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Salle de consommation de drogues Abrigado: «Est-ce que la société est prête à voir?»


La salle de consommation de l'Abrigado dispose de 14 places : sept pour la consommation par voie intraveineuse (limitée à une durée de 30 minutes) et sept pour la consommation par inhalation (20 min). Les clients doivent présenter leur dose à l'entrée aux collaborateurs qui supervisent le lieu. (photo: Julien Garroy)

Parce que les toxicomanes sont, qu’on le veuille ou non, une réalité de notre société, une structure offre de les aider et de les protéger avec tolérance, respect et acceptation.

Quand on pense au Luxembourg, on visualise le Kirchberg et ses immeubles resplendissants, les banques toutes-puissantes, ou encore les beaux châteaux de la vallée de la Sûre.

Mais le Grand-Duché possède aussi une face moins reluisante, de laquelle on pourrait être tenté de détourner le regard. Pourtant, la réalité de la drogue et sa misère est bien là, à l’angle de la B3 et de la route de Thionville, juste avant d’entrer dans la capitale.

Des dizaines d’êtres amochés par la vie se rendent chaque jour à l’Abrigado prendre leur dose et échanger leurs seringues. «Est-ce que la société est prête à voir cette partie de la société? On a mis un grillage pour cacher la vue, mais ce n’est pas en cachant un problème qu’il disparaît», interpelle Raoul Schaaf, directeur du Comité national de défense sociale (CNDS).

Une salle de shoot mais pas seulement

L’Abrigado est connu pour sa salle de shoot, devenue synecdochique du lieu. Quatorze consommateurs peuvent inhaler ou injecter leur produit dans une pièce de 30 m2. «Je ne veux pas consommer dans la rue, il y a des enfants, de la saleté aussi.

Et ici, s’il m’arrive quelque chose, il y aura quelqu’un», confie Nikki*, 38 ans, venue prendre sa dose hebdomadaire et qui attend, un peu nerveuse, son tour pour pouvoir entrer dans la salle d’injection.

Matériel stérile, supervision de deux collaborateurs qui peuvent aussi orienter vers un suivi médical : la sécurité et le calme sont assurés au maximum. «Sur 5 000 consommations mensuelles, nous n’avons que 1,6 overdose», annonce Patrick Klein, directeur de l’Abrigado.

Mais l’Abrigado ne peut être réduit à la seule salle de consommation ou à l’échange des seringues (400 000 sur un an). Cette structure du CNDS, qui propose des services bas seuil (minimisation des risques), ouvre en effet ses portes la nuit, à partir de 22 h et sur inscription, aux toxicomanes – 35 % de ceux qui se rendent à l’Abrigado sont SDF – et aux sans-abri, les femmes restant prioritaires.

Situé à l’étage du bâtiment, l’asile de nuit compte 42 places, les chambrées, sommaires mais propres, peuvent accueillir six personnes. «Des travaux seront menés pour le rendre accessible d’ici deux mois aux personnes à mobilité réduite», précise Raoul Schaaf.

L’Abrigado, c’est aussi un accueil de jour. Les visiteurs peuvent utiliser les sanitaires, les machines à laver, venir boire un café, se reposer, et obtenir conseils, aide administrative, soins médicaux ou être orientés vers des thérapies ou des médecins.

«Le plus gros travail ici pour l’équipe d’infirmiers consiste en la gestion de plaies, dont nous avons fait une spécialité. Une mauvaise circulation, une infection, des conditions d’hygiène et de repos difficilement respectables dans la rue, en font une vraie problématique pour nos clients», explique Patrick Klein […]

Retrouvez l’intégralité de l’article dans votre Quotidien du jeudi 22 février.

Tatiana Salvan

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