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Impression 3D : un champion à Sandweiler


Le coût de cette imprimante 3D additive est de 1,6 million d'euros, un investissement que l'entreprise va amortir en cinq ans. (photo Saturne Technology)

Saturne Technology est une société luxembourgeoise fournissant des pièces pour, entre autres, l’industrie aérospatiale grâce à l’impression additive.

Saturne Technology est présente au Luxembourg depuis presque 17 ans. Actuellement, elle occupe un bâtiment de 950 m² dans la zone industrielle Rolach à Sandweiler.

À première vue, pas l’endroit où l’on imagine qu’une société fabrique des pièces pour des lanceurs spatiaux, des hélicoptères militaires ou des moteurs d’avion. Pourtant, Saturne Technology sort de ce bâtiment plus de 700 000 pièces de très haute précision par an avec seulement une quinzaine d’ingénieurs en métallurgie. «Il faut savoir qu’un moteur d’avion est constitué de 5 000 à 7 000 pièces», souligne Walter Grzymlas, fondateur de la société en 2001 et directeur passionné.

Il y a environ sept ans, Walter Grzymlas se tourne vers l’impression 3D afin de se diversifier. Mais le chef d’entreprise a surtout senti les opportunités de cette technologie qui, à l’époque, n’en était qu’à ses prémices. Plus précisément, vers la fabrication «additive».

Pour schématiser, la société utilise des imprimantes 3D industrielles et la fusion laser pouvant transformer de la poudre métallique, à base de nickel ou encore de titane, pour fabriquer des pièces pour, notamment, l’industrie aéronautique, spatiale, automobile ou encore médicale, par exemple en imprimant des implants en titane.

«À l’époque, nous avons fait le tour des quelques fabricants de ce type de machine, mais aucun ne nous a convaincus à 100%. Puis un fabricant a accepté de nous ouvrir ses machines et nous avons pu, ensemble, apporter des modifications pouvant convenir à nos besoins», explique Walter Grzymlas, qui franchit le pas en 2014 avec l’achat de sa première machine d’impression 3D. «On a pu fabriquer une pièce d’une meilleure qualité en seulement deux opérations, contre quatorze auparavant. En 2003, nous fabriquions environ 200 pièces par mois. Aujourd’hui nous sommes à 7 000 par semaine», précise encore le directeur de Saturne Technology.

En 2015, l’entreprise acquiert une deuxième machine additive.

Dans le top 10 mondial

Très vite, les commandes affluent et les clients commencent à se faire de plus en plus nombreux et prestigieux.

«Quand vous arrivez devant une société comme Safran (NDLR : un grand groupe industriel et technologique français affichant un chiffre d’affaires de 15,8 milliards d’euros en 2016 et présent au niveau international dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace et de la défense) et que vous présentait déjà une pièce de démonstration là où vos concurrents présentent un projet de pièce, ça fait déjà la différence. Notre force se trouve aussi dans notre haut niveau d’exigence lors de notre processus de fabrication. Nous ne prenons aucun risque sur la qualité de nos pièces», dit simplement Walter Grzymlas pour expliquer comment il a acquis la confiance de plusieurs poids lourds industriels.

Autre élément de la réussite, le savoir-faire. «On pourrait croire que c’est la machine qui fait le travail toute seule, mais pour arriver à la qualité de nos pièces, dans un délai et un prix précis, il faut savoir jongler avec les 400 paramètres techniques de la machine et nos programmes informatiques», glisse encore Walter Grzymlas.

Actuellement, dans le monde, on dénombre un peu moins d’une centaine de sociétés proposant des services de fabrication additive et seulement 10% d’entre elles arrivent à produire des pièces «complexes» de haute précision. «Nous en sommes capables, nous faisons partie de ces 10%, donc effectivement on peut affirmer être dans le top 10 sur ce segment», ajoute Walter Grzymlas.

Cette année, avec un taux d’utilisation de 90% de ses deux imprimantes additives, Saturne Technology décide d’investir dans une troisième machine plus performante. Coût de l’investissement : 1,6 million d’euros, soit un peu plus que le prix des deux premières machines. «Nous tablons sur un amortissement de l’investissement sur cinq ans», précise le directeur de la société, qui affiche un chiffre d’affaires autour des 4 millions d’euros et qui connaît une progression de ses parts de marché de l’ordre de 20 à 30% par an.

Jeremy Zabatta

Doubler l’activité d’ici 2020

Selon certaines études, le marché de l’impression additive représentait 5,2 milliards de dollars en 2015.

Après avoir opéré une augmentation de capital de 2 millions d’euros en 2016, Walter Grzymlas ne veut pas s’arrêter là et ambitionne de doubler le périmètre de son activité d’ici à 2020.

«Nous sommes en train de finaliser le projet de construction d’un nouveau bâtiment de 3 000 m² plus 1 000 m² en option, qui devrait être opérationnel début 2019, car nous commençons à être à l’étroit. Nous avons également pour objectif d’acquérir une grosse machine de fabrication additive par an sur les cinq prochaines années et engager une dizaine d’ingénieurs», explique Walter Grzymlas, qui ne cache pas la difficulté de trouver ce type de profil sur le marché.

En parallèle, il est en train de préparer un grand coup pour le prochain salon du Bourget à Paris dont il est un habitué, en partenariat, entre autres, avec le ministère de l’Économie. «Ce n’est qu’un projet pour le moment, mais j’aimerais pouvoir exposer une de nos futurs machines de fabrication additive au sein du pavillon luxembourgeois ou bien au sein du salon», annonce prudemment le directeur de Saturne Technology.

Cette petite entreprise est donc la preuve que derrière un géant comme SES, régulièrement mis en avant pour représenter le secteur aérospatial luxembourgeois à l’international, de petits acteurs arrivent également à devenir des références dans les domaines hautement technologiques.

 

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