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Couverture universelle au Luxembourg : « une question de santé publique »


Médecins du monde prend notamment le relais des oubliés de la santé au Luxembourg. Pas une solution, dit le collectif CSU (Photo : Isabella Finzi).

Environ 1 500 personnes vivent au Luxembourg sans couverture sociale, donc sans accès aux soins de santé de base. Un collectif demande la mise en place d’une couverture santé universelle.

Au Luxembourg, il existe des gens qui ne peuvent pas se soigner et qui, faute de couverture sociale, doivent laisser leurs problèmes de santé s’envenimer avant d’être pris en charge en urgence. Ces gens n’ont pas de travail ou pas de domicile fixe au Grand-Duché. Il peut s’agir de Luxembourgeois ou de demandeurs de protection internationale déboutés et désœuvrés. Soixante pour cent sont d’origine européenne. Ces hommes et ces femmes sont environ 1 500 et un tiers d’entre eux souffre de pathologies chroniques.
«Nous avons rédigé ce plaidoyer dans un souci de santé publique et d’égalité», explique Carole Devaux, présidente du Comité de surveillance du sida, des hépatites virales et des maladies sexuellement transmissibles. Le système de prise en charge des personnes qui n’ont pas de couverture sociale serait trop contraignant : il est basé sur une enquête sociale qui dure trois mois et demande des démarches administratives lourdes. «Il ne permet pas de répondre aux états d’urgence et ni de manière adéquate au traitement de certaines maladies chroniques», poursuit Carole Devaux, notamment des maladies transmissibles, telles que les hépatites A et B ou le sida. Deux cents à 300 consommateurs de drogues n’auraient pas accès aux programmes de prévention de ces dernières ou au traitement contre l’hépatite C.

Sans Médecins du monde, cette frange n’aurait pas de soin

Une centaine de personnes, surtout des femmes, seraient en demande de soins de santé sexuelle et reproductive. Sans Médecins du monde, cette frange de la population n’aurait pas de soins. Reste que l’accès aux traitements du sida et aux hépatites pour ces personnes reste difficile et lent, voire impossible. La santé publique est en jeu, d’autant que nombre de jeunes toxicomanes se prostituent pour acheter leur dose de drogue. Quelque 75 % des toxicomanes auraient été contaminés par le virus de l’hépatite.
Vient s’ajouter la question de la prévention de problèmes de santé graves et l’impossibilité d’une prise en charge stationnaire pour un sevrage, par exemple.
Pour le collectif, cette couverture sanitaire universelle «doit être un droit pour tous», selon Jean-Nico Pierre, directeur de la Jugend- an Drogenhëllef. «Les gens qui n’en bénéficient pas reçoivent des soins d’urgence et une facture qu’ils ne peuvent pas payer. Ces personnes ont peur d’aller chez un médecin et laissent leur santé se dégrader, poursuit-il. Si tout le monde avait droit à cette couverture sanitaire universelle, il y aurait moins d’inégalités sociales.» Ces personnes représentent 0,5 % de la population et dans son rapport de 2017, la CNS annonçait un excédent cumulé de 338 millions d’euros, souligne le collectif.
L’accord de gouvernement fait état de moyens existants pour venir en aide à ces personnes. Pour Jean Bottu, président de Médecins du monde Luxembourg, ces moyens sont «inefficaces, inadaptés et injustes». L’organisation sait de quoi elle parle, puisque c’est elle qui s’occupe de ceux qui n’ont pas accès à une couverture sociale. Comme ses partenaires, Jean Bottu aimerait que le Luxembourg applique les recommandations des Nations unies et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et imite ses voisins français et belges en créant une CSU.

Sophie Kieffer

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