela répond à une exigence de transparence indispensable », a réagi hier Claude Turmes.

Les conclusions de l’audit seront dévoilées le moment venu par le ministre du Développement durable, François Bausch.

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