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Éducation : « Vers une pénurie d’enseignants diplômés »


«Après quatre ans d'études, les candidats à la fonction d'instituteur se retrouvent dans des conditions précaires», déplore Patrick Arendt (2e en partant de la gauche). (photo Hervé Montaigu)

Jusqu’ici, il y a toujours eu plus de candidats à la fonction d’instituteur que de postes à pourvoir. Cette année, 80 postes sont restés inoccupés à l’issue du concours d’admission au stage, note le SEW/OGBL.

« Dans l’enseignement fondamental, on se dirige vers une pénurie dramatique d’enseignants diplômés. Jusqu’à présent lors du concours, il y avait toujours plus de jeunes candidats que de postes à pourvoir. Cette année, c’était différent. Il n’y avait pas assez de candidats. Autour de 200 postes étaient à pourvoir. 80 n’ont pas été occupés. »

Mercredi, face à la presse, le président du SEW/OGBL, Patrick Arendt, a jeté un regard sévère sur les conséquences de l’introduction du stage de trois ans. «Après quatre ans d’études, les candidats à la fonction d’instituteur se retrouvent dans des conditions précaires et sous pression. Car jusqu’au bout les stagiaires peuvent être éliminés.» Il poursuit : «À cause de ce stage, certains ont arrêté leurs études, d’autres ont tourné le dos au projet de devenir enseignant en enchaînant avec un master…»

Pour le SEW/OGBL, le problème du recrutement est loin d’être réglé. «Vu le développement actuel, le ministère va être amené à redresser la situation», estime Patrick Arendt. Selon les chiffres non officiels cités par le SEW, seulement 80 jeunes se sont inscrits cette année à l’examen-concours pour intégrer le bachelor en sciences de l’éducation à l’université du Luxembourg. À titre de comparaison, l’an passé ils étaient encore 180.

Un autre problème soulevé par Patrick Arendt est le nombre d’enseignants diplômés qui ne font plus école aujourd’hui. Que ce soit pour réaliser le plan du développement de l’établissement scolaire (PDS) ou s’occuper des enfants en difficulté, sans compter les conseillers pédagogiques qui reçoivent des décharges pour encadrer les stagiaires.

Les chargés de cours comme «amortisseurs»

Avec moins de candidats aux concours, moins d’enseignants diplômés disponibles pour enseigner, le ministère de l’Éducation nationale est donc obligé de recruter des chargés de cours pour assurer l’enseignement. «Autour de 1 000 chargés de cours ont actuellement un contrat fixe dans les écoles, soulève Patrick Arendt. D’un côté on exige une formation de presque sept ans de la part des enseignants, mais de l’autre côté on n’a pas de problème à recourir à des chargés de cours qui ont une formation minimale…»

Le président du SEW/OGBL résume : «Les chargés sont en quelque sorte les travailleurs intérimaires dans l’éducation. Ils font le même travail que les enseignants diplômés, mais gagnent moins et ont moins de droits.» Bref, pour le SEW/OGBL, les chargés de cours sont actuellement employés comme une sorte d’ «amortisseurs» par le ministère. «Si le métier de l’enseignant n’est pas rendu plus attractif, le nombre de chargés de cours va continuer à augmenter les prochaines années», prévient Patrick Arendt.

Le SEW demande également au ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, de faire une politique en faveur de l’école publique. Le syndicat craint que le renforcement de l’autonomie des écoles n’entraîne un esprit de concurrence entre les différents établissements.

«Dans un tel système, une série d’acteurs privés vont s’établir… et façonner de plus en plus le marché éducatif. Des écoles d’élite risquent de naître. Lors du choix de l’école, les parents ne prendront plus en compte la spécialisation, mais l’arrière-plan social des élèves, s’exclame Jules Barthel, le responsable du département Secondaire. Les inégalités sociales dans notre système scolaire vont ainsi s’intensifier, donc c’est le contraire de ce que prône le ministre Meisch.» Il conclut : «Pour le SEW, l’école publique doit continuer à contribuer à l’intégration et à la cohésion sociale. C’est un atout de notre école publique qu’on n’a pas le droit de perdre.»

Fabienne Armborst

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