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[Cinéma] « Moka » : la vengeance d’une mère


Emmanuelle Devos a une seule idée en tête : retrouver le conducteur de la voiture qui a renversé son fils.

Second film de Frédéric Mermoud, Moka suit la traque d’une mère dont le fils est mort, percuté par la voiture d’une femme blonde. Un thriller au féminin et du meilleur niveau.

Nathalie Baye et Emmanuelle Devos sont pour la première fois face à face au cinéma, dans un thriller intimiste où une femme cherche de manière obsessionnelle les responsables de la mort de son fils.

Le mari dont elle est séparée le répète, encore et encore : «C’était un accident, Diane! Les policiers disent que l’enquête avance. Il nous faut être patients.» Mais elle ne veut pas attendre. Leur fils adolescent, Luc, a été renversé par une voiture; le conducteur s’est enfui, Luc a succombé à ses blessures. Point de départ de Moka, le nouveau film de Frédéric Mermoud, réalisateur suisse remarqué pour Complices (2010) et quatre épisodes des Revenants.

Quand elle sort de l’hôpital où elle veillait son fils depuis l’accident, Diane appelle une détective. Laquelle va découvrir que la voiture est une Mercedes des années 1970, couleur moka et qu’elle était conduite par une femme blonde… Alors, apprenant que dans la région du lac Léman, il n’y a que quatre propriétaires d’un tel véhicule, la mère se met en tête de les approcher l’un après l’autre – avec une arme que la détective refuse de lui procurer. Ses soupçons vont se porter sur un couple, dont la femme, Marlène, est une esthéticienne aux cheveux blonds peroxydés. Elle décide de faire sa connaissance…

Pour mener à bien son second long métrage, Frédéric Mermoud a dirigé deux comédiennes de talent : Emmanuelle Devos (52 ans, plus de 50 films sur son CV) dans le rôle de la mère vengeresse et Nathalie Baye dans les habits de la conductrice blonde traquée… Toutes deux sont magnifiques, selon le réalisateur qui souhaitait mettre en images un thriller au féminin – ce qu’il a parfaitement réussi.

Emmanuelle Devos, actrice hitchcockienne

À la croisée du portrait de femme et du drame psychologique, le film est en effet porté par ses deux actrices principales, très convaincantes. «Ce sont deux actrices qui en amont sont très réfléchies et qui en même temps, une fois qu’elles jouent, sont très physiques et très instinctives», souligne Frédéric Mermoud.

«Je trouvais qu’elles avaient ça en commun, et en même temps je trouvais qu’elles étaient très contrastées. Emmanuelle est quelqu’un de plutôt lunaire, mystérieuse, nocturne, alors que Nathalie est une actrice qui a une sorte de pulsion de vie, d’énergie qui dévore. J’aimais bien ce contraste d’énergies.» Avec les montagnes et le lac en toile de fond, qui forment une sorte d’arène où se déroule l’action, ce film, adapté d’un roman éponyme de Tatiana de Rosnay, distille une atmosphère angoissante pour raconter cette filature qui va se transformer en duel de femmes. Il faut dire aussi que Frédéric Mermoud connaît l’art du thriller dans ses moindres détails.

«J’ai été marqué par les grands maîtres du genre comme Hitchcock ou encore Polanski», confie-t-il. Ainsi, il n’hésite pas à voir Emmanuelle Devos comme une actrice hitchcockienne – «Elle peut être douce et menaçante à la fois». Cette dernière poursuit :  «Ce n’est pas simple de s’imaginer dans la situation d’une femme qui a perdu son enfant. J’ai ressenti le vertige de la souffrance et compris que sa solution, pour ne pas sombrer, était dans l’action. Elle devait prendre les choses en main.»

Serge Bressan

Moka, de Frédéric Mermoud (France/Suisse, 1 h 30) avec Emmanuelle Devos, Nathalie Baye, David Clavel…

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