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[Expo] Photos « choc » et vérité crue au Cercle Cité


Daniel Berehulak raconte, à travers douze photos triées sur le volet, son séjour aux Philippines – 35 jours sur place et 57 victimes de la répression contre la drogue, menée par la police et les milices locales. (Photo by Daniel Berehulak for The New York Times)

Le Cercle Cité s’associe avec la FEP – Foundation for the Exhibition of Photography – et le New York Times pour raconter le travail des photographes de presse et leur objectif posé sur la violence du monde.

Pour le New York Times, Daniel Berehulak pose, depuis quelques années déjà, son regard aiguisé sur les misères de ce monde. Liberia, Mexique, Pakistan… Rien n’échappe à son appareil et à son professionnalisme, loué par un Pulitzer et la reconnaissance de toute une profession, soucieuse de témoigner de ce qui se passe ailleurs, peut-être pour mieux appréhender notre monde complexe.

Pour cette exposition, intitulée justement «Hard Truths», il raconte, à travers douze photos triées sur le volet, son séjour aux Philippines – 35 jours sur place et 57 victimes de la répression contre la drogue, menée par la police et les milices locales. Charmant décor, sublimé par le talent de l’artiste-journaliste qui, à chaque cliché, plonge le visiteur du Cercle Cité dans un polar. Ces images tant et tant vues dans les séries télévisées ou imaginées sortir d’un livre.

Mais ces corps ensanglantés, gisant sous des néons crus et une pluie incessante, sont bien réels. «Les choses les plus dures peuvent se raconter à travers des couleurs splendides», explique ainsi Arthur Ollman, photographe, président de la FEP et commissaire de cette réunion d’une soixantaine de clichés qui traversent les continents et les pays pour raconter comment ces professionnels de l’image travaillent, se mettent en danger pour immortaliser l’âme de l’humanité, choisissent le moment, le matériel, l’angle, le cadrage…

Entre émotion et information

Une œuvre requérant du courage, du sens artistique et de la persévérance, en équilibre entre émotion et information, entre beauté plastique et regard sociologique. C’est dans ce sens qu’il faut regarder les travaux de Meridith Kohut, plongée au cœur du chaos économique au Venezuela, et ses pénuries de nourriture, de médicaments. Ses morts, également, à la pelle. Idem pour ceux d’Ivor Prickett, suivant les combats civils et militaires, à Mossoul (Irak), ville aux mains de l’État islamique.

Newsha Tavakolian, elle, s’est penchée sur la société iranienne, en pleine incertitude entre sanctions financières pesantes et accord sur le nucléaire en cours de pourparlers. D’attachants portraits, moins «dérangeants» que les précédents, un peu à l’instar des clichés du cinquième photographe invité, Tomas Munita, qui a posé son objectif sur la population cubaine, inquiète ou enthousiaste, c’est selon, de l’avenir post-Castro. Point de «misérabilisme», en somme, même s’il y a un fait contre lequel on ne peut lutter : «Les nouvelles sont difficiles»…

Grégory Cimatti

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