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[Musique] Seed to Tree : «Pop artisanale»


Seed to Tree en début d'année à l'Atelier. Demain, c'est dans la grande salle de la Kulturfabrik que le quintette donne rendez-vous à ses fans.

Cinq ans après un premier EP, deux ans après un premier album et un an après un single, les Grand-Ducaux de Seed to Tree sont de retour dans les bacs avec un second EP, Unconcerned, et un nouveau son. Rencontre.

Il semble loin le folk de leurs débuts! Avec Unconcerned, Georges Goerens, Benjamin Heidrich, Michi Mentgen, Benjamin Renz et Jean-Marc Feltz, alias Seed to Tree, proposent désormais une indie pop électrique, mais gardent un côté très «singer-songwriter» au niveau de l’écriture.

Vous venez de sortir un nouvel EP, Unconcerned. En l’écoutant, on se dit que Seed to Tree a définitivement laissé tomber le folk de ses débuts pour quelque chose de beaucoup plus pop. Quelque chose de bien rythmé, tout en étant sombre.

Georges Goerens : C’est exactement ça. C’est vrai qu’on vient du folk et il y avait une sorte de tendance autour du folk à l’époque, en 2012, et qu’on a sauté dans ce train sans trop se poser de question. Mais après, on a évolué vers une autre direction. Ce sont aussi les autres musiciens du groupe qui ont poussé en ce sens.

Ils voulaient électrifier le tout?

Oui, mais moi aussi. D’ailleurs, je ne joue plus que de la guitare électrique sur les nouvelles chansons. Je pense simplement que mes goûts, nos goûts, ont tout simplement changé.

Les vôtres ou ceux du public?

Les nôtres! Ce n’est pas du tout un choix fait par rapport au public. C’est vraiment nous, dans notre salle de répétition, qui nous sommes simplement dit que c’était ça qu’on voulait faire. D’autant qu’on a changé notre manière de fonctionner : avant, c’était surtout moi qui apportais les chansons, maintenant, chaque morceau est vraiment un travail d’équipe. On commence toujours sur une base de guitare et de chant, mais après, on travaille avec beaucoup d’attention toute la section rythmique. Et puis, on a acheté de nouveaux instruments, comme de petits synthés, qu’on a eu envie d’intégrer dans notre travail. On a donc laissé de côté les cuivres et les violons qu’on avait dans l’album et intégré plus d’éléments électroniques pour avoir un son plus moderne. Mais je ne nous vois pas pour autant comme un groupe pop, je nous situerais quelque part entre le pop et quelque chose de très artisanal.

Et d’où vient ce côté sombre qui se dégage de l’EP?

C’est surtout la chanson Unconcerned qui est assez sombre, c’est vrai. Ça vient de moi. C’est peut-être une « mid-life crisis », que je fais à 24 ans (il rit). Blague à part, c’est peut-être juste la maturité. Les responsabilités. Certaines réflexions sur la société. Bon, mes textes ont toujours eu un côté très réfléchi, existentialiste. On y retrouve plein de réflexion : pourquoi suis-je ici? Quel sens dois-je, puis-je, donner à ma vie dans le monde actuel? De nos jours, on n’a plus la religion qui apportait des réponses, notre société est plus laïque et on doit donc désormais trouver nos réponses tout seuls. J’essaye donc de faire partie de toute cette réflexion.

Il est vrai que les textes de ces nouvelles chansons, qui se trouvent à l’intérieur de la pochette de l’EP, sont très beaux, réfléchis. On pourrait facilement les imaginer lors d’une soirée de poésie…

Merci, ça fait plaisir. C’est vrai que quand on est musicien, on parle souvent de la composition, mais, pour moi, ça a toujours été important de mettre l’accent sur les textes. Et là encore plus que par le passé. Bon, c’est un peu moins vrai pour Berlin Mood qui est le morceau le plus ancien de l’EP, mais pour les trois autres textes, oui, après mes études de philo, après mon retour au Luxembourg, j’ai senti ce besoin de me pencher vraiment sur l’écriture, pas juste pour Seed to Tree, vraiment pour l’ensemble de ce que je fais. J’ai d’ailleurs d’autres projets artistiques en ce sens.

J’ai toujours aimé lire, aimé écrire, je me suis dit qu’il était temps d’être plus ambitieux dans mes textes. Après tout, quand on fait de la musique, ce n’est pas que pour transmettre une atmosphère, c’est aussi qu’on a quelque chose à dire. Et le fait que Bob Dylan ait gagné le Nobel de littérature, ça montre que les chansons ont une qualité littéraire et que ça a un sens de s’investir dans le texte.

Et avec Unconcerned, je m’interroge sur comment on peut donner un sens à la vie quand on vit au Luxembourg et qu’on ne manque de rien. A-t-on le droit de rester « unconcerned » (NDLR : indifférent)? Quelle implication peut avoir la manière que j’ai de consommer ici en Afrique, en Asie ou ailleurs? Ai-je vraiment envie de voir ces liens? Bref, on doit tous donner un sens à notre vie. C’est un peu camusien ou sartrien.

Donner un sens à sa vie, s’inquiéter de l’autre… c’est aussi pour ça que la release party est gratuite pour les réfugiés et demandeurs d’asile?

On connaît plusieurs réfugiés, il y en a un qui nous a même accompagnés lors de certains concerts. Nous voulions juste préciser que cette release n’est pas réservée à une certaine classe, à ceux qui ont de l’argent. Pour nous, tout le monde a le droit de « consommer » des concerts, de la culture. On voulait juste dire, à notre manière, aux réfugiés et demandeurs d’asile : « Vous êtes les bienvenus! »

Vous avez sorti votre premier EP, The Early Years, en 2012, puis l’album Wandering en 2015, et enfin un single l’an dernier. Pourquoi sortir un second EP maintenant au lieu de proposer un autre album?

On voulait, au départ, faire un album, mais on a préféré renoncer et ne pas se remettre autant de pression que lors de Wandering. Mais en même temps, ces chansons étaient prêtes et on voulait les sortir pour faire découvrir notre nouveau son au public. On a donc fini par faire cet EP. L’album est désormais planifié pour 2018.

Entretien avec Pablo Chimienti

Kulturfabrik – Esch-sur-Alzette.
Vendredi à partir de 20 h.

Support : Charlotte Bridge + Epicure.
EP Unconcerned : 10 euros en vinyle,
5 euros en CD.

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