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Luxair : François Bausch ne se laissera pas faire par Lufthansa


Le Bombardier Q400 est le type d'avion le plus présent dans la flotte Luxair avec sept appareils sur dix-sept. (Photo : Robert Spirinelli)

Le ministre n’entend pas se laisser faire par Lufthansa dans les négociations sur le rachat des parts allemandes dans le capital de Luxair.

En pleine négociation sur l’avenir des parts de capital de Luxair détenues par Lufthansa, qui veut se désengager pour des raisons de refonte stratégique de son portefeuille, François Baush, le ministre en charge du dossier, est monté au créneau.

Hier matin, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch (déi gréng), s’est exprimé au micro de la radio 100,7 sur l’avenir de l’actionnariat de la compagnie aérienne luxembourgeoise Luxair, après l’annonce faite en juillet dernier par Lufthansa, qui désire se retirer du capital de la compagnie.

Détenue majoritairement par l’État, à hauteur de 39,04 %, Luxair compte trois autres actionnaires : la Banque et Caisse d’épargne de l’État (21,81 %), la Banque internationale à Luxembourg (13,14 %) et Lufthansa Group (13 %).

Entre refonte de portefeuille et pouvoir

La compagnie aérienne allemande a entamé un changement de stratégie concernant les entreprises où elle détient du capital. Voulant privilégier son pouvoir de décision, Lufthansa a décidé de procéder à une refonte de ses participations. Elle a choisi de se concentrer là où elle est majoritaire pour assurer son pouvoir de décision. À l’inverse, la compagnie a jugé bon de se retirer des sociétés où elle a très peu de chances de devenir majoritaire, comme c’est le cas dans le capital de Luxair. Autre point de discorde entre Lufthansa et Luxair, les liaisons Luxembourg-Francfort et Luxembourg-Munich. La première étant, pour Luxair, une simple ligne de connexion vers d’autres destinations, la deuxième étant davantage une ligne rentable pour la compagnie luxembourgeoise, sur laquelle Lufthansa voulait visiblement mettre la main. Résultat, Luxair a annoncé, durant l’été, qu’à partir du 19 décembre prochain, Frankfort ne sera plus desservi par les Bombardier du Findel, laissant ainsi la main à Lufthansa, mais renforçant sa ligne sur Munich, en passant de quatre vols par jour au lieu de trois actuellement.

Trois scénarios

Le départ de Lufthansa de l’actionnariat semble définitif et les discussions avec la compagnie allemande semblent être d’actualité du côté du ministère du Développement durable et des Infrastructures de François Bausch, afin de savoir qui va reprendre les parts détenues par Lufthansa. Le ministre a d’ailleurs laissé entendre, lors de son intervention sur la radio100,7, que «la reprise des parts de la compagnie allemande par l’État était à considérer comme une option», avant de souligner que «cette option était discutée entre les actionnaireset que l’État ne comptait pas se laisser faire», en cas de possibilité de rachat par Lufthansa de la valeur de ses parts. Non cotées en Bourse, les parts de Luxair détenues par la compagnie allemande sont évaluées à un prix compris entre 15 et 20 millions d’euros, mais Lufthansa pourrait négocier un rachat à la hausse.

Ainsi, trois scénarios semblent se dessiner. Le premier consisterait en un rachat des parts allemandes par l’État, via la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI), un établissement bancaire de droit public spécialisé dans le financement à moyen et à long terme des entreprises luxembourgeoises. Le deuxième retenu serait un rachat par un ou plusieurs des autres actionnaires. Mais cela s’avère délicat puisque la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) n’est pas très friande d’organismes bancaires présents dans le capital d’une entreprise industrielle. Le troisième scénario reviendrait à trouver un nouveau partenaire. Solution également difficile à envisager, puisque le secteur de l’aviation grand public, mis à part le low cost, est un secteur qui ne propose pas de larges perspectives financières.

Pour autant, un quatrième scénario pourrait bien prendre forme. En attendant une solution pouvant satisfaire Luxair et ses actionnaires, c’est-à-dire, soit trouver un repreneur viable et ambitieux, soit accroître la participation dans le capital, les actionnaires (l’État, la BCEE, la BIL et Luxair) pourraient élaborer une opération dite de «portage». Cela consiste à racheter les parts de Lufthansa à court terme afin de les revendre par la suite à un futur partenaire. D’autant plus que les actuels actionnaires possèdent un droit de préemption sur les parts dans le cas de leur libération.

Une situation qui, pour le moment, n’est pas très préoccupante, mais si aucune solution n’était trouvée dans les prochains mois, elle pourrait mettre en danger la compagnie aérienne au moment au l’aéroport du Findel connaît une croissance qui l’a fait franchir la barre des deux millions de passagers annuels.

Jeremy Zabatta

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