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War Dogs : le business de la guerre


Jonah Hill et Miles Teller, un duo extrêmement efficace pour ce War Dogs. Photo : dr

Deux copains montent une entreprise de vente d’armes, jusqu’au jour où il faut jouer les chiens de guerre. C’est War Dogs, de Todd Phillips.
Une évidence: jusqu’à ce jour, le réalisateur américain Todd Phillips (45 ans, 23films et séries télé sur son CV) n’a guère brillé par son génie ciné. Lui qui a signé, entre autres, Starsky & Hutch (2004), School for Scoundrels (2006) ou encore les trois volets de la saga The Hangover, fait beaucoup mieux cette année avec War Dogs –long métrage hautement fréquentable choisi pour faire la clôture du 42efestival du Film américain à Deauville.

War Dogs est inspiré d’un article paru dans le magazine Rolling Stone. Un article signé Guy Lawson, rapportant une histoire vraie – celle d’Efraïm Diveroli et David Packouz. Deux Ricains qui, ayant débusqué une faille dans le système fédéral américain, montent un business dans le trafic d’armes alors qu’on est en pleine guerre d’Irak. Mais les deux sont vite dépassés par le succès de leur entreprise, et les problèmes qui vont en découler. Lawson a publié l’histoire en 2011 et, dans la foulée, il y eut le projet d’adaptation pour le cinéma. «L’administration Bush tâchait de favoriser les petites entreprises, se souvient le journaliste, et il n’y avait pas d’entreprise plus petite que celle de nos deux potes, qui glandaient dans un studio de Miami Beach, munis d’une pipe à eau, d’un ordinateur et d’un téléphone portable.»

Un film dynamique et bien rythmé

À l’origine du projet ciné, le producteur Mark Gordon. Il était dans un avion lorsqu’il est tombé sur l’article. Il raconte : «Je n’en croyais pas mes yeux. Il y avait là tous les ingrédients d’un film. Je me suis rendu compte que le public adore les films dont les personnages déjouent le système, même s’ils finissent par en payer le prix fort d’une manière ou d’une autre. Quand on pense que ces deux-là étaient sans doute les mecs les moins susceptibles de mener à bien ce type d’escroquerie, on tient une histoire totalement géniale.»

Donc, mise en images par Todd Phillips, voilà l’histoire de deux copains. Ils ont la vingtaine, vivent à Miami Beach pendant la guerre en Irak, montent une petite entreprise, répondent à un appel d’offres de l’armée américaine. Ça démarre tranquille, puis les dollars pleuvent – Efraïm et David mènent la grande vie. Arrive un contrat de 300 millions de dollars (environ 250 millions d’euros) pour armer les troupes afghanes. Mais pour honorer ce contrat, les deux sont contraints de contacter des types peu fréquentables, dont certains sont membres du gouvernement US!

D’une histoire que certains auraient dramatisée à l’extrême, Todd Phillips a été suffisamment malin pour mettre en images un film dynamique, bien rythmé, empli de drôlerie et d’ironie. War Dogs a des airs de famille avec The Wolf of Wall Street de Martin Scorsese ou encore American Hustle de David O. Russell. Aidé par un duo de comédiens à l’efficacité extrême : Jonah Hill et Miles Teller, Hill en profite pour dévoiler l’envers du décor, pour soulever le voile sur le monde des marchands d’armes. Et confie : «La guerre et le commerce des armes, dans plein de pays, c’est un énorme business. Pour moi, War Dogs, c’est d’abord ça. Il y a eu plein de films sur la guerre, sur les soldats et leur fibre patriotique, mais il n’y a pas eu beaucoup de films qui s’intéressent aux sommes d’argent obscènes qu’un petit groupe peut engranger grâce à la guerre.»

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan

«La vie est fascinante»

Avec joie et sourire, lors d’un point presse, il a raconté War Dogs, le tournage qui a mené toute la troupe de Miami à la Californie du Sud en passant par le Maroc, Las Vegas et même la Roumanie… L’acteur américain Jonah Hill (32 ans) a aussi parlé d’Efraïm, son personnage dans le nouveau film de Todd Phillips : «Là, j’ai poussé jusqu’à la version extralarge de moi-même! Oui, construire Efraïm, ça a été un sacré défi. On l’a travaillé avec le réalisateur, on a discuté de tout : ses cheveux, son bronzage, ses bijoux, son poids… tout devait être « trop ». Mais je ne le sentais pas encore, jusqu’à ce que je pense à son rire!» Dans War Dogs, le personnage a un rire fou, maniaque, «c’est un personnage coloré, charmant, mais aussi manipulateur. Et croyez-moi, des gars avec des défauts, j’en ai joué beaucoup. Mais celui-là, il est vraiment différent». Et Hill, de dire : «La vie est fascinante… C’est un bonheur de pouvoir jouer un personnage comme Efraïm. Sous des dehors de bon vivant, il porte une noirceur très grande, très profondément en lui. Ce n’est pas évident de jouer quelqu’un qui semble si drôle de l’extérieur, mais qui est aussi calculateur à l’intérieur. C’était un formidable défi… pour un formidable personnage!» Jonah Hill, on l’a découvert en 2004 lors de sa première apparition sur grand écran dans I Heart Huckabees de David O. Russell. On le retrouvera, ensuite, dans The 40 Year Old Virgin, Django Unchained, 21 Jump Street (il a même participé au scénario), The Wolf of Wall Street ou encore Moneyball. À ce jour, il a joué dans 47 films et séries télé.

S. B. 

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