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Turquie : la purge s’étend aux milieux économiques


Le président turc Recep Tayyip Erdogan (c)rencontre le Conseil suprême militaire et le Premier ministre Binali Yildirim (2e d) le 28 juillet à Ankara. (Photo : AFP)

La purge de l’après-coup d’Etat en Turquie s’est étendue vendredi au monde des affaires, avec la mise en garde à vue de trois industriels de premier plan dans le cadre des enquêtes tentaculaires sur les réseaux du prédicateur Fethullah Gülen.

Le remaniement radical de l’armée turque, après le limogeage de près de la moitié de ses généraux, a été complété par l’annonce de changements au sein du haut commandement, à l’issue d’une réunion du Conseil militaire suprême à Ankara. Le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin, a annoncé tard jeudi que le vice-chef d’Etat major, le général Yasar Guler, allait prendre la tête de la gendarmerie et que le commandant la 1ère armée, le général Umit Dundar, assumerait les fonctions de vice-chef d’Etat-major.

Le chef d’Etat-major, le général Hulusi Akar — pris en otage par les mutins pendant la tentative de putsch du 15 juillet — est confirmé à son poste, de même que les chefs des armées de terre, air et de la marine, a ajouté M. Kalin. Des officiers de rang inférieur ont reçu des promotions rapides pour combler le vide créé par la saignée dans la hiérarchie de l’armée turque, la deuxième la plus importante de l’Otan, qui a vu le limogeage de 149 généraux pour indignité.

Selon un communiqué cité vendredi par l’agence progouvernementale Anadolu, 99 colonels ont été promus au rang de général ou amiral et 47 généraux et amiraux immédiatement mis en retraite. Le haut commandement militaire était reçu en mi-journée vendredi par le président Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel d’Ankara, selon les télévisions. La purge des gulenistes présumés depuis le putsch raté a massivement touché l’armée, les médias, la justice et l’éducation. Le prédicateur septuagénaire Fethullah Gülen a démenti tout rôle dans le coup d’Etat avorté depuis son exil américain.

Sourde aux critiques internationales sur l’ampleur et la «brutalité» de sa riposte, la Turquie a poursuivi vendredi dans le monde de l’entreprise sa chasse aux gulénistes, supposés avoir noyauté tous les secteurs et institutions. Mustafa Boydak, le président du conglomérat familial Boydak Holding company, a été arrêté par les forces de sécurité dans la ville de Kayseri, dans le centre de la Turquie, en même temps que deux dirigeants de son groupe, a annoncé Anadolu.

Ces deux hommes — Sukru Boydak et Halit Boydak — ont été arrêtés à leur domicile. La police était à la recherche de l’ancien président du groupe, Haci Boydak, de même que de Ilyas et Bekir Boydak, pour lesquels des mandats d’arrêt ont également été délivrés.

Médias en première ligne

Le conglomérat Boydak Holding a des intérêts dans l’énergie, la finance, et les meubles où il détient les marques très connues en Turquie d’Istikbal et Bellona. Ces arrestations sont apparemment les premières dans les milieux économiques en Turquie. Mustafa Boydak est également le président de la Chambre de commerce de Kayseri, une ville au développement rapide faisant partie des «Tigres d’Anatolie», ces municipalités ayant prospéré depuis le début du règne de M. Erdogan en 2003.

L’économie en turque repose pour une bonne part sur de gros conglomérats familiaux qui possèdent les plus grandes marques du pays et ont largement contribué à la formidable ascension politique du président Erdogan. Depuis le coup d’Etat, près de 16 000 personnes ont été placées en garde à vue, dont la durée peut être prolongée jusqu’à 30 jours en vertu de l’état d’urgence instauré après le putsch manqué.

Avec l’armée, le monde des médias a également été en première ligne de la reprise en main. Vingt-et-un journalistes en garde à vue comparaissaient vendredi devant un tribunal d’Istanbul, a annoncé Anadolu. Des confrères ont annoncé sur Twitter être rassemblés devant le tribunal pour les soutenir. Parmi eux figure Nazli Ilicak, ancienne députée, qui avait été licenciée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 après avoir critiqué des ministres empêtrés dans un scandale de corruption — orchestré, selon Ankara, par Gülen.

Le Quotidien/AFP

Un commentaire

  1. Erdogan s’en donne à cœur joie !

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