Accueil | Culture | [Théâtre] Hervé Sogne, Gainsbourg dans la peau

[Théâtre] Hervé Sogne, Gainsbourg dans la peau


Le comédien et metteur en scène Hervé Sogne, période Gainsbarre, chemise en jean et lunettes noires. (Photo DR/Sylvain Munch)

Pour les 25 ans de la mort de Serge Gainsbourg, le comédien-acteur Hervé Sogne rend hommage à celui «qu’il a toujours aimé» à travers un spectacle convoquant ses chansons, ses femmes et son esprit schizophrénique.

Gainsbourg, Gainsbarre, faut voir… Hervé Sogne, pourtant à l’origine du projet alors qu’il était «dans le creux de la vague», n’arrive pas à choisir. Comme le chanteur qui avait créé son double maléfique «pour étouffer ses peurs», le comédien avance en équilibre, basculant d’une humeur à une autre, tantôt relax, tantôt animé d’une violence sourde. Il semble tout habité par son personnage, même si l’alcool est rangé aux oubliettes et que la cigarette électronique a remplacé les Gitanes.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : Serge Gainsbourg – dont on célèbre les 25 ans de la disparition cette année – l’a toujours hanté. «Je crois que je l’ai aimé depuis le premier jour», lâche-t-il avec sincérité. Comme pour sa pièce, où il promet un voyage dans le temps à travers les succès, les abus, les femmes et la singularité créative de ce poète maudit, lui aussi rouvre la malle à souvenirs : «C’est mon frère qui m’a fait découvrir Gainsbourg, explique-t-il. Moi, j’écoutais Sardou et Piaf ! Mais il m’a influencé tout doucement.»

Les habitués de La Péniche à Thionville doivent d’ailleurs se souvenir de ce drôle de duo fraternel. «On portait des chemises en jean, et on arrivait bourrés comme des coings ! Quand on arrivait en haut de l’escalier, le DJ balançait Love on the Beat.» Depuis, Hervé Sogne et son frangin, de deux ans son aîné, se sont calmés, même si les «vieux démons» ne sont jamais bien loin. Mais c’est sur ceux du grand Serge qu’il s’est penché. En toute simplicité.

Piano blanc et Henry Chapier

«C’est juste un hommage que je lui rends ici, le plus honnête, le plus vrai et direct possible. Sans vouloir le déformer ni le réinventer. J’essaye, très modestement, de porter ses mots.» Pas n’importe comment, non plus, au vu de la jolie scène dévoilée aux Capucins. Un plateau d’un blanc brillant, reflétant un piano opalin. Comme lorsqu’il imite Henry Chapier dans des accents efféminés, Hervé Sogne rappelle que son postulat de départ, c’est la télévision, notamment celle développée par Maritie et Gilbert Carpentier. «À l’époque, les invités ne venaient pas devant la caméra pour vendre leurs disques, mais pour s’éclater avec leurs potes !» D’où son envie de remonter la trace de Gainsbourg, des années 80 jusqu’à ses débuts.

«Quand on découvre un artiste, parfois, on a envie de revenir en arrière pour en savoir plus.» Gainsbourg, Gainsbarre… partira de Love on the Beat, période noctambule et beuveries, pour s’achever avec Le Poinçonneur des Lilas, époque Gréco, Vian et costards impeccables. «Comme dans Benjamin Button !» Le comédien a également pris le soin d’éviter d’évoquer la mort de l’artiste, en 1991 : «Trop larmoyant.» Non, lui se concentre sur le personnage multiple et complexe qu’était ce «génie».

«J’adore tout chez lui : son inventivité, son côté faussaire, sa pudeur, sa sensibilité, sa générosité. Pour moi, c’est le meilleur, même si quand on veut passer pour un intellectuel, il est de bon ton de citer Brel, Brassens et Ferré.» Sans oublier la «dureté» de son histoire et de celle de sa famille, qui a laissé des traces profondes. «Il avait en lui une cassure qui m’a touché.» Bien sûr, qui dit Gainsbourg dit musique. Hervé Sogne s’est donc «entraîné» à pousser la chansonnette, surtout sous l’impulsion de sa rencontre avec le pianiste Rudi Schubert.

«Quand on arrive devant un piano, on se dit waouh ! Au début, ça flingue, ça déstabilise. Après, on ne peut plus s’en passer.» Sur scène, on aura aussi droit à un saxophoniste, deux danseurs et quatre comédiennes (Xenia Katina, Désirée Ottaviani, Joelle Lahr et Jeanne Serikbayeva). «Je ne pouvais pas imaginer un spectacle sans femmes. Ce sont elles qui lui ont permis de réussir.» En attendant de pouvoir tourner en France et ailleurs – «je l’espère de tout cœur» – avec son spectacle, Hervé Sogne révise ses gammes, fredonnant dès qu’il peut Parce que, sa chanson préférée. Entre deux taffes tirées de son e-cigarette.

Grégory Cimatti

Théâtre des Capucins – Luxembourg.
Vendredi et samedi à 20h. Les 24 et 28 octobre à 20h.
En outre, une représentation est prévue au Kinneksbond (Mamer), le 12 novembre.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.