Accueil | Culture | [Photo] – Immersion dans les forêts luxembourgeoises au CNA

[Photo] – Immersion dans les forêts luxembourgeoises au CNA


Intéressé par la lumière de la pleine lune en forêt, Paul Gaffney a sillonné, de nuit, les bois et forêts du Luxembourg, avec lesquels il n'a fait qu'un. (photo Paul Gaffney)

En résidence au CNA, à Dudelange, le photographe irlandais Paul Gaffney, marcheur invétéré, propose une immersion sensible dans le paysage luxembourgeois, en l’occurrence les forêts, qu’il a sillonnées durant une année.

Ayant parcouru, à pied et de nuit, les bois dans lesquels il s’est fondus, de la réserve naturelle au sud du pays«Op der Haard» aux Ardennes au nord, l’artiste irlandais en a tiré des clichés poétiques, lui qui voit la photographie comme un processus lent et méditatif.

Si d’emblée, la forêt n’a rien d’hostile, s’y balader la nuit est une expérience à part entière. Chaque bruit, d’insectes et d’animaux est amplifié, les odeurs mêlées d’humus et de plantes aromatiques sautent au nez, tandis que le regard est privé de tout repère. Autant dire que dans la pénombre des bois, tous les sens sont en alerte!

Paul Gaffney. (photo © Yvette Monahan)

Paul Gaffney. (photo © Yvette Monahan)

Une pratique devenue courante chez Paul Gaffney, jeune photographe qui se laisse perdre sur les sentiers qui quadrillent les forêts autour des villes et villages, pour mieux se fondre dans son environnement immédiat, et mieux l’éprouver.

« Mon travail est animé par cette idée de s’immerger pleinement dans la nature », explique-t-il. Car ce marcheur aguerri voit sa démarche, non pas comme intellectuelle, mais comme « méditative ». « La marche à pied est, par sa nature, tant rythmique que physique et l’allure lente aide à calmer l’esprit, vous permet d’être plus conscient de ce qui vous entoure. Des qualités proches de la méditation .»

Gare au loup dans les parages !

Pour ce faire, et pour être pleinement impliqué dans le paysage, emporté par ses rythmes, il évite le superflu. Quelques kilogrammes de matériel et une sérieuse préparation en amont, tout cela pour une dérive maîtrisée, sans carte, ni lampe de poche, histoire de laisser le hasard et la coïncidence décider de la photographie. « J’aime saisir un moment particulier, une pause. »

C’est ce qu’il a fait au Luxembourg, durant une année. Sa résidence au CNA, entamée début 2015 et permise grâce aux Portfolio Days & Night, était certes moins longue, mais « le climat capricieux » de la région l’a obligé à pousser un peu plus loin son aventure sur les terres grand-ducales, surtout quand le clair de lune est la seule lumière que l’on s’autorise…

En résulte «Perigee», fruit de ses pérégrinations de la réserve naturelle au sud du pays aux Ardennes au nord, sans pour autant nommer les endroits qu’il a « visités ». « Le lieu n’a que peu d’importance. Ce qui est essentiel, c’est justement la déambulation. » Une exposition qui peut alors se diviser en deux parties  : d’une part, le résultat de ces balades en plein jour, documenté avec des polaroïds radiographiques aux airs fantomatiques.

(photo Paul Gaffney)

L’artiste irlandais Paul Gaffney dévoile ses photos comme une immersion sensible et méditative dans les forêts luxembourgeoises. (photo Paul Gaffney)

Ensuite, la version nocturne, sous la lumière de la lune, de certains de ces itinéraires, même si Paul Gaffney reconnaît ne passer que « rarement aux mêmes endroits » et « ne jamais savoir ce qui va se présenter » devant lui. Cette connexion de « l’esprit au corps », chevillée avec cette résolution de ne faire qu’un avec le paysage, le conduit à délaisser l’espace habituellement profond et ouvert du format paysage pour dépeindre des lieux sombres et clos, imprégnés parfois d’un sentiment d’appréhension. Parfois bien réel…

« On m’a envoyé un mail pour me prévenir qu’un loup pourrait être dans les parages. Ça n’était pas très rassurant ( rire) . » Ses photographies témoignent en tout cas de cette disposition fusionnelle avec la nature, prenant en compte le corps sensible en mouvement, loin du regard distancié coutumier.

À noter qu’à l’étage au-dessus, Paul Gaffney présente également, à travers l’activité de neuf rétroprojecteurs, sa série Stray , photographiée dans une dense forêt de pins au sud-est de l’Irlande dans une obscurité presque totale à la fin de l’année 2014. Deux points de vue qui profitent en tout cas du bel écrin du château d’eau, plongé dans le noir, en l’absence de l’exposition «The Bitters Years» (collection Edward Steichen) qui réouvrira cet été.

Grégory Cimatti

Paul Gaffney, exposition « Perigee », Waassertuerm + Pomhouse (Centre national de l’audiovisuel, CNA), 1b, rue du Centenaire – Dudelange. Tel : (+352) 52 24 24 – 1.

Jusqu’au 15 mai.

www.cna.lu  / Lien vers le site de Paul Gaffney.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.