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L’ouragan Dorian va s’inviter au congrès international des assureurs


L'ouragan Dorian pose de nouveau le problème de la capacité des assureurs et réassureurs à faire face (Photo : AFP).

Jusqu’ici, les réassureurs se réjouissaient d’un premier semestre 2019 relativement clément en événements climatiques extrêmes. Ils ont désormais les yeux braqués sur l’évolution de Dorian, qui a dévasté une partie des Bahamas où il a fait au moins 20 morts.

Affaibli, il s’approchait jeudi de la côte sud-est des Etats-Unis. « On est passé très près du pire », a toutefois estimé Claude Tendil, président du congrès baptisé « Rendez-vous de septembre » qui s’étalera sur cinq jours, lors d’une conférence de presse à Paris. Si l’ouragan s’était dirigé sur la Floride, « ç’aurait été sans doute le plus grand sinistre de l’histoire », affirme-t-il tout en anticipant de possibles inondations à l’origine de dégâts importants.

Mais il est « impossible à ce stade de donner une estimation du coût de cet événement pour l’instant », poursuit-il, « pour l’instant, on attend ». Une chose est sûre, « économiquement cela pèsera lourd pour les Etats-Unis, et aussi à la fois pour les assureurs et les réassureurs, avec des dégâts qui seront importants », décrète le responsable, également administrateur du réassureur français Scor. Ce coût des événements climatiques, de plus en plus fréquents, sera au coeur des négociations annuelles initiées à Monte-Carlo entre les assureurs et de leurs réassureurs, chargés de prendre le relais au-delà d’un certain montant de dégâts.

2017 et 2018 : records de coûts

Les années 2017 et 2018 ont marqué le secteur avec des records de coûts qui ont atteint 350 milliards de dollars en 2017 puis 160 milliards en 2018, selon une étude publiée en janvier par le géant allemand de la réassurance Munich Re. Depuis, les réassureurs ont revu leurs tarifs à la hausse, après un déclin global des prix particulièrement marqué depuis 2013. « Quand des régions, des lignes d’activités, des polices ont été affectées par des événements, le prix l’année suivante a tendance à s’envoler », constatait devant la presse Marc-Philippe Juilliard, directeur chez S&P Global Ratings. Les tarifs des réassureurs ont ainsi bondi au Japon après la survenue des typhons Jebi (10 milliards de dollars de coûts assurés sur 12,5 milliards de dégâts) et Trami (2 milliards de dollars de dégâts assurés). De même aux Etats-Unis avec les feux de forêt meurtriers qui ont dévasté en novembre dernier la Californie, la facture s’élevant au total à 16,5 milliards de dollars pour le secteur sur un montant total de 21,7 milliards de dégâts. Par ricochet, ces hausses tarifaires permettent aux réassureurs de regagner en rentabilité, celle-ci étant affectée ces dernières années par les taux bas, du fait d’une moindre rentabilité de leurs placements financiers. Avec la plongée des taux obligataires, les pourparlers promettent d’être serrés à Monte-Carlo.

« Jusqu’à présent, on avait le sentiment que les taux d’intérêts faibles n’étaient pas pris en compte dans la tarification mais a fortiori si on entre en territoire négatif, il va falloir vraiment revoir à la hausse les tarifs techniques et les taux techniques », a déclaré Bertrand Labilloy, directeur général de la Caisse centrale de Réassurance (CCR), réassureur public français.

Vulnérabilité du secteur

Une exigence motivée par la recherche de rentabilité, particulièrement sous surveillance. Même si le marché de la réassurance, dont 70% est concentré entre les mains de 10 grands groupes, affiche une solvabilité satisfaisante, sa rentabilité « n’atteint pas le niveau d’exigence fixé par les investisseurs », souligne l’agence de notation S&P Global Ratings.

Pour Moody’s, elle « reste vulnérable », les réassureurs ne dégageant « pas la rentabilité suffisante pour leur permettre d’absorber les pertes en cas de sinistralité liée aux catastrophes naturelles supérieure à la moyenne », pointe l’agence de notation dans une note. Pour l’heure, l’alarmisme n’est pas au programme, les perspectives commerciales étant plutôt encourageantes pour les assureurs et réassureurs qui lorgnent tous sur les pays émergents, considérés comme « sous-assurés ». « Au premier semestre 2019, la majorité des événements majeurs sont survenus dans des pays en voie de développement et plus de 60% des dégâts (totaux) n’étaient pas couverts », indique M. Tendil, jugeant « nécessaire à l’équilibre économique de ces pays à forte croissance » d’avoir une couverture assurantielle.

AFP

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