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Convoyeur de fonds abattu au City Concorde : un ex-comparse charge le prévenu


Le procès se poursuit mardi matin. (Photo : Julien Garroy)

Le 24 juin 1997 lors d’un braquage au City Concorde, un convoyeur de fonds avait été abattu par deux tirs. Depuis mardi, le Français Joël C., identifié grâce à ses traces ADN sur une barbe postiche, comparaît devant la 13e chambre criminelle. Au 4e jour du procès vendredi, l’enquêteur a dévoilé les déclarations faites par un ex-complice du sexagénaire.

À 64 ans, Joël C. a déjà passé la plus grande partie de sa vie derrière les barreaux. Le casier judiciaire du Français renseigne de multiples condamnations. La présidente avait fait le calcul vendredi matin : «67 années de prison au total, sans avoir compté les années de sursis, c’est pas mal. Même si vous avez déjà bénéficié d’un certain nombre de libérations provisoires.»

«La première condamnation remonte au printemps 1975», avait esquissé quelques instants plus tôt l’enquêteur de la police judiciaire section répression du grand banditisme. Jusqu’en 2006, sept autres condamnations – en grande partie des vols à main armée – suivront. «Lorsqu’il est arrêté le 28 octobre 2011, Joël C. avait fait plusieurs années de cavale.» En juillet, il s’était fait griller par un gendarme en achetant un barbecue à Bricomarché. Deux mois avant qu’un militaire ne le reconnaisse à son tour…

Fausses barbes, perruques… et Dordogne

Longtemps Joël C. restera silencieux quant aux faits pour lesquels il est poursuivi au Grand-Duché. Dans le cadre des recherches, l’enquêteur constate qu’en 2001 il a été condamné pour deux vols à main armée sur le Crédit agricole et la Société générale en Dordogne. Ces deux braquages avaient eu lieu seulement quelques mois après celui au City Concorde. Et des objets similaires y avaient été utilisés. «Il y a avait aussi des fausses barbes, moustaches et perruques. Et les auteurs ont ensuite jeté les armes et vêtements dans un bois et dans un ruisseau.» Pour rappel, Joël C. a été identifié grâce à ses traces ADN retrouvées sur une barbe postiche, un pull et un jean après le braquage.

L’un de ses comparses de Dordogne, l’homme avec lequel Joël C. semble avoir travaillé dans une société de cinéma à Paris lors d’une permission de sortie à partir de 1997, avait fait l’objet d’un prélèvement salivaire. Mais aucune correspondance n’a pu être établie avec son profil génétique.

Lors de son audition au printemps 2017, il avait affirmé ne jamais s’être rendu au Luxembourg, à la différence de Joël C. qui y avait des amis. «Lui a fait 18 braquages. C’est un ancien légionnaire. Il fait deux mètres de haut.» Les déclarations qu’il lâchera, par ailleurs, chargent sérieusement Joël C. pour le braquage au City Concorde : «J’ai vaguement compris qu’il était en colère contre quelqu’un. Pour un fait, cela a mal tourné… Il s’est vanté d’avoir couru derrière le convoyeur… Je sais qu’ils se sont barrés et sont retournés à Paris.» L’ancien comparse avait ajouté : «Joël est revenu en France, comme si de rien n’était. J’ai bien vu que son caractère avait changé.»

Le magasin de perruques boulevard de Strasbourg

À la question précise de savoir qui avait abattu le convoyeur, il avait répondu : «Il était fâché contre celui qui a tiré.» Il n’en dira pas plus. D’après l’enquêteur, «il est probable qu’il ait plus d’infos précises sur les auteurs et le déroulement du 24 juin 1997».

Une grande partie de l’enquête s’est attardée à vérifier les déclarations de Joël C. qui disait avoir acheté un certain nombre de perruques pour des «gens du milieu» dans un magasin près du boulevard de Strasbourg à Paris. Entre janvier et juin 1997, il en aurait revendu une dizaine à des personnes. «Il est très douteux que ces déclarations correspondent à la vérité», analyse l’enquêteur. «Si tel avait été le cas, quelqu’un aurait dû reconnaître Joël C. dans un magasin.» Ce laps de temps correspond à celui qu’il avait déjà évoqué dans deux lettres en 2013. Lettres dans lesquelles il demandait à un ami d’attester qu’il avait été engagé comme «régisseur» jusqu’en juillet 1997 et qu’il n’a «jamais manqué une seule journée de travail». «On a l’impression qu’il veut se procurer un alibi pour les six premiers mois de l’année 1997», conclut l’enquêteur.

Le procès se poursuit mardi matin.

Fabienne Armborst

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