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C’est plus fort que nous

Les opposants au progrès scientifique ont beau être d’obscurs rabat-joie qui, selon la formule consacrée, souhaiteraient nous renvoyer à l’époque de l’éclairage à la bougie, ils ont quand même un argument imparable: la science est un danger public.

Depuis la domestication du feu jusqu’à celle des atomes, difficile de ne pas trouver une science qui ne puisse se retourner contre nous. Pourtant, on continue de «progresser», dans les sciences fondamentales comme dans l’invention d’objets les plus fous. Par exemple, le drone.

Qui refuserait de s’amuser avec ce fabuleux jouet volant? Mais gare aux sales gosses. Mardi, l’administration fédérale de l’aviation américaine (FAA) a ouvert une enquête sur un jeune étudiant en mécanique qui a conçu un drone armé d’un pistolet. «Mon fils est étudiant en mécanique, il construit toutes sortes de choses», rétorque le papa, qui ne comprend pas tout ce battage. Oubliant que son petit génie viole une tripotée de lois, tout en inspirant d’autres sales gosses, vraiment dangereux, eux.

Quelques jours auparavant, la même FAA autorisait une start-up à utiliser un drone pour transporter 4,5 kg de médicaments en pleine campagne, et prouver que les drones «sont capables de délivrer des médicaments en toute sécurité». Une intention louable! Mais le même jour, on apprenait que cinq drones non autorisés, sûrement pilotés par des amateurs d’images-chocs, survolaient des incendies de forêts en Californie, obligeant plusieurs Canadair à atterrir pour éviter une périlleuse collision.

Pour chaque progrès se pose la question de son usage et des risques d’une «science sans conscience». Risques qu’on tente de limiter, à grand renfort de lois ou d’autres progrès. Jusqu’au grain de sable fatal… Mais comme l’a dit Jean Dausset, prix Nobel de médecine, il est inutile de vouloir aller contre cet «énorme élan instinctif à la connaissance» : dès que la science ouvre une porte, on ne peut s’empêcher de s’y engouffrer.

Imaginez que l’on puisse rencontrer le jeune Albert Einstein pour le prévenir que ses travaux pourraient un jour servir à semer le chaos. On imagine bien ce dernier hausser les épaules, sourire et nous tirer la langue…

Romain Van Dyck

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